PARIS: L'année 2020 a été exceptionnelle pour les ventes de vélos, dopées par la crise sanitaire, si bien que la pénurie guette désormais pour les deux-roues comme pour les pièces détachées.
« L'engouement pour le vélo est visible et en progression depuis 2017», décrit une porte-parole chez Décathlon.
Mais depuis début 2020, le géant du sport a constaté une vraie explosion avec les grèves dans les transports. Avec une préférence pour les VTT (tout-terrain), VTC (tout-chemin) et VAE (vélos à assistance électrique).
La crise du coronavirus a ensuite donné un nouveau coup d’accélérateur au marché du cycle qui devrait progresser de 15% en valeur en 2020, après +10% en 2019, selon une étude du cabinet Xerfi.
Toutes les formules se développent pour se lancer sur les routes: la vente de vélos traditionnels ou électriques, en neuf ou en occasion, via de grands distributeurs ou en vente directe sur le net, mais aussi la location longue durée et les cycles en libre-service.
Et les premières tensions se font sentir sur la chaîne d'approvisionnement.
Pénurie pour les enfants
Dans un magasin parisien, « par exemple, pour les vélos enfant, les moins de 10 ans, on a une pénurie totale », explique son patron Jean-Olivier Lassere. "Mais pour le reste des vélos, qu'ils soient musculaires ou électriques, on a la chance d'avoir fait nos programmations, donc on peut encore fournir les clients sur cette fin d'année ».
« Les prochains approvisionnements sur les modèles phares des gammes, quelle que soit la marque, c'est juillet, août, septembre, voire octobre 2021», poursuit M. Lasserre. Et pour les modèles vraiment demandés qui ont déjà été commandés, on bascule sur mars 2022».
Du côté des pièces détachées, pour les casques - les casques vélo enfant surtout - on a eu beaucoup de demande et de livraison en septembre et octobre », témoigne William Debode, un distributeur en Seine-Saint-Denis. « Là, en décembre, on va commencer à être vraiment en rupture, sur certaines tranches d'âge ».
« On est très dépendants de l'Asie en production », explique William Debode. « Actuellement, les outils de production de nos fournisseurs, principalement sur le casque et les antivols se trouvent en Asie. Ce sont des outils difficilement relocalisables dans des délais très courts de toutes manières, et les marques pour l'instant n'ont pas le souhait de relocaliser sur des marchés européens ».
Carine Berbon, analyste chez Xerfi, explique qu'« à la sortie du confinement, les magasins ont été dévalisés (...) Ils vendaient tous leurs modèles et l'offre était moins importante que d'habitude ». Plusieurs usines françaises, comme la Manufacture du cycle, ont investi et embauché depuis pour augmenter leur capacité de production, souligne-t-elle.
Tirées par l'électrique
Chez Décathlon, l'ensemble de l'offre proposée en Europe est fabriquée en France, Italie, Portugal ou Roumanie, « ce qui nous permet d'approvisionner les stocks dans de bons délais», selon la porte-parole. "Sur les modèles les plus plébiscités, nous avons accentué notre capacité de production, d'assemblage».
Toutefois, relève-t-on chez Décathlon, compte tenu de la situation actuelle et de la très forte demande, « nous sommes en flux tendu et certains produits peuvent faire l'objet de quelques jours d'attente selon les modèles. Nous suivons la situation au fur et à mesure".
Le groupe vient de lancer, comme le fabricant chinois Xiaomi, un vélo électrique à prix cassé.
« C'est surtout les vélos électriques qui ont tiré le marché en valeur, avec l'aide des primes à l'achat. A 1.200 euros en moyenne, ils coûtent beaucoup plus cher qu'un vélo classique, vendu 350 euros », souligne Carine Berbon.
« C'est rentré dans les habitudes des Français et les politiques publiques resteront très favorables à la pratique du vélo », dit-elle. Les ventes devraient progresser de 9% par an entre 2020 et 2023, selon le cabinet Xerfi.