PARIS : Des rééquilibrages attendus, mais pas de bouleversements: les élections sénatoriales du 24 septembre doivent stabiliser la majorité sénatoriale de droite et du centre, malgré quelques dissidences. Le camp présidentiel compte, lui, sur une percée discrète du parti Horizons pour limiter les pertes.
. Sérénité pour la droite et Larcher
En campagne dans les Yvelines, le président (LR) du Sénat Gérard Larcher peut dormir sur ses deux oreilles: la mainmise des Républicains sur la chambre haute sera confirmée, sauf immense surprise, après le vote des 79.000 grands électeurs venus d'une quarantaine de départements et appelés à renouveler le Sénat de moitié comme tous les trois ans.
En poste au «plateau» pendant douze ans et sans discontinuer depuis 2014, le patriarche de la chambre des territoires n'a pas à s'inquiéter sur ses chances d'étirer son mandat à la présidence, même s'il devra s'assurer du soutien intact de ses alliés du groupe centriste, dirigé par le président de l'UDI Hervé Marseille. A priori une formalité.
«L'objectif est vraiment de nous maintenir. Par les temps politiques difficiles et instables que l'on connaît, la stabilité est déjà une grande victoire», relève à l'AFP Bruno Retailleau, le patron du groupe LR, crédité de 145 sénateurs sur 348 au total.
Quelques mois après les débats sur la réforme des retraites qui ont cristallisé les dissensions dans sa famille politique, le sénateur de la Vendée reconnaît tout de même qu'«on peut perdre un siège quand on est divisés», citant l'Essonne ou encore Paris, où les candidats officiels sont concurrencés par deux listes dissidentes.
. Renaissance inquiété, Philippe sur les rangs
Minoritaire et éparpillée dans plusieurs groupes au Sénat, la majorité présidentielle n'est pas dans une dynamique très favorable après ses résultats aux dernières élections municipales, dont les sénatoriales sont le reflet.
Le patron du groupe Renaissance au Sénat (RDPI), François Patriat, espère «rester constant voire croître légèrement», mais plusieurs de ses candidats sont en difficulté, concurrencés ici ou là par des listes proches des partis alliés Horizons, le mouvement d'Edouard Philippe, et du MoDem. Et ce, sans que l'exécutif ne prenne réellement soin de mettre de l'ordre dans les rangs.
«L'Elysée et Renaissance ont besoin d'Horizons et du MoDem à l'Assemblée nationale, donc ils n'ont pas trop intérêt à se mobiliser contre eux aux Sénatoriales», remarque un sénateur de la majorité.
En pleine tournée médiatique avec vue sur 2027, Edouard Philippe a repéré l'ouverture: sans faire de bruit, il a multiplié les déplacements en circonscription pour soutenir ses candidats, bien partis pour renforcer le groupe des Indépendants du sénateur Horizons Claude Malhuret.
Au point d'imaginer la constitution d'un groupe parlementaire plus large et officiellement étiqueté au Sénat ? «Notre objectif, c'est évidemment de faire en sorte qu'Horizons puisse (...) constituer un élément solide d'un pôle central de la chambre haute», a lancé l'ex-Premier ministre en clôture des journées de rentrée de son parti, vendredi. «C'est un rendez-vous politique très important».
. La gauche vise la barre des 100
Alliés dans une quinzaine de départements, mais sans La France insoumise, les trois groupes de gauche du Sénat (socialiste, communiste, écologiste) se sont fixés un défi: atteindre les 100 sénateurs au soir du 24 septembre, contre 91 actuellement.
«Je ne suis pas sûr qu'on y arrive, mais on espère tous progresser un petit peu», glisse Patrick Kanner, le chef de file des socialistes (64 sièges) qui doivent eux aussi gérer quelques divisions, comme dans le département du Nord.
Avec Yannick Jadot éligible à Paris, les écologistes semblent les mieux placés pour grossir leurs rangs: Quatre de leurs douze membres sont renouvelables lors de ce scrutin, et ils espèrent gagner quelques sièges pour «approcher la vingtaine», dixit leur président de groupe Guillaume Gontard.
. Le RN en embuscade
L'une des inconnues du scrutin est la capacité du Rassemblement national (RN) à s'infiltrer dans la chambre haute, où il est actuellement absent.
La dispersion des listes peut leur ouvrir des opportunités dans certains bastions comme le Nord, le Pas-de-Calais ou la Moselle.
«Je pense qu'on fera entre deux et cinq sièges, au maximum», estime le vice-président du parti Sébastien Chenu. Un décompte encore éloigné des 10 sénateurs requis pour constituer un groupe.