PARIS: Le budget de la présidence de la République "a dérapé" en 2023 de manière inédite, sous l'effet principalement de dépenses liées à des déplacements, relève dans une note l'ancien député socialiste René Dosière, président de l'Observatoire de l'éthique publique.
Pour l'année en cours, ce budget "voté à hauteur de 114,4 millions d’euros" pourrait atteindre "entre 123 et 127 millions", souligne ce spécialiste du train de vie de l'Etat, déplorant des explications "encore partielles et parfois emberlificotées" de l'Elysée, dans ce document transmis à l'AFP.
Relevant une augmentation "entre 12 et 15%" par rapport à l'année précédente, M. Dosière souligne que "ce sont les dépenses de déplacements qui explosent", à 23 millions au lieu des 16 prévus, selon des estimations officielles fournies dans le cadre du projet de loi de finances 2024.
"Si le Président doit disposer des moyens nécessaires à son activité, dont on admet volontiers qu'elle varie en fonction de l'actualité, il est important qu'il le fasse au meilleur coût", est-il écrit dans cette note, relevant que les coûts unitaires des déplacements pouvaient en général fortement varier en fonction des moyens de transport utilisés et de la taille des délégations.
Le budget élyséen "demeure modeste" ramené à l'ensemble des dépenses publiques, mais "les dérapages de l'année 2023 sont toutefois étonnants, du jamais vu depuis qu'existe un budget présidentiel", selon M. Dosière. Alors que "la réorganisation des services mise en place par Emmanuel Macron avait pour finalité un fonctionnement plus efficace et économe", ajoute-t-il.
Il "faudra attendre" le prochain rapport de la Cour des comptes "pour avoir quelques explications", écrit le président de l'Observatoire de l'éthique publique, qui réunit des chercheurs et des parlementaires "dans un cadre transpartisan".
Dans un document annexé au projet de loi de finances 2024, il est précisé qu'un ensemble de mesures pour maîtriser les dépenses de la présidence devraient permettre "de ramener le niveau d'atterrissage 2023" de 127,4 millions d'euros à 122,9 millions d'euros.
Ce même document évoque "les éléments inflationnistes conjoncturels" qui ont eu de l'impact sur les dépenses de l'Elysée, dont "la hausse de dépenses inéluctables comme les prix de l'énergie", "les effets en année pleine des mesures salariales 2022" ou encore "la très forte activité présidentielle". La présidence a aussi fait face à "un nombre croissant de demandes de révision de prix dans le cadre de ses marchés publics", est-il précisé.