Au Met Museum de New York, l'histoire de Bélizaire, jeune esclave longtemps occulté d'une peinture

La conservatrice Sylvia Yount se tient devant « Bélizaire et les enfants Frey » du peintre français Jacques Amans au Metropolitan Museum of Art de New York le 12 octobre 2023. (AFP)
La conservatrice Sylvia Yount se tient devant « Bélizaire et les enfants Frey » du peintre français Jacques Amans au Metropolitan Museum of Art de New York le 12 octobre 2023. (AFP)
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Publié le Dimanche 15 octobre 2023

Au Met Museum de New York, l'histoire de Bélizaire, jeune esclave longtemps occulté d'une peinture

  • «C'est incroyable, je trouve cette histoire fascinante parce que c'est presque comme si Bélizaire, ce garçon dont on ne connaissait pas le nom, refusait d'être effacé», raconte un collectionneur
  • Il s'agit de «la première représentation naturaliste d'une personne asservie dont on a le nom, dans le sud» des Etats-Unis

NEW YORK: Longtemps, les trois enfants d'un foyer aisé de la Nouvelle-Orléans semblaient les seuls personnages d'une peinture oubliée, attribuée au Français Jacques Amans. L'esclave de la famille, Bélizaire, avait été effacé du tableau, désormais accroché au prestigieux Metropolitan Museum de New York.

Pour le grand musée qui borde Central Park à Manhattan, il s'agit de "la première représentation naturaliste d'une personne asservie dont on a le nom, dans le sud" des Etats-Unis, où l'esclavage a officiellement été aboli en 1865, souligne la conservatrice de l'aile du Met consacrée à l'art américain, Sylvia Yount.

"Nous n'avons pas d'autre oeuvre similaire dans la collection et cela nous permet de raconter beaucoup d'histoires différentes, intéressantes et complexes", ajoute-t-elle à l'AFP, devant la peinture, une huile sur toile de 1837, exposée au public depuis jeudi.

Pourtant, la figure en arrière-plan du jeune domestique, qui se tient droit, les bras croisés et le regard profond, a bien failli disparaître pour toujours de la peinture commandée par le père de la famille, Frederick Frey, un banquier d'origine allemande installé à la Nouvelle-Orléans.

Occulté

Sans qu'on n'en sache l'exacte raison, et probablement au début du 20e siècle, alors que les époux Frey sont décédés et le tableau passé dans les mains d'héritiers, l'adolescent métis est occulté par des repeints.

"La famille n'était peut-être pas fière d'avoir un esclave sur un tableau, parce que cela impliquait de passer pour une famille d'esclavagistes. L'autre hypothèse, c'est qu'ils ne voulaient pas d'un personnage noir à côté de leurs ancêtres blancs", suppose Sylvia Yount.

Le tableau atterrit en 1972 dans les collections du musée d'art de la Nouvelle-Orléans, où il végète plus de 30 ans dans les réserves, avant d'être revendu en 2004. Il faudra attendre 2005 pour qu'il soit restauré, à l'initiative d'un nouveau propriétaire, et que la figure du jeune domestique réapparaisse.

Mais c'est grâce à un collectionneur de Baton Rouge en Louisiane, Jeremy K. Simien, passionné par les représentations des Créoles et des Afro-Créoles dans l'art de sa région que le tableau sort de l'anonymat. Il découvre une première fois l'oeuvre restaurée sur un site d'enchères, puis, en fouillant dans l'historique des ventes, sa version tronquée cédée par le musée de la Nouvelle-Orléans.

"Je pouvais voir l'image à travers, je pouvais voir les contours (...) cela m'a vraiment impressionné", raconte-t-il à l'AFP.

Vendu à 6 ans

Le collectionneur finit par acquérir le tableau en 2021. Il engage une historienne spécialisée, Katy Shannon, qui a fouillé les archives de Louisiane pour découvrir que le jeune domestique peint sur l'oeuvre s'appelle Bélizaire, et qu'il a été vendu à 6 ans en 1828, avec sa mère, à la famille Frey.

Des trois enfants Frey, deux sont morts l'année où le tableau a été peint, et le troisième quelques années plus tard. Bélizaire, le seul survivant du tableau, a lui ensuite été revendu à une plantation de canne à sucre, mais d'après les recherches historiques, il a vécu la fin de l'esclavage.

"C'est incroyable, je trouve cette histoire fascinante parce que c'est presque comme si Bélizaire, ce garçon dont on ne connaissait pas le nom, refusait d'être effacé", raconte Jeremy K. Simien.

"D'une certaine manière, il sert de représentation à une grande partie de l'histoire qui a été effacée ou remplacée. Et je suis très heureux qu'ils aient compris cela au Metropolitan" Museum, qui a acquis le tableau, ajoute-t-il. Les termes de la transaction entre le collectionneur et le musée sont restés confidentiels.

Au Met, l'oeuvre est présentée avec son historique et une photo de sa version sans Bélizaire.

"Il faut que nous racontions ces histoires plus compliquées", assure Sylvia Yount.


La réalisatrice marocaine Asmae El-Moudir rejoint le jury Un Certain Regard à Cannes

Asmae El-Moudir est la réalisatrice du film « La Mère de tous les mensonges » (AFP)
Asmae El-Moudir est la réalisatrice du film « La Mère de tous les mensonges » (AFP)
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  • Le Festival de Cannes a annoncé jeudi que Asmae El-Moudir fera partie du jury Un Certain Regard lors de la 77e édition de l'événement
  • Un Certain Regard met en valeur les films d'art et de découverte d'auteurs émergents

DUBAÏ: Le Festival de Cannes a annoncé jeudi que la réalisatrice, scénariste et productrice marocaine Asmae El-Moudir fera partie du jury Un Certain Regard lors de la 77e édition de l'événement, qui se tiendra du 14 au 25 mai.

Elle sera accompagnée de la scénariste et réalisatrice sénégalaise Maïmouna Doucouré, de l'actrice luxembourgeoise Vicky Krieps et du critique de cinéma, réalisateur et écrivain américain Todd McCarthy.

Xavier Dolan sera le président du jury Un Certain Regard.

L'équipe supervisera l'attribution des prix de la section Un Certain Regard, qui met en valeur les films d'art et de découverte d'auteurs émergents, à partir d'une sélection de 18 œuvres, dont huit premiers films.

Asmae El-Moudir est la réalisatrice du film « La Mère de tous les mensonges », acclamé par la critique.

Le film a remporté les honneurs de la section Un Certain Regard, ainsi que le prestigieux prix L'œil d'Or du meilleur documentaire au festival de 2023. Le film explore le parcours personnel de la réalisatrice, élucidant les mystères de l'histoire de sa famille avec pour toile de fond les émeutes du pain de 1981 à Casablanca.

Asmae El-Moudir n'est pas la seule Arabe à rejoindre l'équipe de Cannes. 

L'actrice maroco-belge Lubna Azabal a été nommée cette semaine présidente du jury des courts-métrages et de La Cinef lors du festival. Les prix La Cinef sont la sélection du festival dédiée aux écoles de cinéma.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Le plus grand projet de restauration corallienne au monde dévoilé en mer Rouge

La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
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  • «KCRI est le plus grand projet de restauration corallienne du monde et constitue une étape importante vers la restauration des récifs à l’échelle mondiale»
  • «Les événements récents nous rappellent brutalement la crise mondiale à laquelle sont confrontés les récifs coralliens»

RIYAD: Des scientifiques de l’université des sciences et technologies du roi Abdallah (Kaust), en collaboration avec Neom, ont inauguré la première pépinière de l’Initiative de restauration corallienne de la Kaust (KCRI).

«KCRI est le plus grand projet de restauration corallienne du monde et constitue une étape importante vers la restauration des récifs à l’échelle mondiale. Une première pépinière est officiellement opérationnelle et une seconde est en cours de construction. Elles sont toutes deux situées en mer Rouge», indique un communiqué publié jeudi.

La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an.

Les chercheurs se serviront de cette installation pilote pour lancer des initiatives de restauration corallienne à grande échelle, avec notamment la pépinière de coraux terrestre la plus grande et la plus avancée au monde.

Située sur le même site, cette dernière aura une capacité décuplée et pourra produire 400 000 coraux par an. Le projet devrait être achevé en décembre 2025.

Abritant 25% des espèces marines connues, bien qu’ils couvrent moins d’1% des fonds marins, les récifs coralliens sont le fondement de nombreux écosystèmes marins. Les experts estiment que jusqu’à 90% des récifs coralliens de la planète subiront un stress thermique grave d’ici à 2050.

«Les événements récents nous rappellent brutalement la crise mondiale à laquelle sont confrontés les récifs coralliens. Nous avons donc pour ambition de trouver un moyen de faire passer les efforts de restauration actuels, à forte intensité de main-d’œuvre, à des processus industriels afin d’inverser le rythme actuel de dégradation des récifs coralliens», a expliqué le professeur Tony Chan, président de la Kaust.

Cette initiative s’aligne sur la Vision 2030 de l’Arabie saoudite et sur ses efforts pour renforcer la conservation marine en tirant parti des recherches réalisées par la Kaust sur les écosystèmes marins et en servant de plate-forme pour tester des méthodes de restauration innovantes.

«Grâce à notre partenariat de longue date avec la Kaust, nous mettrons également en lumière le rôle des récifs coralliens, qui comptent parmi les systèmes environnementaux marins les plus importants, ainsi que l’importance de leur préservation pour les générations futures», a confié le PDG de Neom, Nadhmi al-Nasr.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Istituto Marangoni de Milan va ouvrir un campus à Riyad

Au centre, Stefania Valenti, directrice générale mondiale de l’Istituto Marangoni, et Burak Cakmak, directeur général de la Commission saoudienne de la mode. (Photo fournie)
Au centre, Stefania Valenti, directrice générale mondiale de l’Istituto Marangoni, et Burak Cakmak, directeur général de la Commission saoudienne de la mode. (Photo fournie)
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  • La mission de l’institut en Arabie saoudite sera d’explorer de nouvelles voies pour l’accompagnement des talents locaux et de générer des possibilités d’emploi
  • L’institut possède des campus à Milan, à Florence, à Dubaï, à Paris, à Londres et à Miami

RIYAD: L’Istituto Marangoni, basé à Milan, en collaboration avec la Commission saoudienne de la mode, ouvrira à Riyad un institut de formation supérieure proposant des cours spécialisés dans la mode et le luxe, avec l’intention de l’inaugurer en 2025. 

Selon un communiqué, la mission de l’institut en Arabie saoudite sera d’explorer de nouvelles voies pour l’accompagnement des talents locaux et de générer des possibilités d’emploi dans les secteurs concernés. 

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Le nouvel institut de Riyad proposera des diplômes de niveau avancé d’une durée de trois ans, dans des domaines spécifiques, comme la création de mode, la gestion de la mode, les produits de mode, le stylisme de mode et la direction créative, ainsi que la gestion des parfums et cosmétiques et le design d’intérieur. (Photo fournie) 

«Nous sommes très heureux d’établir un partenariat avec l’Istituto Marangoni. Il s’agit de l’un des principaux établissements d’enseignement mondiaux axés sur la mode et le design. Il possède de nombreux campus à travers le monde, mais c’est la première fois qu’il en ouvre un en Arabie saoudite. Il s’agit également du premier établissement d’enseignement au Royaume en tant que destination d’investissement direct étranger, ce qui montre son engagement vis-à-vis du potentiel du marché saoudien, en particulier pour les créateurs et les entreprises. Grâce à ce partenariat, nous serons en mesure de former tous les créateurs locaux en Arabie saoudite et de leur proposer des emplois», déclare à Arab News Burak Cakmak, directeur général de la Commission de la mode du ministère de la Culture d’Arabie saoudite. 

Le nouvel institut de Riyad proposera des diplômes de niveau avancé d’une durée de trois ans, dans des domaines spécifiques, comme la création de mode, la gestion de la mode, les produits de mode, le stylisme de mode et la direction créative, ainsi que la gestion des parfums et cosmétiques et le design d’intérieur. Les étudiants pourront choisir de suivre leurs études à Riyad, avec la possibilité d’intégrer le marché de la mode grâce à un stage de six mois au cours de la dernière année d’études, ou de poursuivre leurs études de licence dans n’importe quel campus international de l’Istituto Marangoni. 

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La mission de l’institut en Arabie saoudite sera d’explorer de nouvelles voies pour l’accompagnement des talents locaux et de générer des possibilités d’emploi dans les secteurs concernés. (Photo fournie) 

L’institut possède des campus à Milan, à Florence, à Dubaï, à Paris, à Londres et à Miami. 

Dans un communiqué, Stefania Valenti, directrice générale mondiale de l’Istituto Marangoni, déclare: «Nous avons établi cet important partenariat avec la Commission saoudienne de la mode parce que nous sommes convaincus qu’elle élaborera un programme solide en vue de créer un système de luxe et de mode en Arabie saoudite.» 

«Nous voulons mettre nos connaissances et nos compétences à la disposition de la nouvelle génération. Les jeunes générations – notamment les femmes – veulent pouvoir suivre des études en Arabie saoudite et non pas seulement à l’étranger», ajoute-t-elle. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com