LONDRES: Un chirurgien anglo-palestinien basé à Londres qui s'est rendu à Gaza pour soigner des patients dans un hôpital a affirmé que sa famille était harcelée par la police antiterroriste britannique.
Le professeur Ghassan Abou-Sittah, médecin en chirurgie plastique et reconstructive exerçant dans le centre de Londres, s'est rendu à Gaza le 7 octobre, a rapporté mardi The Guardian. Il travaille à l'hôpital Dar al-Shifa, prodiguant des soins aux blessés 24 heures sur 24.
Le chirurgien est apparu à plusieurs reprises dans les médias en direct de Gaza, mettant en évidence le sort des enfants blessés et des médecins piégés au milieu des bombardements et du siège d’Israël sur l’enclave palestinienne.
Il a déclaré à BBC Newsnight que les policiers s’étaient présentés à son domicile à Londres et avaient interrogé sa femme pour savoir pourquoi il s'était rendu dans le territoire palestinien, qui avait payé son billet, et quelle organisation caritative il aidait.
Un porte-parole de la police métropolitaine a déclaré au Guardian: «Le 16 octobre, des policiers ayant reçu un rapport selon lequel un homme prévoyait d’aller dans une zone de guerre se sont rendus à une adresse dans le nord de Londres où ils ont parlé avec l'un des occupants.»
«Après avoir appris que l'homme avait quitté le Royaume-Uni à des fins humanitaires, les agents ont communiqué à l'occupant de la maison les conseils actuels du FCDO», a ajouté le porte-parole, faisant référence au ministère britannique des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement.
Ghassan Abou-Sittah, s’exprimant en direct depuis Gaza, a déclaré à Newsnight: «Je pense que c’est une tentative agressive de nous harceler et de nous faire taire.»
Il a ajouté: «Cette affaire est maintenant entre les mains de mes avocats. Je dois savoir pourquoi quelqu'un a pensé que ce serait une bonne idée de se présenter chez moi et de demander à ma femme dans quelle partie de l'hôpital je me trouve, pourquoi j’y suis allé, qui a payé mon billet, et pour quelle organisation caritative je travaille. Dans ces moments pénibles, ma famille voit que je me trouve au cœur des bombardements qui ont lieu. La savoir harcelée de cette manière est tout simplement étrange.»
Ghassan Abou-Sittah est devenu un porte-parole depuis l'hôpital à Gaza, en première ligne, parlant au monde de la crise humanitaire et des conditions catastrophiques qui y règnent.
«Je reste déterminé à parler au nom de mes patients et au nom des blessés ici, au nom de ces familles qui sont détruites. Il y a cinquante familles qui sont rayées de l’état civil; cela signifie que les grands-parents, les parents et les petits-enfants ont tous étés tués», a-t-il déclaré.
Il a affirmé qu’il était de son «devoir de témoigner du carnage commis contre eux, pour qu’il cesse».
Le chirurgien a promis de rester à Gaza jusqu'à ce qu'il y ait un cessez-le-feu. «Je ne peux pas maintenant tourner le dos à mes patients. Je ne peux pas tourner le dos à mes collègues. Je suis venu ici en sachant que c'était une zone de guerre, et que j’avais un devoir moral en tant que médecin envers mes patients, et que je devais prendre soin d’eux, car ils ne peuvent pas être évacués ni partir partir», a-t-il affirmé lundi lors de l'émission Today de la BBC Radio 4.
Ghassan Abou-Sittah est arrivé à Gaza pour la première fois alors qu'il était étudiant en médecine lors de la première Intifada, à la fin des années 1980, a rapporté The Guardian. Il y est retourné pendant la deuxième Intifada du début des années 2000, et a soigné les blessés lors des conflits entre Israël et Gaza de 2008-09, 2012 et 2014.
Il a travaillé dans diverses zones de combat depuis qu'il a obtenu son diplôme de médecine à Glasgow, notamment en Syrie, au Yémen, en Irak et au Liban.
À Londres, Ghassan Abou-Sittah possède un cabinet près de Harley Street où il traite les déformations du visage et les lésions traumatiques, ainsi que d’autres interventions particulières, notamment des remodelages du visage, des lèvres, des accroissements du menton et des rectifications de «sourire gommeux.
Alors qu’il était en charge du département de chirurgie plastique et reconstructive du centre médical de l’université américaine de Beyrouth (AUB), il a passé 40 % de son temps à soigner des blessés de guerre venant de tout le Moyen-Orient.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com