Ukraine: à Groza, douleur et interrogations après la frappe russe meurtrière

Etalés sur l'herbe, en face d'un café en ruines, des corps noircis, démembrés ou décapités, témoignent du carnage causé jeudi par la frappe d'un missile russe sur le village ukrainien de Groza. (AFP).
Etalés sur l'herbe, en face d'un café en ruines, des corps noircis, démembrés ou décapités, témoignent du carnage causé jeudi par la frappe d'un missile russe sur le village ukrainien de Groza. (AFP).
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Publié le Vendredi 06 octobre 2023

Ukraine: à Groza, douleur et interrogations après la frappe russe meurtrière

  • Des ouvriers découpent des planches de contreplaqué destinées à couvrir les fenêtres de maisons alentour soufflées par la violente explosion
  • Situé à 35 km à l'ouest de la ligne de front, le village de Groza a été occupé aux premiers jours de l'invasion russe en février 2022, jusqu'au début septembre de la même année

GROZA: Dans un nuage de poussière, des pelleteuses retiraient vendredi les gravats des ruines du café et du magasin à Groza, dans l'est de l'Ukraine, où 52 personnes ont été tuées la veille par un missile russe.

Des ouvriers découpent des planches de contreplaqué destinées à couvrir les fenêtres de maisons alentour soufflées par la violente explosion.

Valentina Koziïenko, 73 ans, et son mari Volodymyr, 76 ans, dont l'habitation est située en face du café, regardent des voisins qui installent une grande bâche blanche sur leur toit partiellement détruit.

"J'étais derrière la maison et ma femme était à l'intérieur. Quand cela s'est produit, une partie du toit est tombée dans le jardin. Ma femme a commencé à crier (...) Quand je suis sorti dans la rue, je n'ai vu que du feu et un nuage de poussière et de fumée", raconte l'homme.

Encore choquée, Galina Ioudina, 63 ans, se trouvait, elle, dans son bureau d'un petit bâtiment à 50 mètres de la frappe.

"J'étais là à travailler. L'une des fenêtres s'est violemment ouverte et l'autre a explosé. Je n'ai pas compris ce que c'était. J'ai commencé à trembler, je ne pouvais plus parler", explique, la voix hésitante et les yeux rougis, cette comptable d'une exploitation agricole.

Des bris de verre, de la poussière et du plâtre jonchent le sol de son bureau, dont une partie du plafond est effondré.

Munis de pelles, une vingtaine de pompiers sont venus dans la matinée de la grande ville de Kharkiv. Ils ont terminé de fouiller puis ont nettoyé les décombres du café et du magasin attenant.

La veille, jusque dans la nuit, des secouristes et des militaires ont retiré des gravats les dépouilles des victimes, dont plusieurs étaient démembrées ou décapitées.

Dans le cimetière à l'entrée du petit village, Oleksiï est venu avec des membres de sa famille pour délimiter l'emplacement des tombes où seront enterrés son frère et sa belle-soeur, tués dans la frappe.

"Le corps de mon frère était entier, mais celui de sa femme n'avait pas de tête", dit-il à l'AFP, au bord des larmes.

Dans une allée, la tombe du soldat Andriï Kozyr est couverte de couronnes de fleurs et surmontée d'un drapeau ukrainien.

«Collaborateur»

Des habitants et des membres de sa famille qui avaient participé à ses funérailles s'étaient rassemblés dans le café qui a été visé par la frappe.

Dans le village de 330 habitants -environ 500 avant la guerre- certains se demandent comment les Russes ont pu frapper à ce moment et à cet endroit précis.

"Tous ceux qui étaient aux funérailles sont morts. Ça s'est passé juste après que les gens sont rentrés dans le café", dit Valentina Koziïenko.

Et de s'interroger: "Comment les Russes ont-ils su qu'il y avait autant de gens là ? Peut-être que quelqu'un leur a dit."

"Dans le village, on savait qu'il y avait les funérailles", poursuit son mari Volodymyr.

"Je suis sûr qu'il y a pu avoir un collaborateur (des Russes) qui a donné les informations", assure-t-il.

Pour la comptable Galina Ioudina, "la frappe était délibérée. Les Russes étaient au courant du rassemblement", pense-t-elle.

Fin juin à Kramatorsk (est), un missile russe avait tué 13 personnes dans un restaurant très fréquenté, notamment apprécié par les militaires, à l'heure du dîner.

Vendredi, les services de police de la région de Kharkiv ont indiqué que l'enquête sur la frappe de jeudi portait notamment sur "l'identification des personnes susceptibles d'être impliquées" dans celle-ci.

Situé à 35 km à l'ouest de la ligne de front, le village de Groza a été occupé aux premiers jours de l'invasion russe en février 2022, jusqu'au début septembre de la même année.


Les Etats-Unis ont frappé des installations Houthies au Yémen à l'aide de bombardiers B-2

Un bombardier furtif B-2 survole le Washington Monument sur le National Mall, lors des célébrations de la fête de l'indépendance à Washington DC, le 4 juillet 2020. Le 16 octobre 2024, les États-Unis ont mené plusieurs frappes de bombardiers B-2 sur des installations de stockage d'armes dans des zones du Yémen contrôlées par les rebelles huthis soutenus par l'Iran, selon l'armée et le ministère de la défense américains. (AFP)
Un bombardier furtif B-2 survole le Washington Monument sur le National Mall, lors des célébrations de la fête de l'indépendance à Washington DC, le 4 juillet 2020. Le 16 octobre 2024, les États-Unis ont mené plusieurs frappes de bombardiers B-2 sur des installations de stockage d'armes dans des zones du Yémen contrôlées par les rebelles huthis soutenus par l'Iran, selon l'armée et le ministère de la défense américains. (AFP)
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  • Les Etats-Unis ont frappé cinq dépôts souterrains de munitions des rebelles Houthis au Yémen à l'aide de bombardiers stratégiques furtifs B-2
  • Il s'agit du premier emploi connu à ce jour de bombardiers B-2 par les forces américaines depuis le début de leurs frappes contre les Houthis

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont frappé cinq dépôts souterrains de munitions des rebelles Houthis au Yémen à l'aide de bombardiers stratégiques furtifs B-2, a annoncé mercredi soir le ministre de la Défense américain Lloyd Austin.

"Les forces américaines ont ciblé plusieurs installations souterraines des Houthis abritant plusieurs types d'armes que les Houthis ont utilisé pour cibler des navires civils et militaires dans toute la région", a indiqué M. Austin dans un communiqué.

Il s'agit du premier emploi connu à ce jour de bombardiers B-2 par les forces américaines depuis le début de leurs frappes contre les Houthis, un groupement soutenu par l'Iran.

"L'emploi de bombardiers furtifs à long rayon d'action B-2 Spirit de l'armée de l'air américaine prouve la capacité de frappe" américaine "à tout moment et en tout lieu", s'est félicité M. Austin, évoquant une "démonstration sans pareille".

Les Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, mènent depuis des mois des attaques contre Israël et les navires qui leur seraient liés, en affirmant agir en solidarité avec le mouvement islamiste palestinien Hamas, opposé à Israël dans la bande de Gaza depuis un an.

En réponse, les Etats-Unis et le Royaume-Uni procèdent régulièrement à des frappes contre des installations houthies, mais sans être parvenus à ce stade à anéantir la capacité opérationnelle du mouvement.


L'agence atomique iranienne juge « improbable » une attaque d'Israël sur des sites nucléaires.

Installations d'enrichissement atomique au centre de recherche nucléaire de Natanz, en Iran. (AFP/File)
Installations d'enrichissement atomique au centre de recherche nucléaire de Natanz, en Iran. (AFP/File)
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  • Mercredi, l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) a estimé qu'une éventuelle attaque israélienne contre ses installations nucléaires « ne réussirait pas »
  • Mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé que son pays déciderait seul des éventuelles cibles à frapper en Iran

TEHERAN : Mercredi, l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) a estimé qu'une éventuelle attaque israélienne contre ses installations nucléaires « ne réussirait pas » ou ne causerait pas de « sérieux dommages », tout en jugeant un tel scénario « improbable ».

Ces déclarations interviennent sur fond d'escalade entre l'Iran et Israël. L'Iran a lancé le 1^(er) octobre quelque 200 missiles sur Israël, qui a juré d'y riposter.

« Il est très improbable » qu'une attaque se produise, a affirmé le porte-parole de l'OIEA, Behrouz Kamalvandi, dans une interview accordée à l'agence de presse iranienne Nournews, estimant qu'il s'agirait d'un acte « stupide ».

« Dans le cas d'une attaque sur un site clé, soyez sûrs, elle ne réussira pas » et il « est très peu probable qu'ils (Israël) nous causent de sérieux dommages », a-t-il ajouté, précisant que l'Iran serait en mesure de « rapidement compenser » tout dégât potentiel.

Les tirs de missiles du 1er octobre ont été présentés par l'Iran comme des représailles à l'assassinat en juillet à Téhéran du chef du Hamas palestinien, Ismaïl Haniyeh, imputé à Israël, et à celui de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah libanais pro-iranien, tué dans une frappe israélienne le 27 septembre près de Beyrouth.

Mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé que son pays déciderait seul des éventuelles cibles à frapper en Iran, malgré les appels du président américain Joe Biden à épargner les sites pétroliers et nucléaires.

« Toute attaque contre les infrastructures iraniennes entraînera une réponse plus forte », a mis en garde mardi le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, cité par la télévision d'État.


Des entreprises israéliennes interdites au salon Euro naval de novembre à Paris

Le porte-avions français Charles de Gaulle (Photo, AFP)
Le porte-avions français Charles de Gaulle (Photo, AFP)
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JERUSALEM : Mercredi, Israël a accusé le président Emmanuel Macron de faire « honte » à la France après la décision du gouvernement français d'interdire à des entreprises israéliennes d'exposer leurs matériels lors du salon de défense Euronaval début novembre, près de Paris.

« Les actes du président français Macron sont une honte pour la France et les valeurs du monde libre qu'il affirme vouloir protéger », a affirmé sur X le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant.

« La décision de discriminer une nouvelle fois l'industrie de la défense israélienne en France profite aux ennemis d'Israël en temps de guerre », a-t-il ajouté.

Il a également accusé M. Macron de vouloir « mettre en place un embargo sur les armes » après que le président français a appelé la semaine dernière à « cesser les exportations d'armes » utilisées par Israël à Gaza et au Liban.

La France « a adopté et ne cesse de mettre en œuvre une politique hostile envers Israël », a estimé le ministre israélien.

Les organisateurs du salon Euronaval, consacré au secteur naval de défense, avaient auparavant indiqué que celui-ci n'accueillerait ni stands ni matériels israéliens lors de sa prochaine édition, à la demande du gouvernement français.

« Le gouvernement français a fait part le mardi 15 octobre à Euronaval de sa décision de valider la participation des délégations israéliennes au salon Euronaval 2024, sans stands ni exposition de matériels », a précisé dans un communiqué l'organisation du salon, selon laquelle « sept entreprises israéliennes sont concernées par cette décision ».

- Le ton monte - 

« Conformément à la décision du gouvernement français, les entreprises et les ressortissants israéliens qui le souhaitent seront accueillis au salon selon les modalités précitées », a-t-on ajouté.

« Euronaval se prépare à accueillir chaque entreprise et chaque visiteur dans le respect des directives internationales et gouvernementales. Près de 500 entreprises et 22 000 visites sont attendues pour la 29^e édition du salon, du 4 au 7 novembre au Parc des expositions de Paris-Nord Villepinte (dans la banlieue nord de Paris), ont rappelé les organisateurs.

Fin mai, la présence des industriels israéliens de la défense au salon Eurosatory avait été annulée par décision du gouvernement, sur fond d'offensive israélienne dans la bande de Gaza. Cette décision avait ensuite été contredite par la justice.

La décision concernant Euronaval intervient dans un contexte où le ton est monté ces derniers jours entre Emmanuel Macron et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, alors que les opérations israéliennes se poursuivent à Gaza, un an après l'attaque meurtrière du groupe palestinien Hamas en Israël et contre le Hezbollah au Liban.

Le 5 octobre, M. Macron avait déjà estimé que « la priorité » pour un cessez-le-feu était « qu'on revienne à une solution politique, qu'on cesse de livrer les armes pour mener les combats sur Gaza ».

Ses déclarations avaient suscité la colère de M. Netanyahu, qui les avait qualifiées de « honte ».

Paris appelle avec insistance à un cessez-le-feu à la fois à Gaza et au Liban. Le pays dénonce les frappes israéliennes ainsi que les tirs israéliens jugés « délibérés » contre des positions des Casques bleus de la force de paix de l'ONU dans le sud du Liban (Finul), dont plusieurs ont été blessés.