Pedro Sánchez défend l'amnistie en Catalogne, indispensable à sa reconduction au pouvoir

Le Premier ministre espagnol par intérim Pedro Sanchez s'exprime lors d'un débat parlementaire à la veille du vote pour élire le prochain Premier ministre espagnol, au Congrès des députés à Madrid, le 15 novembre 2023 (Photo de JAVIER SORIANO / AFP).
Le Premier ministre espagnol par intérim Pedro Sanchez s'exprime lors d'un débat parlementaire à la veille du vote pour élire le prochain Premier ministre espagnol, au Congrès des députés à Madrid, le 15 novembre 2023 (Photo de JAVIER SORIANO / AFP).
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Publié le Mercredi 15 novembre 2023

Pedro Sánchez défend l'amnistie en Catalogne, indispensable à sa reconduction au pouvoir

  • Depuis dix jours, des rassemblements quotidiens de l'extrême droite, parfois violents, ont lieu devant le siège du Parti socialiste à Madrid
  • Arrivé en deuxième position derrière son rival conservateur Alberto Núñez Feijóo lors du scrutin du 23 juillet, Pedro Sánchez est assuré d'obtenir la majorité nécessaire à sa reconduction

MADRID: Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a défendu mercredi l'amnistie concédée aux partis indépendantistes catalans en échange de sa reconduction au pouvoir, appelant l'opposition à la "responsabilité" dans un contexte de vives tensions provoquées par ce projet controversé.

"Nous avons préféré les retrouvailles à la vengeance, l'unité à la fracture", a déclaré le chef de file socialiste, au pouvoir depuis 2018, lors de son discours d'investiture devant la Chambre des députés.

La future loi d'amnistie, destinée à tourner la page de la tentative de sécession de la Catalogne en 2017, "va bénéficier à de nombreuses personnes et dirigeants politiques", poursuivis par la justice, "dont je ne partage pas les idées et dont je rejette les actions", a expliqué M. Sánchez.

Mais elle est nécessaire pour "refermer les blessures" ouvertes par cette "crise politique dont personne ne peut être fier", a-t-il poursuivi, en assurant, devant les députés, vouloir garantir "l'unité de l'Espagne par la voie du dialogue et du pardon".

Lors de ce discours d'une heure et quarante-cinq minutes, M. Sánchez a défendu la constitutionnalité de cette mesure, à laquelle il était opposé par le passé, et appelé l'opposition de droite, qui a fait descendre des centaines de milliers de personnes dans la rue dimanche, à la "responsabilité".

"Le problème du Parti populaire" (PP), principale formation de droite, et du parti d'extrême droite "Vox, ce n'est pas l'amnistie" mais le fait "qu'ils n'acceptent pas le résultat" des législatives du mois de juillet, a lancé M. Sánchez, qui se soumettra jeudi à un vote de confiance.

Majorité absolue

Arrivé en deuxième position derrière son rival conservateur Alberto Núñez Feijóo lors du scrutin du 23 juillet, Pedro Sánchez est assuré d'obtenir la majorité nécessaire à sa reconduction.

A la différence du chef du PP, incapable d'accéder au pouvoir faute de soutiens suffisants au Parlement, le dirigeant socialiste, réputé pour sa capacité à survivre politiquement, a en effet réussi à nouer de multiples alliances.

Il a ainsi obtenu le soutien de l'extrême gauche, en échange d'un accord prévoyant une nouvelle hausse du salaire minimum et une réduction de 40 à 37,5 heures de la durée de la semaine de travail, et des partis basques.

Le responsable de 51 ans a aussi et surtout engrangé l'appui des deux grandes formations séparatistes catalanes: Ensemble pour la Catalogne (Junts), de Carles Puigdemont, et Gauche républicaine de Catalogne (ERC).

De quoi s'assurer un total de 179 voix au Parlement, alors que la majorité absolue est fixée à 176.

Mais la mesure d'amnistie - réclamée notamment par Carles Puigdemont, qui a fui en Belgique en 2017 pour échapper aux poursuites judiciaires - a réveillé une profonde fracture au sein de la société espagnole et fait naître des doutes sur la capacité de M. Sánchez à gouverner de façon sereine.

Profonde fracture

Depuis dix jours, des rassemblements quotidiens de l'extrême droite, parfois violents, ont ainsi lieu devant le siège du Parti socialiste à Madrid. Le PP et Vox, qui appelle à la "résistance" face au nouveau gouvernement, ont par ailleurs prévu de multiplier les recours judiciaires contre l'amnistie.

Pedro Sánchez a accepté cette mesure "exclusivement pour (obtenir) les sept voix" des députés de Junts "dont il a besoin", a dénoncé mercredi la numéro deux du PP, Cuca Gamarra. "Ce n'est ni pour l'Espagne, ni au nom du peuple espagnol", a-t-elle insisté, en accusant le Premier ministre d'alimenter la "division".

En raison des tensions entourant son investiture, plus de 1 600 policiers ont été déployés mercredi autour du Parlement, totalement bouclé par les forces de l'ordre. Un dispositif équivalent à celui d'un match de football classé à haut risque.

Le Premier ministre "va rompre l'égalité des Espagnols face à la loi", a dénoncé auprès de l'AFP Jacinto Medina, 50 ans, venu manifester à bonne distance de la Chambre haute, devant une banderole accusant le socialiste de "trahison". Il "est en train de vendre l'Espagne" aux indépendantistes catalans, a abondé, enveloppée dans un drapeau espagnol, Belen Valdez.

S'exprimant sur ces rassemblements, Pedro Sánchez a défendu le droit à manifester, tout en appelant la droite à ne pas "profiter de cette situation pour mettre le feu à la rue".


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.