Vêtements, logements, les Libyens multiplient les initiatives solidaires

Les participantes travaillent dans un centre de formation et de développement des femmes à Tripoli le 23 septembre 2023, contribuant aux efforts de secours en faveur des populations touchées dans l'est de la Libye à la suite d'une inondation meurtrière, en fabriquant des vêtements, des uniformes et des linceuls. (AFP)
Les participantes travaillent dans un centre de formation et de développement des femmes à Tripoli le 23 septembre 2023, contribuant aux efforts de secours en faveur des populations touchées dans l'est de la Libye à la suite d'une inondation meurtrière, en fabriquant des vêtements, des uniformes et des linceuls. (AFP)
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Publié le Dimanche 24 septembre 2023

Vêtements, logements, les Libyens multiplient les initiatives solidaires

  • Autour d'un plan de travail, entourées d'étagères remplies de rouleaux de tissu, les femmes font le tri et plient la production du jour
  • Les inondations meurtrières ont suscité au sein de la population un élan de solidarité transcendant les divisions politiques et tribales entre l'Est et l'Ouest

TRIPOLI: Une dizaine de femmes sont penchées sur leurs machines pour coudre, en urgence, des vêtements et linceuls à destination de Derna, dans l'est de la Libye, une ville dévastée par des inondations meurtrières il y a environ deux semaines.

"1.300 uniformes scolaires, 850 abayas, 650 linceuls" ont déjà été acheminés jusqu'à la cité de 100.000 habitants, où près de 3.800 personnes ont péri. Et ces femmes, en phase d'apprentissage, travaillent sur un deuxième envoi, en découpant et cousant à toute vitesse les pièces de tissus, dans un atelier de la capitale Tripoli (ouest), à plus de 1.300 km de Derna.

Dans ce centre de formation, le directeur Mohamed Kamour explique à l'AFP avoir suspendu les cours pour se consacrer à fournir de l'aide à la population de Derna, où des milliers de rescapés ont tout perdu à cause des inondations. Des immeubles et des quartiers entiers ont été rayés de la carte.

"Nous avons interrompu tous les types de formation", dit-il.

Les apprenties couturières "qui ont elles-mêmes besoin de travailler pour subvenir aux besoins de leurs familles" ont voulu participer aux aides envoyées dans l'Est pour soutenir leurs compatriotes. "Une priorité aujourd'hui", ajoute-t-il.

Selon lui, les demandes des habitants sinistrés lui sont transmises par des associations caritatives basées dans l'Est, en dépit des divisions politiques entre les régions orientale et occidentale du pays.

"Le centre a déjà pour vocation d'aider les familles nécessiteuses, alors vous imaginez notre mobilisation lorsqu'il s'agit d'une catastrophe d'une telle ampleur", explique-t-il.

Autour d'un plan de travail, entourées d'étagères remplies de rouleaux de tissu, les femmes font le tri et plient la production du jour: abayas grises ou vertes, tabliers blancs pour le personnel médical mais aussi des draps mortuaires pour les corps que les secouristes continuent de sortir des décombres.

A côté, dans "la salle de couture" au milieu du crépitement des machines, Karima Wanis, la formatrice, exprime "le sentiment d'avoir perdu des membres de sa famille". Il est "normal de venir en aide à nos frères de Derna", dit-elle.

Pour cette femme de 39 ans, il s'agit "d'aider des proches (...) puisque nous faisons tous partie de la même famille (...), Ouest ou Est. En fin de compte, la Libye nous réunit".

«Besoin d'un logement»

Les inondations meurtrières ont suscité au sein de la population un élan de solidarité transcendant les divisions politiques et tribales entre l'Est et l'Ouest, qui minent le pays nord-africain depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

"Nous avons vu des gens provenant de toutes les régions de Libye, même de Sebha dans le sud. Des gens venus (à Derna) de leur propre initiative, des tribus aussi", a noté jeudi Yann Fridez, chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Libye, à son retour d'une visite de trois jours sur place.

Avec les moyens du bord, des restaurateurs, des commerçants et des artisans se mobilisent dans l'ouest et le sud du pays.

Les aides se multiplient en particulier en faveur des survivants alors que plus de 43.000 personnes ont dû quitter les zones sinistrées et sont souvent sans abri ni ressources.

Les appels à héberger des déplacés sont nombreux sur les réseaux sociaux.

"Une famille vient d'arriver à Tripoli depuis Derna. Elle a besoin rapidement d'être logée", indique ainsi une publication sur Facebook, commentée par des volontaires qui proposent leur aide en postant leurs numéros de téléphone. Une campagne a aussi été lancée sur les réseaux sociaux sous le hashtag: "je suis Dernaoui et j'ai besoin d'un logement".

Les autorités libyennes divisées disent avoir des difficultés à répondre aux besoins urgents des rescapés et ont admis à plusieurs reprises que "l'ampleur de la catastrophe dépassait leurs capacités".

Pourtant, l'aide internationale ne faiblit pas. Des ponts aériens ont été mis en place par plusieurs pays et organisations humanitaires internationales.

L'ambassade du Qatar en Libye a annoncé l'arrivée samedi à Benghazi (est) de deux avions chargés de 60 tonnes d'aide, portant à huit le nombre d'appareils envoyés par Doha depuis la catastrophe. Un avion transportant de l'aide humanitaire envoyée par les Etats-Unis a aussi atterri jeudi à Benghazi, la grande ville de l'Est, située à 300 km de Derna.


Gaza: le Hamas estime que les déclarations de Biden sur les otages sont «  un revers » pour les négociations

Selon l'ONU, quelque 1,4 million de Palestiniens pour la plupart déplacés par les bombardements israéliens et les combats s'entassent à Rafah. (AFP).
Selon l'ONU, quelque 1,4 million de Palestiniens pour la plupart déplacés par les bombardements israéliens et les combats s'entassent à Rafah. (AFP).
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  • M. Biden a estimé samedi qu'un cessez-le-feu était possible "demain" si les otages retenus dans la bande de Gaza depuis l'attaque du mouvement islamiste palestinien en Israël le 7 octobre étaient relâchés
  • Plus de 250 personnes ont été enlevées ce jour-là et 128 restent captives à Gaza, dont 36 seraient mortes, selon l'armée

DOHA: Le Hamas a estimé dimanche que les déclarations la veille du président américain Joe Biden sur les otages constituaient "un revers" pour les négociations en vue d'une trêve dans la bande de Gaza.

M. Biden a estimé samedi qu'un cessez-le-feu était possible "demain" si les otages retenus dans la bande de Gaza depuis l'attaque du mouvement islamiste palestinien en Israël le 7 octobre étaient relâchés.

Plus de 250 personnes ont été enlevées ce jour-là et 128 restent captives à Gaza, dont 36 seraient mortes, selon l'armée.

"Nous condamnons cette position du président américain, nous la considérons comme un revers par rapport aux résultats du dernier cycle de négociations", a déclaré le mouvement dans un communiqué.

Vendredi, le Hamas a déclaré qu'Israël avait "rejeté la proposition soumise par les médiateurs" égyptien, qatari et américain, tandis que le mouvement islamiste palestinien l'avait "acceptée", après des pourparlers au Caire pour arracher une trêve à Gaza associée à la libération d'otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Dimanche, le Hamas a également affirmé que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'était "empressé de faire capoter" les pourparlers en attaquant Rafah, ville du sud de la bande de Gaza qu'il considère comme le dernier bastion du Hamas.


Une offensive à Rafah n'éliminerait pas le Hamas, juge Blinken

 Une offensive majeure d'Israël à Rafah provoquerait "le chaos" et "l'anarchie", sans pour autant éliminer le Hamas, a alerté le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken. (AFP).
Une offensive majeure d'Israël à Rafah provoquerait "le chaos" et "l'anarchie", sans pour autant éliminer le Hamas, a alerté le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken. (AFP).
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  • Le plan actuellement envisagé par Israël à Rafah "risque de provoquer d'énormes dégâts auprès de la population civile sans pour autant résoudre le problème", a estimé le chef de la diplomatie américaine, M. Blinken, sur NBC
  • Selon lui, une intervention israélienne à Rafah risquerait de créer "le chaos", "l'anarchie", et à terme, un retour du Hamas

WASHINGTON: Une offensive majeure d'Israël à Rafah provoquerait "le chaos" et "l'anarchie", sans pour autant éliminer le Hamas, a alerté le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken dimanche, maintenant la pression sur Israël.

Le plan actuellement envisagé par Israël à Rafah "risque de provoquer d'énormes dégâts auprès de la population civile sans pour autant résoudre le problème", a estimé le chef de la diplomatie américaine, M. Blinken, sur NBC.

Selon lui, une intervention israélienne à Rafah risquerait de créer "le chaos", "l'anarchie", et à terme, un retour du Hamas.

"Nous avons vu le Hamas revenir dans les zones qu'Israël a libérées dans le nord, même à Khan Younès", ville en ruines proche de Rafah, a assuré le secrétaire d'Etat.

Les Etats-Unis ont publiquement menacé de suspendre la livraison de certaines catégories d'armes à leur allié Israël, notamment des obus d'artillerie, si Israël lançait une offensive majeure dans la ville surpeuplée de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, à laquelle le président Joe Biden s'oppose.

Des inquiétudes réitérées par le conseiller à la sécurité nationale américain, Jake Sullivan, lors d'un entretien dimanche avec son homologue israélien Tzahi Hanegbi, selon un communiqué de la Maison Blanche.

D'après l'exécutif américain, M. Hanegbi a confirmé qu'Israël "prenait bien en compte les préoccupations des Etats-Unis".

A la question de savoir si les Etats-Unis considéraient que davantage de civils avaient été tués à Gaza que de membres du Hamas, Antony Blinken a répondu "oui", dimanche à la chaîne CBS.

M. Blinken s'est par ailleurs entretenu dimanche avec le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et a insisté de nouveau sur l'opposition américaine à une opération terrestre majeure à Rafah, a rapporté le département d'Etat.

Le secrétaire d'Etat "a souligné le besoin urgent de protéger les civils et les travailleurs humanitaires à Gaza et exhorté le ministre (Gallant) à garantir que de l'aide puisse entrer dans Gaza", a indiqué dans un communiqué le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller.

Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé un nouveau bilan de 35.034 morts dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien.

Le conflit actuel a éclaté le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent contre Israël, faisant plus de 1.170 morts, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.


Pas de répit dans les frappes israéliennes à Gaza, plus de 35.000 morts selon le Hamas

Considéré comme un groupe terroriste par Israël, l'Union européenne et les Etats-Unis, le Hamas a pris en 2007 le pouvoir à Gaza, une étroite bande de terre voisine du sud d'Israël. (AFP).
Considéré comme un groupe terroriste par Israël, l'Union européenne et les Etats-Unis, le Hamas a pris en 2007 le pouvoir à Gaza, une étroite bande de terre voisine du sud d'Israël. (AFP).
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  • Les plus grandes craintes internationales concernent aujourd'hui la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, et les quelque 1,4 million de Palestiniens qui s'y entassent
  • Israël, qui a juré d'anéantir le Hamas, veut lancer une offensive terrestre à Rafah qu'il considère comme le dernier bastion du mouvement dans le territoire palestinien assiégé

RAFAH: Les frappes et les opérations au sol meurtrières israéliennes ne connaissent pas de répit dans la bande de Gaza assiégée et menacée de famine, plus de sept mois après le début de la guerre qui a coûté la vie à plus de 35.000 Palestiniens selon le Hamas dimanche.

L'offensive majeure de l'armée israélienne, déclenchée par une attaque sanglante sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre, a dévasté le petit territoire palestinien surpeuplé, où selon l'ONU il n'y a plus "d'endroit sûr" pour les quelque 2,4 millions d'habitants.

Les plus grandes craintes internationales concernent aujourd'hui la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, et les quelque 1,4 million de Palestiniens qui s'y entassent, en majorité déplacés par les bombardements destructeurs et les combats.

Israël, qui a juré d'anéantir le Hamas, veut lancer une offensive terrestre à Rafah qu'il considère comme le dernier bastion du mouvement dans le territoire palestinien assiégé par son armée depuis le 9 octobre.

Mais pour le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, dont le pays s'oppose à un assaut majeur à Rafah, "il restera toujours des milliers de membres armés du Hamas", même avec une telle intervention.

A pied, à bord de véhicules ou des triporteurs, des Palestiniens continuent de fuir des secteurs de Rafah pour tenter de trouver refuge ailleurs dans le territoire palestinien.

"Nous avons vécu l'enfer pendant trois jours et les pires nuits depuis le début de la guerre", a raconté à l'AFP Mohammed Hamad, 24 ans, qui fait partie des 300.000 Palestiniens qui, selon Israël, ont fui les zones de l'est de Rafah visées par les bombardements après les ordres d'évacuation de l'armée.

Celle-ci a affirmé que ses troupes poursuivaient des opérations "ciblées" contre le Hamas dans l'est de Rafah, et "dix terroristes y ont été éliminés".

Ces dernières 24 heures, au moins 63 Palestiniens ont péri dans les bombardements israéliens dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas. Un hôpital de Rafah a annoncé avoir reçu les corps de 18 personnes.

« Pas d'endroit sûr à Gaza »

"Des véhicules militaires israéliens ont avancé sur environ 2,5 km en profondeur" de Rafah, a dit le porte-parole de l'autorité des points de passages de Gaza, Hicham Adwan.

La branche armée du Hamas a elle revendiqué des tirs d'obus sur des soldats et des véhicules israéliens près du passage de Rafah.

"Les autorités israéliennes continuent d'émettre des ordres de déplacement forcé (...) Cela oblige les habitants de Rafah à fuir n'importe où", a écrit sur X le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini. "Parler de zones sûres est faux et trompeur. Aucun endroit n'est sûr à Gaza", a-t-il dit.

Volker Türk, Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, a lui aussi dit qu'"il n'y a pas d'endroit sûr à Gaza". Les villes supposées recevoir des déplacés sont déjà "réduites en ruines".

En attaquant Rafah, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a voulu "faire capoter" les pourparlers sur une trêve et une libération d'otages retenus à Gaza, a accusé dimanche le Hamas.

Ce dernier avait affirmé avoir accepté une proposition des médiateurs -Egypte, Qatar, Etats-Unis- sur une trêve, mais Israël avait répondu que la proposition acceptée était "loin de (ses) exigences".

L'Egypte a elle dit vouloir s'associer à l'Afrique du Sud dans sa demande à la Cour internationale du justice d'imposer de nouvelles mesures d'urgence à Israël, après "l'étendue des attaques israéliennes contre les civils palestiniens".

Le Hamas tente de se reconstruire

Dans le nord de Gaza, l'armée a lancé des opérations à Jabaliya après avoir émis des ordres d'évacuation de ce secteur où selon elle "le Hamas tente de reconstruire ses capacités militaires".

Considéré comme un groupe terroriste par Israël, l'Union européenne et les Etats-Unis, le Hamas a pris en 2007 le pouvoir à Gaza, une étroite bande de terre voisine du sud d'Israël.

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël ont lancé une attaque qui a fait plus de 1.170 morts, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles. Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l'attaque et 128 restent captives à Gaza, dont 36 seraient mortes, selon l'armée.

En riposte, l'armée a lancé des bombardements intenses suivis d'une offensive terrestre le 27 octobre, qui ont ravagé Gaza, déplacé la majorité de la population et provoqué une catastrophe humanitaire avec une menace de famine imminente selon l'ONU et un lourd bilan humain: 35.034 de morts en majorité des civils selon le ministère de la Santé du Hamas.

L'armée a déploré la perte de 272 de ses soldats dans la campagne militaire à Gaza depuis le 27 octobre.

« Erez-Ouest »

Le patron de l'ONU Antonio Guterres a appelé de nouveau à un cessez-le-feu et à la libération des otages, lors d'une conférence à Koweït où des donateurs se sont engagés à verser plus de 2 milliards de dollars sur deux ans pour les opérations humanitaires à Gaza.

L'entrée des aides à Gaza est quasiment bloquée selon l'ONU depuis que l'armée a pénétré lundi dans l'est de Rafah et pris le point de passage frontalier avec l'Egypte, verrouillant une porte d'entrée névralgique pour les convois d'aides.

L'armée a annoncé l'ouverture d'un nouvel accès, "le passage d'Erez-Ouest", dans le nord de Gaza pour permettre l'entrée de l'aide. Une trentaine de camions chargés d'aides et venant du nord du territoire sont ensuite entrés à Gaza-ville, a constaté l'AFP.