Le Liban retient son souffle avant un discours du chef du Hezbollah

Le Hezbollah a renforcé depuis la guerre de 2006 son important arsenal militaire, qui comprend notamment des missiles de haute précision, mais s'est gardé pour le moment de les utiliser. (AFP).
Le Hezbollah a renforcé depuis la guerre de 2006 son important arsenal militaire, qui comprend notamment des missiles de haute précision, mais s'est gardé pour le moment de les utiliser. (AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 03 novembre 2023

Le Liban retient son souffle avant un discours du chef du Hezbollah

  • Le Hezbollah a annoncé dès l'attaque sans précédent menée le 7 octobre par le Hamas contre Israël sa solidarité avec son allié palestinien et revendique des tirs réguliers contre les positions militaires israéliennes
  • Les affrontements transfrontaliers étaient restés généralement limités, tant géographiquement que dans le type d'objectifs visés

BEYROUTH: Le chef du Hezbollah prononce vendredi son premier discours depuis le début de la guerre entre le Hamas palestinien et Israël, qui devrait déterminer si sa puissante formation va engager le Liban de plain-pied dans le conflit.

Le Hezbollah a annoncé dès l'attaque sans précédent menée le 7 octobre par le Hamas contre Israël sa solidarité avec son allié palestinien et revendique des tirs réguliers contre les positions militaires israéliennes dans des secteurs frontaliers depuis le sud du Liban.

Les affrontements transfrontaliers étaient restés généralement limités, tant géographiquement que dans le type d'objectifs visés.

Mais jeudi, le Hezbollah a intensifié ses opérations, annonçant avoir attaqué simultanément "19 positions et sites militaires" israéliens, entraînant des frappes de représailles de l'armée israélienne qui ont fait quatre morts dans les rangs du Hezbollah, selon le mouvement chiite.

Depuis le 7 octobre, les violences ont fait 70 morts au Liban, dont 52 combattants du Hezbollah, selon un décompte de l'AFP, et neuf tués côté israélien d'après les autorités.

Le discours de Hassan Nasrallah, prévu à 13H00 GMT à l'occasion d'une cérémonie organisée dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, pour honorer les "martyrs" de la puissante formation pro-iranienne tombés depuis le 7 octobre, est attendu avec appréhension au Liban mais aussi dans la région.

Une guerre destructrice a déjà opposé en 2006 le Hezbollah à Israël. Elle avait ravagé les infrastructures et les routes et fait plus de 1.200 morts côté libanais, en majorité des civils. Côté israélien, 160 personnes avaient été tuées, essentiellement des militaires.

Une nouvelle guerre serait "dévastatrice" pour le Liban, a prévenu le 22 octobre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

L'Iran, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a prévenu que "la région est comme une poudrière" et pourrait devenir "incontrôlable" si Israël ne mettait pas un terme à son offensive à Gaza.

« Coup de grâce »

Le Hezbollah a renforcé depuis la guerre de 2006 son important arsenal militaire, qui comprend notamment des missiles de haute précision, mais s'est gardé pour le moment de les utiliser.

"Chaque partie mesure soigneusement ses actions et ses réactions, afin d'éviter une situation qui pourrait devenir incontrôlable et s'étendre à la région tout entière", estime l'analyste Michael Young, du centre Carnegie pour le Moyen-Orient.

Dans l'attente du discours de Hassan Nasrallah, les Libanais retiennent leur souffle et les avis sont partagés.

"Nous attendons impatiemment le discours (...) et nous souhaitons qu'il proclame la guerre contre l'ennemi israélien et les pays occidentaux qui le soutiennent", affirme Ahed Madi, 43 ans, un habitant d'un village frontalier du sud.

Une nouvelle guerre contre Israël "constituerait le coup de grâce pour le Liban" en plein effondrement économique, craint pour sa part Rabih Awad, 41 ans.

"Je refuse la guerre d'extermination des Palestiniens à Gaza, mais la décision d'aller en guerre doit être du ressort de l'Etat libanais, et non pas d'un parti ou d'une milice", dit-il.

« Ligne rouge »

Selon des analystes, la décision d'entrer en guerre est aux mains de l'Iran, qui a déjà fait parvenir par le biais de ses alliés au sein de "l'axe de la résistance" des messages à Israël et aux Etats-Unis.

Les rebelles Houthis au Yémen ont ainsi revendiqué des attaques de drones et de missiles balistiques contre Israël, alors que des groupes pro-iraniens ont attaqué des bases américaines en Irak et en Syrie.

Mais pour Amal Saad, conférencière à l'Université de Cardiff et experte du Hezbollah, cette formation "n'est pas inféodée à l'Iran, elle est un allié de l'Iran" et "n'a besoin de la permission de personne pour intervenir".

Selon elle, deux facteurs pourraient pousser Hassan Nasrallah à déclarer la guerre.

Si Israël "tente de décapiter le Hamas et d'annihiler le mouvement dans la bande de Gaza, le Hezbollah ne le permettra pas", explique-t-elle.

"De plus, un nettoyage ethnique des Palestiniens de la bande de Gaza, leur transfert dans le Sinaï (égyptien) ou ailleurs, est une ligne rouge pour le Hezbollah", ajoute-t-elle.

Dans un message à l'adresse des formations palestiniennes à Gaza publié mercredi par le Hezbollah, ses combattants affirment avoir "avec vous le doigt sur la gâchette (...) pour soutenir la mosquée Al Aqsa et nos frères opprimés en Palestine".


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Short Url
  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Short Url
  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Short Url
  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.