LA VALETTE, MALTE: Une troisième session de pourparlers soutenus par l'Ukraine pour mettre un terme à l'invasion russe a débuté samedi à Malte avec des représentants de plus de 60 pays, en l'absence de la Russie qui dénonce "un événement profondément antirusse".
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a pris la parole au premier de ces deux jours de discussions à huis clos, visant à obtenir un soutien en faveur de son plan en 10 points pour mettre un terme à la guerre déclenchée par l'invasion russe de février 2022.
Dans un message posté sur les réseaux sociaux, il s'est félicité de la participation de conseillers diplomatiques de 66 pays à la réunion qui intervient après celles de Djeddah et Copenhague cet été. Preuve selon lui que le plan de paix ukrainien "est progressivement devenu global".
"La réunion a confirmé un large intérêt et un soutien croissant pour les éléments clés de la formule de paix ukrainienne", a estimé un représentant de l'Union européenne. Quelque 40 nations avaient pris part au sommet saoudien en août.
Dans le contexte de la guerre entre le Hamas et Israël, la rencontre montre "que la restauration d'une paix juste est importante au-delà de l'Ukraine; il s'agit d'un plaidoyer global pour le respect du droit international", selon la même source européenne.
M. Zelensky pousse son plan de paix en 10 points, qui demande à la Russie de retirer toutes ses troupes hors des frontières internationalement reconnues de l'Ukraine.
Mais la Russie - qui a proclamé l'annexion des quatre régions ukrainiennes de Lougansk, Donetsk, Kherson et Zaporijjia en septembre 2022 et celle de la Crimée en 2014 - a rejeté tout règlement qui impliquerait de céder ces territoires.
"Il est évident que des démarches (comme la réunion de Malte, ndlr) n'ont absolument aucun avenir, elles sont juste contreproductives", avait déclaré jeudi la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, qualifiant cette rencontre d'"évènement profondément partial et antirusse, qui n'a rien à voir avec un règlement pacifique de la crise ukrainienne".
La Chine absente
Les soutiens de Kiev tels que les Etats-Unis, l'UE ou le Royaume-Uni, participent à la rencontre de Malte. La Turquie, qui s'est proposée comme médiateur entre l'Ukraine et la Russie, est également représentée, selon une liste consultée par l'AFP avant l'ouverture de la réunion.
Mais ces discussions, où il est notamment question de l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ont la particularité de voir aussi participer des pays qui se sont gardés de condamner l'invasion russe, comme l'Afrique du Sud et l'Inde. Ou qui ont refusé de se joindre aux nations occidentales pour envoyer des armes à l'Ukraine ou imposer des sanctions à la Russie, comme le Brésil.
La Chine, qui refuse de condamner l'invasion russe, n'a pas envoyé de délégation à Malte, selon le responsable de l'UE, alors qu'elle était représentée à Djeddah.
Les organisateurs espèrent une déclaration conjointe du sommet de Malte, contrairement aux deux réunions précédentes.
Andriï Iermak, le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, a rapporté sur son compte Telegram des discussions "animées", portant notamment sur cinq domaines clés: la sécurité alimentaire, la sécurité énergétique, la sécurité nucléaire, les questions humanitaires et le rétablissement de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
Les discussions de Malte doivent également porter sur la sécurité nucléaire - en particulier celle de la centrale ukrainienne de Zaporijjia - et sur la protection des infrastructures énergétiques du pays.
Les questions de sécurité alimentaire, alors que Moscou entrave les exportations de céréales ukrainiennes, et humanitaires, comme la libération de prisonniers ou le retour d'enfants ukrainiens emmenés en Russie, sont également à l'agenda de la rencontre.
L'Ukraine se prépare à un hiver éprouvant après plus d'un an et demi d'une guerre sanglante et de bombardements russes meurtriers, Kiev anticipant de nouvelles frappes massives sur ses infrastructures énergétiques alors que sa contre-offensive a échoué pour l'instant à percer en profondeur les défenses russes.
La réunion devait avoir lieu dans un pays du Proche-Orient mais a été déplacée à Malte après le déclenchement de la guerre entre le Hamas et Israël, selon un diplomate européen.