Nobel de chimie 2023: un trio récompensé pour ses travaux sur l'infiniment petit

Des flacons de laboratoire sont utilisés à des fins d'explication lors de l'annonce des lauréats du prix Nobel de chimie 2023 à l'Académie royale suédoise des sciences à Stockholm, le 4 octobre 2023. (Photo, AFP)
Des flacons de laboratoire sont utilisés à des fins d'explication lors de l'annonce des lauréats du prix Nobel de chimie 2023 à l'Académie royale suédoise des sciences à Stockholm, le 4 octobre 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 04 octobre 2023

Nobel de chimie 2023: un trio récompensé pour ses travaux sur l'infiniment petit

  • Les trois chercheurs, dont les noms avaient par erreur fuité dans la presse suédoise tôt mercredi, ont été distingués « pour la découverte et la synthèse de points quantiques», a expliqué l'Académie royale des sciences de Suède
  • Ces très petits composants de la nanotechnologie diffusent aujourd'hui la lumière des téléviseurs et des LED et peuvent également guider les chirurgiens lorsqu'ils retirent des tissus tumoraux

STOCKHOLM: Le prix Nobel de chimie 2023 a été décerné mercredi à un trio composé de Moungi Bawendi, Louis Brus et Alexei Ekimov, nés respectivement en France, aux Etats-Unis et en URSS, et travaillant tous trois aux Etats-Unis sur des nanoparticules nommées points quantiques.

Les trois chercheurs, dont les noms avaient par erreur fuité dans la presse suédoise tôt mercredi, ont été distingués "pour la découverte et la synthèse de points quantiques", a expliqué l'Académie royale des sciences de Suède dans un communiqué.

Ces très petits composants de la nanotechnologie diffusent aujourd'hui la lumière des téléviseurs et des LED et peuvent également guider les chirurgiens lorsqu'ils retirent des tissus tumoraux, a-t-elle ajouté.

Les points quantiques, aussi appelés boîtes quantiques, sont des nanocristaux de semi-conducteurs, faisant généralement de 2 à 10 nanomètres de diamètre.

Fait rarissime, l'annonce du prix Nobel de chimie 2023 a été perturbée par la fuite des noms des lauréats en début de matinée en raison d'un communiqué de presse envoyé par erreur par l'Académie à certains médias suédois.

L'Académie royale des sciences de Suède, par la voix de son secrétaire général Hans Ellegren, a dit "profondément" regretter cette diffusion anticipée.

"Nous regrettons profondément que cela ait eu lieu. L'important est que cela n'ait en rien affecté l'attribution des prix", a-t-il dit.

La fuite de noms des Nobel est exceptionnelle, les Académies chargées de choisir les lauréats prenant le soin de garder leurs délibérations secrètes. La liste des nominés est également secrète pendant 50 ans.

Mentor

Parmi les trois lauréats, Alexei Ekimov, 78 ans, et Louis Brus, 80 ans, sont distingués "pour avoir découvert qu'il est possible de fabriquer des points quantiques", a souligné Heiner Linke, membre du comité Nobel de chimie.

Moungi Bawendi a, lui, "réalisé une méthode de synthèse rendant les points quantiques très largement utilisables", a-t-il ajouté.

Louis Brus est professeur à l'université de Columbia à New York et Alexeï Ekimov a commencé sa carrière à l'Institut de physique et technique Ioffe à Leningrad (devenu Saint-Pétersbourg) avant de travailler aux Etats-Unis à partir de 1999, pour la société Nanocrystals Technology.

Moungi Bawendi, 62 ans, est né à Paris d'un père tunisien et d'une mère française, qui ont émigré aux Etats-Unis alors qu'il était enfant. Il travaille comme professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT).

"C'était une très grande surprise d'avoir ce coup de téléphone ce matin, à 4H30 du matin. J'étais complètement endormi", a-t-il confié lors d'une conférence de presse, s'exprimant brièvement en français, sa langue maternelle.

Il s'est dit "honoré" de recevoir cette récompense, et ravi de la partager avec Louis Brus, qu'il a qualifié de "mentor".

"C'est surprenant pour moi de voir l'échelle à laquelle la fabrication de points quantiques a évolué", a-t-il ajouté, en citant "tous les écrans" qui les contiennent aujourd'hui. "Je n'aurais jamais pensé que vous pouviez faire ces choses à une telle échelle commerciale."

Une taille, une couleur

Contacté, quant à lui, par la radio suédoise SR qui lui apprenait la nouvelle, Louis Brus a dit être "extrêmement heureux s'il se confirme que c'est vrai".

"C'est évidemment un grand honneur", a-t-il lâché.

L'Académie a expliqué que les lauréats avaient "réussi à produire des particules si petites que leurs propriétés sont déterminées par des phénomènes quantiques".

"Ce qui est remarquable avec les points quantiques c'est qu'en changeant leur taille avec quelques centaines d'atomes ou une couche d'atomes de plus, vous changez leurs propriétés, par exemple leur couleur", a dit Heiner Linke.

L'an dernier, un trio avait aussi été récompensé, pour "le développement de la +chimie click+ et de la chimie bioorthogonale", utilisées notamment pour mettre au point de meilleurs traitements pharmaceutiques, y compris contre le cancer.

Comme pour les autres Nobel, le prix de chimie a été critiqué pour son manque de diversité et d'égalité. Depuis 1901, seules huit femmes ont été couronnées, sur 114 lauréats.

Pour les lauréats du millésime 2023, le chèque accompagnant le prix est désormais de onze millions de couronnes (920.000 euros), soit la plus haute valeur nominale (dans la devise suédoise) dans l'histoire plus que centenaire des Nobel.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.