PÉKIN: La Chine se prépare lundi à accueillir les représentants de quelque 130 pays, dont la Russie, pour le forum des Nouvelles routes de la soie, un événement diplomatique majeur de Pékin mais éclipsé par la guerre entre Israël et le Hamas.
Les Nouvelles routes de la soie, ou initiative "La Ceinture et la Route" selon son appellation officielle, sont un ambitieux projet lancé il y a 10 ans sous l'impulsion du président chinois Xi Jinping.
Il vise à améliorer les liaisons commerciales entre l'Asie, l'Europe, l'Afrique et à financer la construction de ports, de voies ferrées, d'aéroports ou de parcs industriels via des milliards de dollars de prêts chinois.
Ces infrastructures doivent permettre à la Chine d'accéder à davantage de marchés et ouvrir de nouveaux débouchés à ses entreprises.
Le président russe Vladimir Poutine est l'un des invités de ce forum organisé à Pékin mardi et mercredi.
En amont de cette visite, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov est arrivé à lundi Pékin.
Il a été reçu par son homologue chinois Wang Yi, selon une vidéo diffusée par le Kremlin.
Dans une interview accordée à la télévision chinoise, M. Poutine a estimé que les Nouvelles routes de la soie étaient un projet "mutuellement bénéfique" pour la Chine et son pays.
"Le président Poutine a relevé qu'un monde multipolaire est en train de prendre forme et que les concepts et initiatives mis en avant par le président Xi Jinping sont très pertinents et importants", a souligné la chaîne CGTN, diffusée en anglais à l'international.
Lavrov en visite mercredi en Corée du Nord
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, actuellement en visite en Chine, se rendra mercredi en Corée du Nord, a annoncé lundi le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
"Les 18 et 19 octobre, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov va se rendre pour une visite officielle en République démocratique de Corée", à l'invitation de son homologue nord-coréen, indique le communiqué.
Cette visite de M. Lavrov en Corée du Nord intervient un peu plus d'un mois après un déplacement en Russie du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un pour un sommet exceptionnel avec le président russe Vladimir Poutine, sur le cosmodrome de Vostotchny (Extrême-Orient russe).
Les deux dirigeants avaient alors prôné un renforcement des liens bilatéraux, M. Poutine disant notamment voir "des perspectives" de coopération militaire avec Pyongyang, en plein conflit armé entre Kiev et Moscou.
Selon le Kremlin, le président russe a également accepté une invitation de M. Kim à se rendre en Corée du Nord.
Coopération «sans limites»
La Chine et la Russie, deux pays voisins, partagent une volonté commune de contrer ce qu'ils présentent comme l'hégémonie américaine et se sont rapprochés depuis l'intervention russe en Ukraine.
Depuis le déplacement du numéro un chinois au Kremlin en mars dernier et face à l'isolement accru de la Russie, Moscou et Pékin prônent un renforcement de leur coopération économique et militaire dans le cadre d'une amitié officiellement qualifiée de "sans limites".
Ces derniers mois, le président russe a renoncé à assister à plusieurs sommets internationaux hors des frontières de son pays à cause d'un mandat d'arrêt lancé contre lui par la Cour pénale internationale (CPI) pour la "déportation" d'enfants ukrainiens.
Il a néanmoins effectué jeudi un premier voyage à l'étranger depuis l'émission de ce mandat d'arrêt, en se rendant au Kirghizstan, notamment pour une rencontre avec son homologue kirghiz Sadyr Japarov et prendre part à un sommet regroupant des ex-républiques soviétiques.
Sa visite très attendue en Chine est son premier déplacement dans l'une des grandes puissances mondiales depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, que Pékin n'a pas condamnée.
Plusieurs chefs d'Etat sont arrivés à Pékin en amont du forum des Nouvelles routes de la soie, selon l'agence officielle Chine nouvelle, dont le Premier ministre hongrois Viktor Orban, le président du Chili Gabriel Boric, celui du Kenya William Ruto et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed.
«Punir collectivement»
Ce sommet intervient au moment où Israël se prépare à une offensive à Gaza contre le Hamas palestinien, qui fait craindre un embrasement de toute la région.
La diplomatie chinoise, qui a facilité plus tôt cette année le spectaculaire rapprochement entre l'Iran et l'Arabie saoudite, dit régulièrement vouloir apporter sa contribution au processus de paix israélo-palestinien, au point mort depuis 2014.
La guerre entre Israël et le Hamas, qui a fait des milliers de morts dans les deux camps, a été déclenchée après une attaque sanglante et sans précédent lancée le 7 octobre par le Hamas contre le territoire israélien à partir de la bande de Gaza sous contrôle du mouvement islamiste palestinien.
La Chine n'a pas nommé spécifiquement le Hamas dans ses condamnations de la violence, suscitant des critiques de la part de certains responsables occidentaux.
L'action d'Israël à Gaza après l'attaque du Hamas va "au-delà du domaine de l'auto-défense" et le gouvernement israélien doit cesser "de punir collectivement" les Gazaouis, a estimé ce week-end le ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi.