La Grande mosquée de Paris dénonce la «libération progressive» d'une parole anti-musulmans

La police française patrouille devant la Grande Mosquée de Paris pendant la prière du vendredi des musulmans à Paris le 13 octobre 2023. (Photo d'illustration/ Dimitar DILKOFF / AFP)
La police française patrouille devant la Grande Mosquée de Paris pendant la prière du vendredi des musulmans à Paris le 13 octobre 2023. (Photo d'illustration/ Dimitar DILKOFF / AFP)
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Publié le Samedi 04 novembre 2023

La Grande mosquée de Paris dénonce la «libération progressive» d'une parole anti-musulmans

  • Le recteur s'inquiète de l'augmentation «des actes et des discours antimusulmans» et dénonce «la libération progressive et inquiétante d’une parole essentialiste, stigmatisante, raciste et haineuse contre les musulmans de France»
  • L'Autorité de régulation de l'audiovisuel et du numérique (Arcom) a été saisie ces derniers jours des déclarations de Arno Klarsfeld ainsi que de celles de l'éditorialiste Pascal Perri évoquant sur la chaîne LCI un «antisémitisme couscous»

PARIS: La Grande mosquée de Paris s'est inquiétée vendredi de la "libération progressive" d'une parole "raciste et haineuse contre les musulmans de France", appelant les pouvoirs publics à combattre ce phénomène "qui aggrave dangereusement les tensions dans notre pays".

"La Grande Mosquée de Paris est extrêmement préoccupée par la forte montée des actes et des discours portant atteinte à des groupes, des personnes et des biens en raison de leurs appartenances religieuses, quelles qu’elles soient, en France", affirme le recteur Chems-eddine Hafiz dans ce communiqué.

Cette recrudescence "met à mal la coexistence religieuse et aggrave dangereusement les tensions dans notre pays, à l’heure du drame insoutenable qui se déroule au Proche-Orient", ajoute le responsable, qui demande aux pouvoirs publics de "prendre toutes les dispositions" pour lutter contre ce phénomène.

Le recteur s'inquiète de l'augmentation "des actes et des discours antimusulmans" et dénonce "la libération progressive et inquiétante d’une parole essentialiste, stigmatisante, raciste et haineuse contre les musulmans de France".

La Grande mosquée s'alarme notamment "des propos scandaleux et répréhensibles" tenus "par certaines personnalités politiques et médiatiques", "dans le but" selon elle "de jeter l’opprobre sur nos concitoyens musulmans et de les exclure de la communauté nationale".

Mercredi déjà, le Conseil français du culte musulman (CFCM) avait dénoncé des propos de l'avocat Arno Klarsfeld visant une "minorité musulmane qui est agissante". "Ce type de déclaration choquante et injustifiable ne peut qu’exposer les musulmans de France à la haine", avait estimé le CFCM.

L'Autorité de régulation de l'audiovisuel et du numérique (Arcom) a été saisie ces derniers jours des déclarations de Arno Klarsfeld ainsi que de celles de l'éditorialiste Pascal Perri évoquant sur la chaîne LCI un "antisémitisme couscous", ce dont il s'est excusé sur X (anciennement Twitter).

Depuis l'attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre, le conflit a fait au moins 1 400 morts côté israélien, en majorité des civils, selon les autorités. Dans la bande de Gaza, plus de 9 000 personnes, dont 3 760 enfants, ont été tuées dans les bombardements israéliens, selon un bilan du Hamas.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.