PARIS: Les Etats-Unis sont devenus le premier fournisseur de gaz de la France en 2022, année du début de la guerre en Ukraine, devant la Norvège et la Russie où la France s'est fournie à hauteur de 15%, selon le "Chiffres clés de l'énergie 2023" publié jeudi.
Dans le contexte de très forte hausse des prix et de tensions sur l'approvisionnement liées à l'invasion russe, les Etats-Unis se sont aussi imposés comme la première source d'importation de pétrole brut pour la France, alors qu'ils étaient au 9e rang en 2018, la Russie reculant du 6e au 10e rang, précise le document publié annuellement par le ministère de la Transition énergétique.
Cette synthèse compile les grands chiffres permettant de comprendre le secteur et les dépendances de la France. Elle rappelle que "la France importe désormais la quasi-totalité des énergies fossiles qu'elle consomme".
Les quantités de pétrole brut importées des Etats-Unis ont augmenté de 37% à 6,2 mégatonnes équivalent pétrole en 2022, devant le Kazakhstan (5,7 Mtep), le Nigeria (4,2), l'Algérie (3,7) tandis que les achats directs à la Russie ont diminué de 30% à 2,2 Mtep, indique le document.
L'approvisionnement en gaz a, lui, été "profondément modifié par les répercussions de la guerre en Ukraine", détaille un graphique ventilant, pays par pays, les 640 TWh PCS de gaz importés par la France en 2022.
Si les importations françaises de gaz naturel ont "nettement" augmenté en 2022, c'est "en raison de la forte croissance des importations de gaz naturel liquéfié (GNL), dont une partie est destinée à d'autres pays après regazéification", observe le document.
En 2022, les États-Unis deviennent ainsi "le premier fournisseur de la France (25% des entrées brutes), devant la Norvège (22% du total des entrées brutes), la Russie (15%), l'Algérie (8%), le Qatar (4%), les Pays-Bas (3%) et le Nigeria (2%)".
L'année 2022 a été marquée par une "diversification des approvisionnements" avec des achats auprès d'autres pays qui se sont "fortement" développés, parallèlement à des achats sur les marchés (17%) où l'origine du gaz ne peut pas être retracée.
Pour Moez Ajmi, responsable énergie chez EY, interrogé récemment par l'AFP, la question est de savoir ce que feront les Etats-Unis après les élections de 2024, car l'approvisionnement massif de l'Europe "a créé une hausse des prix du gaz aux Etats-Unis" et "si par exemple demain, Donald Trump est réélu, ça m'étonnerait qu'il continue", dit-il.
"Aujourd'hui, la moitié à peu près de l'approvisionnement en GNL (en Europe), c'est un GNL américain, du gaz de schiste", observe-t-il.
Au total, la facture énergétique 2022 de la France a presque triplé (multipliée par 2,6, et même par 3,4 pour le seul gaz) et elle a "atteint un niveau record".
Une addition salée liée à l'envolée des cours du pétrole et du gaz, mais aussi d'un déficit de production d'électricité nucléaire inédit.
La facture énergétique a pesé "à hauteur de 116,3 milliards d'euros dans le déficit commercial de la France", souligne le document qui précise : "la facture gazière s'alourdit nettement passant de de 13,9 milliards d'euros en 2021 à 46,7 milliards d'euros en 2022" tandis que "la facture pétrolière et en biocarburants augmente de 79% en 2022".
Dès lors, l'indépendance énergétique de la France est retombée à 50%, malgré une tendance de la consommation d'énergie à "légèrement décroître depuis plusieurs années, hors crise sanitaire".
En France, ce sont les transports qui ont la plus grosse consommation finale d'énergie (34%), devant le secteur résidentiel (28%), l'industrie (18%), le secteur tertiaire (17%) et l'agriculture (3%).