WASHINGTON: Donald Trump a depuis longtemps fait de son discours politiquement incorrect, volontiers provocateur, une marque de fabrique. Mais l'escalade rhétorique récente de l'ancien dirigeant, candidat à la présidentielle de 2024, fait craindre une flambée de violence aux Etats-Unis.
Ces derniers jours, le républicain a laissé entendre qu'un puissant général américain s'était rendu coupable de "trahison" et qu'en d'autres temps il aurait été exécuté. Puis il s'est moqué du mari d'une de ses grandes rivales politiques, victime d'une agression au marteau.
L'ancien président a ensuite provoqué la stupeur en déclarant à propos de la crise migratoire à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique: "C'est une chose très triste pour notre pays, ça empoisonne le sang de notre pays".
Jonathan Greenblatt, président de l'ADL, une importante association de lutte contre l'antisémitisme, a vu dans ces propos un écho à "la rhétorique utilisée par nombreuses personnes ayant des opinions vicieuses, anti-immigrés, racistes et antisémites, comme Hitler".
«Tirer dans les jambes»
Donald Trump a plus d'une fois tenu des propos violents, notamment lorsqu'il était président, suggérant, selon un livre de son ancien secrétaire à la Défense Mark Esper, qu'il faille "tirer dans les jambes" des protestataires lors des grandes manifestations anti-racistes de 2020.
Les images de ses sympathisants déchaînés dans le temple de la démocratie américaine le 6 janvier 2021, brandissant drapeaux Trump et drapeaux confédérés et laissant sur les murs des graffitis appelant à tuer les journalistes ont aussi laissé une trace indélébile sur son mandat.
Les remarques incendiaires de Donald Trump, inculpé quatre fois en six mois, choquaient autrefois les Etats-Unis, suscitant des journées entières de couverture médiatique.
Mais les discours du candidat à la présidentielle, largement en tête des primaires républicaines, ne suscitent plus le même émoi.
Réprimandé par un juge
Le septuagénaire a toutefois été réprimandé par un juge la semaine dernière, déplorant une publication "dégradante" de l'ancien président républicain qui s'en était pris un peu plus tôt sur son réseau Truth social à sa greffière.
Depuis l'ouverture de son procès, à chacune de ses arrivées dans la salle d'audience, ou lors des pauses, Donald Trump ne manque pas une occasion de dénoncer devant les caméras des journalistes "un simulacre" de justice, "un procès truqué" ou "frauduleux" et une "ingérence électorale" pour l'empêcher de revenir à la Maison Blanche en 2024.
Ou de qualifier de "raciste", "très corrompue" et "extrêmement incompétente" la procureure afro-américaine Letitia James.
Liz Cheney, Anthony Fauci
Plusieurs personnes prises à partie par Donald Trump -- du sénateur républicain Mitt Romney à l'ancien conseiller de la Maison Blanche sur la pandémie de Covid-19 Anthony Fauci -- ont indiqué avoir dû faire appel à une entreprise de sécurité privée après avoir reçu des menaces de la part de partisans de l'ancien président.
La républicaine Liz Cheney, répudiée par son parti pour avoir rejoint une commission parlementaire enquêtant sur Donald Trump, avait elle renoncé à faire campagne dans son Etat du Wyoming, en raison du nombre de menaces de mort qui lui étaient adressées. Avant de quitter la politique.
Lors des dernières élections, certains agents électoraux et élus ont aussi dit avoir constaté une hausse des menaces et intimidations.
"La rhétorique violente mène à des actions violentes", a averti Jonathan Greenblatt sur MSNBC. "C'est comme allumer une mèche et attendre que la bombe explose."