BEYROUTH: Le conducteur d'une camionnette utilisée pour faire passer des Syriens au Liban a été tué jeudi après avoir tenté d'écraser un soldat d'une patrouille de l'armée libanaise qui essayait d'arrêter le véhicule. Il s'agit de Hatem Saleh, 35 ans, un citoyen libanais originaire de la ville frontalière de Mashta Hammoud.
«Lorsqu'une patrouille de l'armée dans la région d'Al-Qbor al-Bayd, près des rives du Nahr al-Kabir, à proximité de la frontière nord, a tenté d'arrêter une camionnette Hyundai transportant des Syriens entrés illégalement au Liban, le conducteur a heurté un soldat de la patrouille et a tenté de l'écraser et de fuir les lieux, malgré les tirs de semonce des soldats. Ces derniers ont été contraints à tirer sur les pneus de la camionnette», a déclaré l'armée. «Le conducteur a été blessé, a perdu le contrôle du véhicule et est entré en collision avec un poteau électrique, ce qui a entraîné sa mort.»
Parallèlement, une force importante de soldats libanais et d'officiers des services de renseignement a effectué une descente dans les camps de réfugiés syriens d'Al-Aqbiyah et d'Al-Baysariyah jeudi matin. Les responsables de l'armée ont déclaré avoir saisi une centaine de motos et 13 fusils, et arrêté plusieurs suspects.
Les patrouilles de l'armée ont été renforcées ces dernières semaines après une augmentation des tentatives des Syriens d'entrer illégalement au Liban à la recherche d'un emploi, ce qui a déclenché des protestations dans un pays qui souffre des effets d'une crise économique prolongée. Les autorités estiment que des milliers de personnes ont franchi la frontière.
Un habitant de Mashta Hammoud appelé Ahmed, qui est enseignant, a déclaré à Arab News: «La victime travaillait dans le transport d'infiltrés en raison du chômage. Nous vivons dans une ville située directement à la frontière et il n'y a pas d'autres possibilités d'emploi.»
Il a affirmé que pas moins de 25% de la population de la région était impliquée dans le transport des migrants clandestins. Il estime que jusqu'à 300 personnes entrent dans le pays chaque jour dans la zone locale, a l’exception de certains jours où personne ne pénètre sur le territoire.
«La plupart des infiltrés sont enregistrés auprès de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et viennent à la fin du mois pour recevoir une aide financière ou en nature, ou pour prolonger leur séjour au Liban avant de retourner clandestinement en Syrie, ou bien ils ont l'intention de prendre la mer depuis les côtes libanaises jusqu'à la Grèce», a déclaré Ahmed.
Trois jours avant l'incident de jeudi, l'armée libanaise a déjoué une tentative d'introduction clandestine de 90 ressortissants syriens au Liban à Haret al-Samaqa, dans le gouvernorat de Baalbek-Hermel, à la frontière entre les deux pays. Un ressortissant libanais a été arrêté, a indiqué l'armée.
Depuis la mi-août, l'armée libanaise a arrêté plus de 6 000 personnes qui ont franchi illégalement la frontière syrienne à pied, en empruntant des passages escarpés difficiles à surveiller. Ces itinéraires s'étendent le long de la frontière nord du Liban, sur environ 375 kilomètres, et sont utilisés pour la contrebande de drogues et de marchandises, ainsi que le transport de migrants clandestins. Les passages illégaux portent le nom de tribus locales, en raison de leur influence dans la région, qui est protégée par le Hezbollah.
Selon une source militaire, des organisations criminelles libanaises et syriennes permettent à des centaines de Syriens, principalement des jeunes hommes et leurs familles, d'entrer clandestinement au Liban pour y travailler ou se rendre dans d'autres pays par la mer.
Les bateaux de migrants «profitent des eaux calmes de la saison pour naviguer à bord d'embarcations, pour la plupart inadaptées à ce type de voyage, vers les côtes des pays européens en échange d'importantes sommes d'argent», a ajouté la source.
Les régiments frontaliers terrestres de l'armée libanaise, en coopération avec ses services de renseignement, ont intensifié leurs efforts pour surveiller les passages frontaliers illégaux connus. Leurs opérations comprennent des patrouilles et des points de contrôle de sécurité mobiles le long de la frontière pour inspecter les véhicules et vérifier l'identité des personnes qu'ils transportent.
Une source de la Sûreté générale libanaise a déclaré à Arab News: «Le Liban attend toujours les données du HCR pour régler la situation des réfugiés syriens au Liban.»
Alors que l'agence onusienne a suspendu l'enregistrement des réfugiés en 2015, à la demande des autorités libanaises, elle a eu recours à l'attribution de «codes» aux demandeurs d'asile pour faciliter leur prise en charge en termes d'assistance.
«Par conséquent, le nombre de réfugiés détenant un code est équivalent, voire supérieur, au nombre de réfugiés enregistrés.»
Le nombre de réfugiés enregistrés s'élève actuellement à moins de 800 000, selon la source.
La Sûreté générale libanaise a déclaré que le nombre d’entités et d'organisations impliquées dans l'aide aux réfugiés a augmenté. Cependant, certains d’entre elles n'ont pas obtenu les licences ou les autorisations requises pour s'engager dans une telle activité et mènent des opérations non autorisées. Par conséquent, l'agence leur demande de présenter leurs documents pour vérification.
«Certaines de ces organisations se livrent à des actions qui vont à l'encontre de la nature de leur travail», a déclaré l'agence.
«Par conséquent, les associations et organisations non gouvernementales, notamment celles qui travaillent dans le domaine de l'assistance aux réfugiés syriens, sont priées de s'abstenir de mener des activités qui violent le contenu des licences et des autorisations qui leur ont été délivrées, et de fournir au centre régional affilié au lieu de leur activité une copie de la licence pour la vérification de leur travail.»
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com