Somalie: avec l'essor de la construction, les femmes ingénieures démolissent les stéréotypes

Une ingénieure civile, Fathi Mohamed Abdi (C), supervise un chantier de construction à Mogadishu, en Somalie, le 13 août 2023. (AFP)
Une ingénieure civile, Fathi Mohamed Abdi (C), supervise un chantier de construction à Mogadishu, en Somalie, le 13 août 2023. (AFP)
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Publié le Mercredi 20 septembre 2023

Somalie: avec l'essor de la construction, les femmes ingénieures démolissent les stéréotypes

  • En Somalie, où les femmes représentent moins d'un tiers de la population active, selon la Banque mondiale, de nombreux parents désapprouvent de voir leurs filles collaborer avec des hommes
  • Le secteur du bâtiment connaît un essor dans la capitale somalienne, où la situation sécuritaire s'est quelque peu améliorée à la faveur d'une offensive militaire lancée depuis un an par le gouvernement contre les islamistes radicaux shebab

MOGADISCIO: Dans une capitale somalienne en plein boom, l'ingénieure en bâtiment Faduma Mohamed Ali a beaucoup de travail, supervisant des ouvriers, des hommes, deux fois plus âgés qu'elle, tout en bravant les stéréotypes dans ce pays musulman conservateur de la Corne de l'Afrique.

Elle a par exemple dû faire face à la stigmatisation sociale, l'opposition de sa famille et le harcèlement au travail, mais assure n'avoir jamais douté de son choix de carrière.

"J'ai toujours aimé les bâtiments et observer les structures comme celles des mosquées", explique à l'AFP cette jeune femme de 22 ans.

Lorsqu'elle s'est inscrite pour des études en génie civil – où elle était la seule fille de sa classe – ses proches n'ont pas compris.

"Ils disaient: Comment une fille peut-elle perdre du temps à étudier le génie civil ? C'est un travail d'hommes", raconte Faduma Mohamed Ali.

Même quand elle a eu son diplôme et trouvé un emploi à Mogadiscio, les critiques ont continué: "Ils me demandaient: Est-ce que tu es folle ?+".

«Opportunités»

En Somalie, où les femmes représentent moins d'un tiers de la population active, selon la Banque mondiale, de nombreux parents désapprouvent de voir leurs filles collaborer avec des hommes.

Mais les mentalités évoluent.

Ingénieure depuis trois ans à Mogadiscio, Fathi Mohamed Abdi, 23 ans,  assure avoir été soutenue par ses parents, qui sont "très heureux" qu'elle soit devenue la première à faire ce métier dans sa famille: "Personne n'avait jamais essayé".

"Ils ont commencé à m'encourager pendant mes études et ils continuent à le faire maintenant que je travaille", raconte la jeune femme.

À l'université, elle était l'une des deux seules femmes à étudier le génie civil. Son choix s'est avéré payant.

Le secteur du bâtiment connaît un essor dans la capitale somalienne, où la situation sécuritaire s'est quelque peu améliorée à la faveur d'une offensive militaire lancée depuis un an par le gouvernement contre les islamistes radicaux shebab dans le centre du pays.

"Grâce aux investissements croissants dans le secteur de la construction, il y a de nombreuses opportunités (d'emploi)", souligne Fathi Mohamed Abdi.

Hassan Mohamed Jimale, maire adjoint en charge des affaires publiques de Mogadiscio, assure que les autorités souhaitent voir davantage de femmes sur le marché du travail: "En tant qu'administration régionale, nous encourageons les femmes ingénieures. Le département en charge de l'urbanisme (emploie) des femmes ingénieures et nous avons une directrice adjointe".

Salaires inégaux

Mais les femmes ingénieures interrogées par l'AFP racontent être régulièrement confrontées au sexisme au travail.

"Les discours et les mauvaises opinions que les gens ont de nous en tant que femmes ingénieures est ce qui me déçoit le plus. Les hommes n'arrêtent pas de nous dire que ce métier n'est pas fait pour les femmes", déclare l'une d'entre elles, Iftin Mohamed, 26 ans.

"Les ouvriers font preuve d'insubordination lorsqu'ils sont supervisés par des femmes ingénieures, ils pensent que nous sommes faibles comparé aux hommes", ajoute-t-elle.

Les salaires ne sont pas à parité, souligne-t-elle également: "Les femmes sont payées moins que les hommes dans la plupart des cas, notamment dans les entreprises privées".

Maçon sous les ordres de Fathi Mohamed Abdi et d'autres ingénieures, Abukar Hussein Ibrahim dit apprécier de travailler avec des femmes mais ce n'est, selon lui, pas le cas de beaucoup de ses collègues.

"Les ouvriers du bâtiment trouvent incroyable de voir une femme ingénieure superviser leur travail. Ils passent beaucoup de temps à en parler (...) Ils se demandent sans cesse pourquoi une femme a été choisie et non un homme", explique cet ouvrier de 42 ans.

Il va pourtant falloir qu'ils s'habituent à voir des femmes exercer son métier, prévient Faduma Mohamed Ali.

"J'ai participé récemment à une formation et, à ma grande surprise, il y avait plus de 100 filles", raconte-t-elle: "C'était rare avant. Maintenant, les choses changent."


Cinq candidats retenus pour la présidence de la Banque africaine de développement

Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD), s'exprime lors de la célébration du 60e anniversaire de l'institution à l'hôtel Sofitel Ivoire d'Abidjan, le 10 septembre 2024. (AFP)
Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD), s'exprime lors de la célébration du 60e anniversaire de l'institution à l'hôtel Sofitel Ivoire d'Abidjan, le 10 septembre 2024. (AFP)
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  • Cinq candidats ont été officiellement retenus pour succéder au Nigérian Akinwumi Adesina à la tête de la Banque africaine de développement (BAD), lors de l'élection prévue le 29 mai
  • La BAD, fondée en 1964, compte 81 pays membres, dont 54 pays africains

Abidjan, Côte d'Ivoire: Cinq candidats ont été officiellement retenus pour succéder au Nigérian Akinwumi Adesina à la tête de la Banque africaine de développement (BAD), lors de l'élection prévue le 29 mai, a annoncé vendredi l'institution basée à Abidjan.

Deux candidats viennent d'Afrique de l'ouest: les anciens ministres de l'Economie du Sénégal (2019-2022), Amadou Hott et de Mauritanie (2008-2015) Sidi Ould Tah.

Deux autres sont originaires d'Afrique australe: l'économiste zambien Samuel Munzele Maimbo et la Sud-Africaine Bajabulile Swazi Tshabalala qui a été vice-présidente de l'institution.

Le dernier candidat est l'ancien gouverneur de la Banque des Etats d'Afrique centrale (2017-2024), le Tchadien Abbas Mahamat Tolli.

La BAD, fondée en 1964, compte 81 pays membres, dont 54 pays africains.

Elle fait partie des grandes banques multilatérales de développement et ses ressources proviennent notamment des souscriptions des pays membres, des emprunts effectués sur les marchés internationaux, et des remboursements et revenus des prêts.

Elle aide les pays africains en favorisant l'investissement dans des projets dans divers secteurs comme l'agro-industrie, le transport ou encore l'énergie ou la santé.

M. Adesina passe la main à la tête de l'institution après deux mandats de cinq ans pendant lesquels le capital souscrit de la BAD a plus que doublé, à près de 200 milliards de dollars.

Il avait été réélu en 2020, unique candidat, malgré des accusations de mauvaise gestion et de favoritisme. Il avait été disculpé peu avant par un comité d'experts.

Le président de la BAD est élu par le conseil des gouverneurs constitué des représentants des 81 pays membres, qui sont habituellement les ministres des Finances et du Plan ou des gouverneurs de banques centrales.

L'élection doit se tenir le 29 mai à Abidjan, siège de l'institution.


L'UE conditionne son aide au Liban à une réforme bancaire et un accord avec le FMI 

La Banque centrale du Liban. (AFP)
La Banque centrale du Liban. (AFP)
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  • Vendredi, la commissaire européenne pour la Méditerranée, Dubravka Suica, a précisé que, sur les fonds alloués, "500 millions avaient déjà été adoptés en août dernier, et 500 millions supplémentaires seront bientôt débloqués"
  • "La principale condition préalable est la restructuration du secteur bancaire (...) ainsi qu'un bon accord avec le FMI", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse après sa rencontre avec le président Joseph Aoun

BEYROUTH: Une responsable de l'Union européenne (UE) en visite au Liban a déclaré vendredi que le versement d'un demi-milliard d'euros de financement était conditionné à une restructuration du secteur bancaire et à la conclusion d'un accord avec le Fonds monétaire international (FMI).

En mai dernier, l'UE avait annoncé une aide d'un milliard d'euros pour le Liban afin d'endiguer l'immigration clandestine vers l'Europe. Cette aide vise à renforcer les services de base, notamment l'éducation et la santé, alors que le pays traverse une grave crise économique.

Vendredi, la commissaire européenne pour la Méditerranée, Dubravka Suica, a précisé que, sur les fonds alloués, "500 millions avaient déjà été adoptés en août dernier, et 500 millions supplémentaires seront bientôt débloqués, mais certaines conditions doivent être remplies".

"La principale condition préalable est la restructuration du secteur bancaire (...) ainsi qu'un bon accord avec le FMI", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse après sa rencontre avec le président Joseph Aoun.

"Une fois ces conditions remplies, nous poursuivrons bien sûr le versement" des fonds, a-t-elle ajouté.

La communauté internationale réclame depuis longtemps que le Liban mette en oeuvre des réformes pour débloquer des milliards de dollars d'aide et relancer son économie, après la crise financière de 2019, imputée à la gabegie et la corruption.

Le mois dernier, le Liban a élu un nouveau président après plus de deux ans de vacance du pouvoir, et un gouvernement a été formé ce mois-ci, remplaçant l'administration intérimaire.

Cette semaine, le FMI a déclaré être ouvert à un nouvel accord de prêt avec le Liban après des discussions avec son nouveau ministre des Finances.

Mme Suica a également dit avoir discuté avec Joseph Aoun d'un "nouveau pacte pour la Méditerranée", ce qui signifie, selon elle, que "nous allons entamer des accords globaux de partenariat stratégique bilatéraux avec des pays, dont le Liban".

L'UE cherche à stabiliser le pourtour méditerranéen afin d'éviter d'importants flux migratoires vers l'Europe. Le Liban affirme accueillir environ deux millions de Syriens, soit le plus grand nombre de réfugiés par habitant au monde, et constitue également un point de départ pour les migrants en route vers l'Europe.

 


Le pape François a passé une nouvelle «bonne nuit et s'est levé», selon le Vatican

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  • "La nuit s'est bien passée. Ce matin, le pape François s'est levé et a pris son petit déjeuner", indique un bref communiqué, une semaine après son hospitalisation
  • Le Vatican avait fait savoir jeudi soir que l'état de santé du pape était en légère amélioration

CITE DU VATICAN: Le pape François, 88 ans, a passé une nouvelle nuit calme à l'hôpital Gemelli de Rome où il est soigné pour une pneumonie touchant les deux poumons, a indiqué vendredi le Vatican.

"La nuit s'est bien passée. Ce matin, le pape François s'est levé et a pris son petit déjeuner", indique un bref communiqué, une semaine après son hospitalisation.

Le Vatican avait fait savoir jeudi soir que l'état de santé du pape était en légère amélioration.

"L'état clinique du Saint-Père s'améliore légèrement. Il est apyrétique (sans fièvre, ndlr) et ses paramètres hémodynamiques (circulation sanguine) restent stables", a annoncé le Vatican dans un bulletin de santé.

"Ce matin, il a reçu l'Eucharistie et s'est ensuite consacré à ses activités professionnelles", selon la même source.

Selon une source vaticane, il s'agit de contacts avec ses plus proches collaborateurs, la lecture et la signature de documents et des appels téléphoniques.

Dans la journée déjà, des cardinaux s'étaient montrés encourageants sur l'état de santé du pape argentin, assurant que ce dernier était "sur la bonne voie".

François a été admis à l'hôpital Gemelli de Rome vendredi dernier pour une bronchite, mais le Saint-Siège a révélé mardi qu'il avait développé une pneumonie dans les deux poumons, une infection du tissu pulmonaire potentiellement mortelle.

Cette hospitalisation, la quatrième depuis 2021, suscite de vives inquiétudes alors que le pape a déjà été affaibli par une série de problèmes ces dernières années, allant d'opérations du côlon et de l'abdomen à des difficultés à marcher.

Messages de soutien 

Ces préoccupations sont renforcées par la diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux, notamment sur X, rapportant la mort du pape en plusieurs langues.

"Quelle perte de temps", a déploré le cardinal espagnol Juan José Omella, qui assure que le pape va "beaucoup mieux". "L'important est de savoir comment il réagit aux médicaments. Mais je pense qu'il y a de l'espoir", a-t-il affirmé aux journalistes.

Aucune indication n'a toutefois été fournie sur la durée de ce séjour et le Vatican n'a pas précisé si François, qui n'est plus apparu en public depuis le 14 février, pourrait présider dimanche la prière hebdomadaire de l'Angélus.

L'hospitalisation du pape, à la fois leader spirituel de 1,3 milliard de catholiques et chef de l'Etat de la Cité du Vatican, a relancé les spéculations autour de sa capacité à assurer sa charge, alors que le droit canonique ne prévoit aucune disposition en cas de problème grave qui altèrerait sa lucidité.

L'évêque de Rome a reçu de nombreux messages de sympathie du monde entier, de la part de responsables politiques et religieux, de fidèles ou des dessins d'enfants.

Malgré des alertes de santé à répétition ces dernières années, Jorge Bergoglio, connu pour sa force de caractère, a maintenu un rythme effréné, au grand dam de ses médecins qui ne cessent de lui répéter de ralentir la cadence.