SAN FRANCISCO: La réunion ne débouchera peut-être sur rien de concret, et ce n'est pas grave: pour Joe Biden et Xi Jinping, l'essentiel mercredi sera d'assurer que la relation sino-américaine, tendue à l'extrême, reste sous contrôle.
Le président américain doit s'entretenir avec son homologue pendant plusieurs heures, à proximité de San Francisco, en Californie, en marge d'un sommet de l'Apec, la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique.
Selon Voice of America, la rencontre, prévue à 18H45 GMT, se déroulera dans un domaine huppé et bucolique, à une quarantaine de kilomètres du fameux pont du Golden Gate.
Juste avant ce tête-à-tête, le second en personne depuis l'élection du démocrate de 80 ans, le ton se voulait conciliant.
Pas de «découplage»
"Nous n'essayons pas de nous découpler de la Chine", a assuré mardi Joe Biden, pour qui l'objectif est d' "être capables de prendre le téléphone et de se parler s'il y a une crise".
"Nous nous opposons à une définition des relations sino-américaines en termes de concurrence", a même dit une porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois.
Les deux dirigeants, qui se connaissent depuis plusieurs années, avaient discuté pendant trois heures en marge d'un sommet du G20, en Indonésie, il y a un an.
La relation a depuis tourné à l'aigre, en particulier avec le survol du territoire américain par un ballon chinois en début d'année.
Joe Biden a irrité Pékin en soulignant en février les "énormes problèmes" que rencontre selon lui la Chine au plan économique.
«Encerclement»
En mars, Xi Jinping a critiqué, avec une virulence rare, une stratégie américaine d'"encerclement" alors que Washington muscle ses alliances en Asie-Pacifique.
La Chine dénonce les sanctions que lui imposent les Etats-Unis dans le domaine technologique, tandis que Washington s'insurge contre les actions "provocatrices" de Pékin en mer de Chine méridionale.
Même la fameuse "diplomatie du panda" a fait les frais du coup de froid: le 8 novembre, les trois pandas géants du zoo de Washington sont repartis pour la Chine, signant la fin d'une pratique animalo-diplomatique débutée en 1972.
Le ton entre Washington et Pékin s'est toutefois suffisamment radouci à l'été pour permettre l'organisation du face-à-face californien.
Israël, Ukraine
Joe Biden "veut s'assurer que nous gérons cette relation bilatérale tellement importante de la manière la plus responsable possible", a dit mardi un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby.
Surtout avant une année 2024 potentiellement tumultueuse, avec une élection présidentielle à Taïwan, et aux Etats-Unis - à laquelle Joe Biden se présente.
Le statut de l'île, dont Pékin revendique la souveraineté, et à laquelle Washington fournit une conséquente assistance militaire, reste un sujet de friction central.
Les Etats-Unis demandent aussi à la Chine de ne pas envenimer les grandes crises internationales, et en particulier la guerre entre Israël et le Hamas, que Joe Biden ne veut surtout pas voir s'étendre.
"Ils ont dans la région des lignes de communication que nous n'avons pas", a dit John Kirby, en référence à la relation entre Pékin et l'Iran.
Pour ce qui concerne l'Ukraine, les Etats-Unis n'escomptent certes pas que la Chine coupe les ponts avec la Russie, mais espèrent au moins qu'elle s'abstienne de lui livrer des armes.
IA et fentanyl
Si les deux parties ont fait en sorte de tempérer les attentes autour de la réunion de jeudi, les analystes spéculent sur quelques annonces.
"Peu importe ce qui arrive d'autre dans la relation, ces liens d'armée à armée doivent rester intacts", avait plaidé lundi le conseiller à la sécurité nationale américain Jake Sullivan.
Joe Biden et Xi Jinping pourraient aussi s'engager à limiter les applications militaires de l'intelligence artificielle, ou encore agir ensemble contre le trafic de fentanyl, un puissant opiacé de synthèse produit massivement en Chine, responsable de dizaines de milliers d'overdoses chaque année aux Etats-Unis.