En Méditerranée, trois fois plus de migrants morts cet été

Cette photographie prise le 9 mars 2023 montre une vue d'un mémorial avec des fleurs, des croix et des ballons sur une plage près de Cutro, avec la mer Méditerranée en arrière-plan, où au moins 72 migrants ont trouvé la mort le 26 février, après le naufrage de leur bateau au large de la Calabre, dans le sud de l'Italie. (Photo Tiziana Fabi AFP)
Cette photographie prise le 9 mars 2023 montre une vue d'un mémorial avec des fleurs, des croix et des ballons sur une plage près de Cutro, avec la mer Méditerranée en arrière-plan, où au moins 72 migrants ont trouvé la mort le 26 février, après le naufrage de leur bateau au large de la Calabre, dans le sud de l'Italie. (Photo Tiziana Fabi AFP)
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Publié le Vendredi 29 septembre 2023

En Méditerranée, trois fois plus de migrants morts cet été

  • Entre juin et août, au moins 990 personnes ont fait naufrage en Méditerranée centrale, route maritime la plus dangereuse au monde entre l'Afrique du Nord et l'Europe : trois fois plus que les 334 migrants noyés sur la même période en 2022
  • Au total, a résumé jeudi le Haut-commissariat aux réfugiés de l'Onu, lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la crise en Méditerranée, cela porte à plus de 2.500 migrants morts ou portés disparus entre le 1er janvier et le 24 septembre 2023

PARIS : Un «cimetière pour les enfants». Trois fois plus de migrants ont trouvé la mort ou ont disparu cet été en tentant de franchir la Méditerranée, a alerté vendredi l'Unicef, en pleines tractations diplomatiques côté européen sur le dossier migratoire.

Entre juin et août, au moins 990 personnes ont fait naufrage en Méditerranée centrale, route maritime la plus dangereuse au monde reliant l'Afrique du Nord à l'Europe, soit trois fois plus que les 334 migrants qui avaient perdu la vie sur la même période en 2022, selon un décompte de l'agence onusienne pour l'enfance.

Depuis janvier 2023, au moins 289 enfants sont morts lors de ces traversées, a indiqué vendredi Nicolo dell’Arciprete, coordinateur de l'Unicef pour l'Italie, lors d'une conférence de presse à Rome.

L'agence a précisé à l'AFP à Paris que 11.600 «mineurs non accompagnés» avaient tenté de se rendre en Italie entre janvier et mi-septembre 2023 à bord d'embarcations de fortune, soit 60% de plus que sur la même période l'année dernière (7.200).

«La Méditerranée est devenue un cimetière pour les enfants et leur avenir. Le bilan tragique des enfants morts en quête d'asile et de sécurité en Europe est le résultat de choix politiques et d'un système migratoire défaillant», a estimé Regina De Dominicis, qui coordonne le sujet à l'Unicef.

Au total, a résumé jeudi le Haut-commissariat aux réfugiés de l'Onu, lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la crise en Méditerranée, cela porte à plus de 2.500 migrants morts ou portés disparus entre le 1er janvier et le 24 septembre 2023, en augmentation de 50% sur un an.

- Déterminer l'âge -

Les images spectaculaires des arrivées mi-septembre sur la petite île italienne de Lampedusa ont remis sur le métier le dossier brûlant de la coopération européenne en matière de gestion des flux migratoires.

Avec 8.500 personnes qui ont débarqué en trois jours sur l'île, soit plus que sa population totale, les arrivées ont suscité une crise locale à Lampedusa et une tempête politique en Italie, qui multiplie les mesures d'urgence et de fermeté depuis.

Dernier exemple en date: le gouvernement de Giorgia Meloni, à la tête d'une coalition de droite et d'extrême droite, a approuvé mercredi soir en conseil des ministres un projet de décret qui ouvre la possibilité de placer les mineurs non accompagnés de plus de 16 ans dans des structures pour adultes et de leur faire passer des examens médicaux pour déterminer leur âge.

Si le projet doit encore être approuvé par le Parlement, où le gouvernement ultra-conservateur dispose d'une majorité absolue, le texte autorise les «mesures anthropométriques» et des examens tels que des radiographies pour déterminer l'âge des jeunes migrants. Objectif: «Il ne sera plus possible de mentir sur votre véritable âge» pour échapper à une possible expulsion, a averti Giorgia Meloni sur sa page Facebook.

Une disposition «inquiétante», s'est alarmé auprès de l'AFP le porte-parole de l'Unicef en Italie, Andrea Iacomini.

- Guerre, violence, pauvreté -

Sur la scène européenne, la situation en Méditerranée a relancé les discussions à Bruxelles autour du pacte migratoire, enlisé dans les dissensions depuis sa présentation en 2020 par la Commission européenne.

Le projet de réforme européenne prévoit notamment un renforcement des frontières extérieures ou encore un mécanisme de solidarité entre les Vingt-Sept dans la prise en charge des demandeurs d'asile.

Les dirigeants des neuf pays méditerranéens de l'UE doivent encore se retrouver ce vendredi à Malte pour accorder leurs positions sur ce dossier.

«L'adoption d'une réponse à l'échelle européenne pour soutenir les enfants et les familles» est «absolument nécessaire pour éviter que davantage d'enfants ne souffrent», a repris Regina De Dominicis, de l'Unicef.

Selon l'agence de l'Onu, ce sont «la guerre, les conflits, la violence et la pauvreté» qui poussent les enfants «à fuir seuls leur pays d'origine».

Après les risques «d'exploitation et d'abus à chaque étape» de l'exil, de naufrage en mer, ceux qui atteignent les rives européennes sont d'abord «détenus» dans des centres avant d'être transférés vers des structures d'accueil «généralement closes», déplore l'Unicef. L'agence dénombre 21.700 enfants non accompagnés dans ces centres en Italie, contre 17.700 il y a un an.

A cet égard, le dernier tour de vis italien inquiète particulièrement: «On ne peut pas les mettre avec des adultes», avertit en Italie Andrea Iacomini.


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
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  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.