Ukraine: à Kherson, une jeunesse volée en quête d’évasion

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Publié le Vendredi 10 novembre 2023

Ukraine: à Kherson, une jeunesse volée en quête d’évasion

  • À Kherson, bordée par le fleuve Dniepr devenu la ligne de front, les lieux de loisirs pour les jeunes sont rares
  • Les endroits les plus fréquentés sont les quelques cafés de la rue Iliucha Kulyk, dans le centre

KHERSON: "Mon enfance est perdue!": malgré son visage rond d'adolescente, Anastassia dresse un constat catégorique sur sa vie, avec une rare maturité pour cette Ukrainienne de 14 ans.

"Le Covid et la guerre m'ont volé une jeunesse qui aurait dû être heureuse", dit la jeune fille, suant dans un T-shirt Guns N'Roses trop grand, en jetant un sac de sport sur son dos.

Faute d'école, elle fréquente l'une des dernières salles de musculation de Kherson, seule "échappatoire" aux bombardements russes quotidiens sur cette ville du sud de l'Ukraine. "Ça me distrait de la guerre", explique-t-elle en quittant les lieux, les cheveux encore mouillés.

La salle, autrefois animée, a vu son public évoluer depuis l'invasion de Kherson en mars 2022 par les forces russes, puis sa libération il y a un an par l'armée de Kiev.

Entre haltères et sueur, la poignée de frêles adolescents jurent avec les quadragénaires musculeux et barbus qui soulèvent d'énormes poids.

"Je voudrais être avec des gens de mon âge, ceux que je côtoie sont deux ou trois fois plus âgés que moi", regrette Anastassia, dont de nombreux amis ont quitté la région.

Dehors, les rues sont vides et les cafés principalement fréquentés par des militaires en treillis.

Marquée « à vie »

Dans l'un de ces bars, Anastassia serre dans ses mains son téléphone, sur lequel elle reçoit ses cours et des nouvelles de ses proches.

Elle rêve d'une vie sociale hors ligne. "J'aimerais enfin voir des gens. Quand je suis allée à Mykolaïv pour la journée, j'ai été surprise de voir de la vie", dans cette ville à 60 km au nord-ouest, dit-elle.

Elle tente aussi de s'évader en faisant du théâtre, malgré l'interdiction de se rassembler à cause des menaces de missiles. "On se réunit seulement en petits groupes pour répéter. C'est intéressant de ressentir d'autres émotions, de jouer le rôle d'une autre personne."

La peur durant l'occupation, le stress des bombardements, la joie de la libération, "ce sont des émotions inoubliables" pour Anastassia, qui l'aident à trouver le ton juste pour jouer, mais qui la marqueront "à vie".

"Les jeunes ne sont pas censés savoir ce que ça fait quand des proches meurent", ajoute-t-elle, amère.

A-t-elle grandi trop vite ? "C'est indiscutable", tranche-t-elle. "Avant, je réfléchissais aux tenues que je voulais porter, aujourd'hui je pense à ce qu'il faut faire sous le feu de l'ennemi. J'ai appris à repenser ma vie en général".

Elle espère un avenir sans guerre, pour elle et l'enfant qu'elle aimerait avoir. "Je ne pense pas que l'avenir soit meilleur que celui que j'ai connu il y a quelques années", conclut-elle.

À Kherson, bordée par le fleuve Dniepr devenu la ligne de front, les lieux de loisirs pour les jeunes sont rares. Les endroits les plus fréquentés sont les quelques cafés de la rue Iliucha Kulyk, dans le centre.

Ne pas rester enfermé 

La nuit tombe vite, l'avenue est vide et triste, enveloppée d'un épais brouillard, seulement éclairée par les phares de voitures et les enseignes des rares magasins encore ouverts.

Une tache lumineuse se distingue cependant, la terrasse du café "Ciao Cacao", où travaille Dima, 18 ans, quand il n'est pas chez lui à jouer au jeu vidéo Counter Strike.

Ce soir-là, le jeune homme blond discute avec son groupe d'amis. Ils prennent des selfies, rient, parlent de leurs maisons détruites par les frappes.

"On sort malgré les bombes. On ne veut pas rester enfermés", explique Dima.

Il a décidé d'intégrer l'école de la marine militaire après avoir d'abord songé à quitter le pays. "Partir, c'est moche. C'est une trahison", juge-t-il.

"C'est une guerre politique. Ça me tombera dessus à un moment donné. Je n'ai de toute façon rien d'autre à faire", lâche-t-il.

Ils ont aussi l'impression d'avoir grandi trop vite. "Les adultes disent qu'à 18 ans, on ne sait rien", s'emporte le jeune homme, "mais avec ce qu'il se passe, je pense que j'ai assez d'expérience pour comprendre ce qu'est la vie".

Leur vision du futur est pragmatique. Si Dima se voit sur le front, son ami Anton, 18 ans, ne rêve que d'une chose : "Je veux travailler et gagner de l'argent pour reconstruire ma maison".


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.