ROME: Le gendarme italien de la concurrence a ouvert une enquête contre la compagnie aérienne irlandaise Ryanair, soupçonnée d'abus de position dominante aux dépens des agences de voyage et des consommateurs, a-t-il annoncé mercredi.
Selon l'Autorité de la concurrence et du marché, Ryanair utiliserait sa place de première compagnie aérienne de la péninsule pour accroître sa position en offrant d'autres services tels que la réservation de chambres d'hôtels et la location de voitures, au détriment notamment des agences de voyages en ligne et traditionnelles ainsi que des consommateurs.
Dans son communiqué, l'institution note que "Ryanair semble entraver l'achat par les agences de billets directement" sur son propre site et oblige les agences traditionnelles à passer par une plateforme intermédiaire pour acquérir des billets, "à des conditions bien moins favorables en termes de prix, de services disponibles et de gestion du billet après la vente".
"La conduite de Ryanair, visant à limiter la capacité des agences de voyage à vendre des billets d'avion, qui en général est le premier achat effectué pour organiser des vacances et représente la +porte d'entrée+ pour la vente d'autres services, aurait des effets non seulement sur les agences mais aussi sur les consommateurs finaux", estime l'Autorité.
Et ce notamment à travers "de moins bonnes conditions, tant en termes de qualité que de quantité, et des difficultés injustifiées dans la gestion des réservations", dénonce-t-elle.
La réaction de Ryanair ne s'est pas faite attendre: "Nous nous réjouissons de l'enquête de l'autorité italienne de la concurrence, qui démontrera aux passagers qu'ils devraient réserver directement sur Ryanair.com pour obtenir les meilleurs tarifs et que nous puissions communiquer directement avec eux".
Ryanair s'est dite aussi "surprise" que l'Autorité n'ait manifesté "aucun intérêt" sur le fait que les prix des billets et des options sur ses vols soient supérieurs sur les sites des agences en ligne de "jusqu'à 200%".
L'ouverture de cette enquête intervient au lendemain de la décision du gouvernement italien de retirer son projet de plafonner le prix des billets d'avion sur les vols à destination de la Sardaigne et de la Sicile, dont les tarifs avaient bondi.
Ce projet avait provoqué la colère de Ryanair, très présente sur ces liaisons et qui avait décidé en représailles de diminuer ses vols vers ces destinations et de porter l'affaire à Bruxelles, devant la Commission européenne.
Selon l'Organisation italienne de l'aviation civile (Enac), Ryanair a transporté en Italie en 2022 45,7 millions de passagers, soit presque 37% du marché national et international.