PM albanais: «Je souhaite que nos relations avec les pays du Golfe se renforcent de plus en plus»

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, s'entretient avec Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, lors d'une interview (Photo, AN).
Le Premier ministre albanais, Edi Rama, s'entretient avec Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, lors d'une interview (Photo, AN).
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Publié le Jeudi 28 septembre 2023

PM albanais: «Je souhaite que nos relations avec les pays du Golfe se renforcent de plus en plus»

  • Edi Rama déclare à Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, que les réalisations des pays du Golfe sont une «source d'inspiration»
  • Il explique pourquoi les relations avec l'Iran restent rompus, se montre confiant quant à l'adhésion à l'UE et affirme que le fait d'être dans le camp occidental est une priorité pour l'Albanie

LONDRES: Au cours d'une longue interview accordée à Asharq News, Edi Rama, le Premier ministre albanais, a fait l'éloge des pays du Conseil de coopération du Golfe, a abordé les tensions avec l'Iran et a exprimé son optimisme quant à la voie à suivre pour rejoindre l'UE.

S'adressant à Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, il a exprimé son admiration pour les dirigeants de l'Arabie saoudite et des autres États membres du CCG, décrivant leurs réalisations comme «une source d'inspiration».

«En ce qui concerne l'Arabie saoudite et les pays du CCG, nous avons des relations très fortes avec les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite et le Koweït, et j’espère qu'elles se renforceront», a signalé Rama, peintre, écrivain, ancien professeur d'université, publicitaire et ancien joueur de basket-ball.

«Je constate avec admiration ce qui se passe là-bas, tant aux Émirats arabes unis qu'en Arabie saoudite, et je loue beaucoup les dirigeants qui font preuve de vision et développent ces pays, dont ils font, à bien des égards, une source d'inspiration.

«Nous pouvons être en désaccord sur certains points, mais ce n'est pas une raison pour ne pas admirer ce qu'ils font, et nous avons beaucoup à apprendre d'eux. Je souhaite que nos relations deviennent de plus en plus fortes», a-t-il ajouté.

En revanche, l'Iran est un pays du Moyen-Orient avec lequel les relations restent tendues. L'Albanie, membre de l'Otan, a accusé l'Iran d'avoir mené une cyberattaque le 15 juillet de l'année dernière, qui a entraîné la fermeture temporaire de nombreux services numériques et sites web du gouvernement albanais. Quelques jours plus tard, une deuxième cyberattaque a touché l'un des systèmes frontaliers de l'Albanie.

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, s'entretient avec Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, au cours d'une longue interview (Photo, Asharq News).

Tirana a réagi en coupant les relations diplomatiques avec Téhéran et en expulsant le personnel de l'ambassade iranienne. À l'époque, l'Arabie saoudite avait condamné la cyberattaque.

«Nous devions agir contre l'Iran parce que ce pays agissait brutalement contre nous», a déclaré Rama. «Ils ont pris l'Albanie pour cible avec une cyber-attaque malveillante.

«Pourquoi ? Parce que nous avons accueilli quelques milliers d'Iraniens, non pas pour faire de l'Albanie une tribune politique contre le régime – même si nous n'avons rien à aimer de ce régime – non pas pour leur donner une tribune contre le régime, mais pour leur donner un abri parce que leurs vies étaient en danger.

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, gribouille pendant le discours du ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Ukraine (Photo, AFP).

Rama faisait référence aux membres de l'Organisation des moudjahidines du peuple iranien, également connue sous le nom de Mojahedin-e-Khalq ou MEK, qui ont transféré leur quartier général de l'Irak à l'Albanie en 2016.

«Nous sommes un pays qui honore toujours les êtres humains et la vie humaine», a souligné Rama. «L'Iran ne l'a pas bien compris, voire pas du tout, et nous a attaqués, si bien que nous avons dû rompre les relations diplomatiques et les mettre à la porte.»

Au cours de l'interview, Rama s'est montré confiant quant à l'admission prochaine de son pays au sein de l'Union européenne des 27.

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, gribouille pendant le discours du ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Ukraine (Photo, AFP).

«Je suis toujours tragiquement optimiste – je ne suis pas pessimiste – mais je dois dire que pour moi, l'UE est la chose la plus fascinante dans l'histoire mondiale de la politique que l'humanité a créée», a-t-il déclaré à Al-Ahmari.

«Une vision de la paix et de la sécurité et une action visant à rapprocher des pays qui se combattent depuis longtemps et à faire passer les intérêts communs pour l'avenir au-dessus des différentes façons d'envisager l'histoire», a précisé Rama.

«D'autre part, l'UE a créé une expérience incroyable du fonctionnement de l'État, du fonctionnement institutionnel, d'une véritable séparation des pouvoirs, des droits, du respect des personnes et de l'égalité devant la loi», a-t-il ajouté.

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, s'entretient avec Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News, au cours d'une longue interview (Photo, Asharq News).

L'Albanie a déposé sa candidature pour intégrer à l'UE en avril 2009 et a obtenu le statut de pays candidat en juin 2014. L'UE a tenu sa première conférence intergouvernementale avec l'Albanie en juillet 2022.

Depuis lors, le Conseil de stabilisation et d'association UE-Albanie a salué les progrès de Tirana en matière d'État de droit, en particulier les réformes globales de la justice et les luttes contre la corruption et le crime organisé. Il a toutefois appelé à des progrès plus concrets en matière de liberté d'expression et de consolidation des droits de propriété.

«Je dois dire qu'il n'y a pas d'exigences irréalistes de la part de l'UE», a révélé Rama. «Nous devons faire nos devoirs et il est très important de s'assurer que tout le monde comprenne que nos devoirs ne sont pas quelque chose que nous devons faire à cause d'eux ou pour eux. Nos devoirs, nous devons les faire pour nos enfants, pour l'Albanie de demain

Adhwan al-Ahmari, animateur de l’émission télévisée Al-Madar d'Asharq News (Photo, AN).

Outre l'Albanie, sept autres pays sont reconnus comme candidats pour intégrer à l'UE : la Turquie, la Macédoine du Nord, le Monténégro, la Serbie, la Moldavie, l'Ukraine et la Bosnie-et-Herzégovine.

Le chemin de l'Albanie vers l'adhésion à l'UE n'a cependant pas été sans heurts, ce qui a donné lieu à des suggestions de blocage délibéré ou de sabotage.

Selon le recensement de 2011, 56,7% de la population albanaise adhère à l'Islam, ce qui en fait la religion la plus importante du pays. Le reste de la population suit le Christianisme (16,99%) ou est irréligieux.

Au cours des derniers mois, il a été spéculé que la décision sur l'adhésion de l'Albanie à l'UE avait été retardée à cause de réticences concernant sa population à majorité musulmane sur un continent historiquement chrétien. Rama a rejeté cette hypothèse comme étant une théorie de la conspiration.

«Nous avons peut-être beaucoup de musulmans dans notre pays, que Dieu les bénisse», a-t-il déclaré. «Nous avons aussi beaucoup de chrétiens. Et nous avons aussi beaucoup d'athées.»

«Mais ce qui est important, et ce que nous chérissons le plus, c'est qu'avant tout, ce sont tous des Albanais, ce sont tous des frères et des sœurs, et nous n'avons jamais eu de problèmes religieux ni de conflits, et nous avons toujours vécu notre vie ensemble. Dans notre pays, il est très courant que les chrétiens fêtent le Ramadan et les musulmans Noël. Je dirais donc que nous sommes vraiment dans une très bonne situation et qu'il n'y a pas de place pour les théories de la conspiration.

«Deuxièmement, je sais qu'en Europe, il n'est pas toujours facile d'accepter les musulmans. Et il y a parfois, malheureusement et honteusement, une voix ici, une voix là, un parti ici, un parti là, qui le dit sans vergogne», a expliqué Rama.

«Mais dans l'ensemble, l'UE n'est pas un endroit où les musulmans sont considérés comme un danger ou un problème, et ils sont plutôt bien accueillis et intégrés.»

Le veto de la Bulgarie à l'adhésion de la Macédoine du Nord à l'UE a bloqué les progrès de l'Albanie, car l'Union considère les deux pays comme faisant partie d'un seul et même ensemble de mesures d'adhésion. Toutefois, la voie a finalement été dégagée en juillet de l'année dernière.

Rama a indiqué que toute suggestion selon laquelle la Bulgarie, membre de l'UE depuis 2007, envisage d'entraver davantage l'adhésion de l'Albanie serait une nouvelle pour lui.

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, s'exprime lors d'une réunion du Conseil de sécurité de haut niveau sur la situation en Ukraine (Photo, AFP).

«Non, ce n'est pas quelque chose de vrai, je pense», a-t-il déclaré. «Ou du moins, si c'est vrai, c'est la première fois que j'en entends parler – et je serais très, très surpris. Mais nous entretenons des relations très amicales avec la Bulgarie et nous n'avons jamais eu de problèmes.

«Oui, nous avons eu des débats dans le passé, mais pas sur l'Albanie, sur la Macédoine du Nord, qui est notre voisin bien-aimé. Mais non, la Bulgarie ne ferait jamais une telle chose pour plaire à la Russie. Elle n’opposerait pas son veto à l'intégration de l'Albanie dans l'UE.»

De même, Rama a estimé qu'il voyait peu de chances que la Grèce, membre de l'UE, fasse obstacle à l'adhésion de l'Albanie à l'UE, indépendamment des différends passés.

«Au contraire, la Grèce a été bonne avec nous, elle a soutenu notre processus d'intégration», a affirmé Rama. «Des centaines de milliers d'Albanais vivent en Grèce, où ils travaillent et sont bien intégrés. Et il y a beaucoup de Grecs qui viennent ici pour le tourisme. Nous sommes donc des pays frères.»

Alors que l'Albanie vise à resserrer ses relations avec l'Europe, d'autres acteurs puissants, dont la Chine, la Turquie et la Russie, ont fait des incursions dans la région des Balkans occidentaux.

«Je ne les mettrais pas tous les trois dans le même panier, car il s'agit de trois acteurs différents ayant des raisons différentes et une volonté différente d'aborder les Balkans ou d'autres régions», a indiqué Rama.

Pays communiste de 1946 à 1991, l'Albanie s'est séparée de l'Union soviétique à la fin des années 1950 à la suite de la dénonciation de Joseph Staline par Nikita Khrouchtchev, que le dirigeant albanais de l'époque, Enver Hoxha, considérait comme une rupture avec les principes idéologiques du communisme.

Des membres des Mojahedin-e-Khalq agitent des drapeaux lors de la conférence «120 ans de lutte pour la liberté de l'Iran» dans une base de l'Organisation des Moudjahidin du peuple d'Iran à Manza, en Albanie (Photo, AFP).

Rama a mentionné que les relations stratégiques avec la Russie ne servaient pas les intérêts des Balkans à l'époque et qu'elles ne les servent pas aujourd'hui, comme le montre l'invasion russe de l'Ukraine.

«La Russie s'est révélée pleinement en attaquant brutalement l'Ukraine au cours de la troisième décennie du XXIe siècle, aux portes de l'UE, en investissant dans une guerre, en tuant des gens et en se dévoilant d'une manière qui est vraiment choquante. C'est une vision totalement impérialiste du monde», a déclaré Rama.

«Ce que la Russie veut dans la région est facile à comprendre, et nous ne sommes pas intéressés par une relation substantielle avec la Russie à cause de notre histoire, pour le meilleur ou pour le pire. Bien sûr, ce n'est pas la même Russie aujourd'hui. Mais elle n'est pas très différente et nous ne sommes donc pas intéressés. Ils ont également compris, avec le temps, que l'Albanie n'est pas un terrain où planter leurs graines de division avec l'Europe et avec l'Occident», a-t-il jugé.

L'Albanie a plutôt donné la priorité aux relations avec les pays occidentaux, a-t-il précisé.

«Nous sommes totalement dévoués à la communauté euro-atlantique, parce que l'histoire nous a enseigné des leçons très importantes et que c'est le meilleur endroit où se trouver pour des raisons de paix et de sécurité», a soutenu Rama.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »