La montée de l'insécurité au Sahel ces derniers mois

Des soldats français du 2e Régiment Etranger de Parachutistes et des soldats nigériens se préparent pour une mission sur la base aérienne française de la BAP, à Niamey, le 14 mai 2023 (Photo d'ALAIN JOCARD / AFP).
Des soldats français du 2e Régiment Etranger de Parachutistes et des soldats nigériens se préparent pour une mission sur la base aérienne française de la BAP, à Niamey, le 14 mai 2023 (Photo d'ALAIN JOCARD / AFP).
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Publié le Mardi 10 octobre 2023

La montée de l'insécurité au Sahel ces derniers mois

  • Le Niger, dans son sud-est, est confronté aux violences djihadistes de Boko Haram et de sa branche dissidente Iswap (Etat islamique en Afrique de l'ouest)
  • En réponse aux exigences du nouveau régime, la France commence ce mardi à retirer ses 1 400 soldats basés au Niger

PARIS: Recrudescence d'attaques par des djihadistes ou des groupes rebelles, coups d'Etat ... La région du Sahel, y compris le Niger d'où les soldats français commencent à partir mardi, a connu une montée de l'insécurité ces derniers mois.

Niger

Le Niger, dans son sud-est, est confronté aux violences djihadistes de Boko Haram et de sa branche dissidente Iswap (Etat islamique en Afrique de l'ouest). Dans l'ouest, la zone dite des "trois frontières" entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali est un repaire pour les djihadistes sahéliens affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI).

Une douzaine d'attaques djihadistes ont fait plus de 130 morts dans le pays depuis fin juillet. Dans la dernière en date, le 3 octobre, 29 soldats ont été tués près de la frontière avec le Mali, le plus lourd bilan depuis le coup d'Etat, le 26 juillet, de militaires qui ont pris le pouvoir en invoquant la "dégradation de la situation sécuritaire".

En réponse aux exigences du nouveau régime, la France commence ce mardi à retirer ses 1 400 soldats basés au Niger.

Mali

L'armée malienne est confrontée dans le nord, entre Gao et Tombouctou, à une reprise depuis fin août des hostilités menées par des groupes armés indépendantistes à dominante touareg. Cette situation s'ajoute aux violences persistantes dans le centre et à l'expansion djihadiste au nord et à l'est.

La junte au pouvoir depuis le putsch contre le président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020 (suivi d'un second coup d'Etat neuf mois plus tard) a poussé la France à retirer ses troupes en août 2022, après neuf ans et demi d'engagement dans la lutte antidjihadiste.

La mission de l'ONU a également été poussée vers la sortie par la junte, qui s'est tournée vers la Russie.

Burkina Faso

Le capitaine Ibrahim Traoré, qui a pris le pouvoir le 30 septembre 2022, lors du deuxième putsch en huit mois au Burkina Faso, s'était donné "deux à trois mois" pour améliorer la situation sécuritaire. Mais un an plus tard, le pays est toujours la cible d'attaques djihadistes meurtrières de groupes liés à Al-Qaida et au groupe Etat islamique.

Selon l'ONG Acled, les attaques ont tué plus de 17 000 personnes depuis 2015, et plus de 6 000 personnes rien que depuis début 2023. L'armée et les supplétifs sont les principales cibles de ces violences, mais les civils paient également un lourd tribut.

La France a dû retirer ses soldats en février 2023 de ce pays confronté depuis 2015 aux violences djihadistes.

Tchad

Le Tchad est en période de transition depuis que Mahamat Idriss Déby Itno a été proclamé par l'armée chef de l’Etat en avril 2021, à la mort de son père Idriss Déby Itno, tué au front par des rebelles.

En juin, des combats ont opposé pendant une semaine l'armée à la rébellion dans le nord du pays, dans le massif du Tibesti où les deux camps s'affrontent régulièrement. Les principaux mouvements rebelles sont installés dans le sud de la Libye voisine, d'où ils lancent leurs offensives visant à renverser le régime.

Le Tchad est l'un des principaux pays recevant les réfugiés qui fuient les violents combats au Soudan voisin entre l'armée et les paramilitaires depuis le 15 avril.

Bénin/Ghana/Togo

Les régions septentrionales du Bénin, du Togo et du Ghana subissent des attaques et des incursions des groupes djihadistes qui prospèrent au Sahel et cherchent à descendre vers le sud.

En avril, le président du Togo, Faure Gnassingbé, avait indiqué que les djihadistes avaient fait environ 140 morts, dont quelque cent civils, depuis leurs premières attaques fin 2021 dans ce pays.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.