Inde: Mohammed ben Salmane salue une «relation inscrite dans notre ADN»

Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane (à gauche), pose avec la présidente indienne, Droupadi Murmu (au centre), et le Premier ministre indien, Narendra Modi à New Delhi, le lundi 11 septembre 2023 (Photo, AP).
Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane (à gauche), pose avec la présidente indienne, Droupadi Murmu (au centre), et le Premier ministre indien, Narendra Modi à New Delhi, le lundi 11 septembre 2023 (Photo, AP).
Short Url
Publié le Mardi 12 septembre 2023

Inde: Mohammed ben Salmane salue une «relation inscrite dans notre ADN»

  • Mohammed ben Salmane, a été accueilli à New Delhi lors d'une réception en son honneur
  • Les analystes estiment que le partenariat entre l'Arabie saoudite et l'Inde aura des implications profondes pour la région de l'Asie de l'Ouest

NEW DELHI: La visite d'État du prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, en Inde, qui fait suite au sommet des dirigeants du G20 à New Delhi, représente un tournant dans la dynamique stratégique de la région et pour les économies des deux pays, selon les analystes.

Le prince héritier est arrivé à New Delhi samedi matin pour diriger la délégation saoudienne au sommet du G20 avant d'entamer une visite d'État à l'invitation du Premier ministre indien, Narendra Modi, ce qui a donné un élan important aux relations commerciales et diplomatiques.

«Nous sommes très heureux d'être en Inde», a déclaré le prince héritier et Premier ministre saoudien lors d'une réception officielle organisée à New Delhi en l'honneur de sa visite. «Les relations entre l'Inde et la péninsule arabique remontent à des milliers d'années.»

«La relation entre nous est inscrite dans l'ADN de l'Arabie saoudite. L'Inde est notre amie. Elle nous a aidés à construire l'Arabie saoudite au cours des 70 dernières années. L'Arabie saoudite est très active en Inde, où elle contribue au développement.»

«Ce voyage met en lumière le travail saoudien effectué ici en Inde et garantit que notre relation est maintenue et améliorée dans l'intérêt des deux pays, et, avec le leadership du Premier ministre indien Narendra Modi, je suis sûr que cela se produira», a-t-il ajouté.

Droupadi Murmu (3e à droite) assiste à la poignée  de main entre Narendra Modi (3e à gauche) et Mohammed ben Salmane (2e à droite), à New Delhi, le 11 septembre 2023 (Photo, AFP).

Lundi, les deux dirigeants ont supervisé la signature de plusieurs accords conjoints portant sur l'énergie, la pétrochimie, les énergies renouvelables, l'agriculture et l'industrie, ainsi que d'autres dans les secteurs sociaux et culturels.

Les analystes estiment que le calendrier de la visite d'État et l'ampleur de leur engagement offrent des indices sur l'orientation de la pensée stratégique entre les deux gouvernements. «La visite du prince héritier, Mohammed ben Salmane, en Inde après l'accueil réussi du G20 par New Delhi a des implications significatives», a déclaré à Arab News Mohammed Soliman, directeur du programme des technologies stratégiques et de la cybersécurité au Middle East Institute.

«Elle témoigne d'un désir de renforcer les relations bilatérales entre l'Arabie saoudite et l'Inde, éventuellement par le biais d'accords commerciaux, d'investissements ou d'une coopération diplomatique.»

«En outre, la visite offre l'occasion de discuter de divers sujets, notamment des liens économiques, de la sécurité énergétique, de la diplomatie régionale et de l'engagement multilatéral. Elle souligne l'importance de la collaboration entre New Delhi et Riyad sur les questions économiques et diplomatiques mondiales», a-t-il ajouté.

EN BREF

  • Une déclaration conjointe publiée lundi indique que «les moyens d'approfondir les relations stratégiques entre les deux pays amis» ont été examinés.
  • Elle indique que «des points de vue sur les questions régionales et internationales actuelles» ont été échangés.
  • Le communiqué rappelle «l'importance de renforcer la coopération dans les domaines qui visent à faire progresser le partenariat économique entre les deux pays»

Lundi également, le prince héritier a participé à la réunion conjointe du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien à New Delhi, où il a déclaré aux responsables que les relations entre les deux pays étaient mutuellement bénéfiques.

«La visite de Mohammed ben Salmane en Inde prend tout son sens en raison de l'importance accordée à la première réunion des dirigeants du Conseil de partenariat stratégique de l'Inde et de l'Arabie saoudite», a déclaré à Arab News Ranjit Kumar, expert en affaires stratégiques basé à New Delhi.

«L'Inde attache une grande importance à ce conseil, qui est devenu un moyen de renforcer le partenariat stratégique entre les deux pays.»

«Le Premier ministre, Modi, a décrit l'Arabie saoudite comme le partenaire stratégique le plus important de l'Inde. Modi a noté à juste titre que les relations de coopération entre l'Inde et l'Arabie saoudite sont d’une importance considérable pour la paix et la stabilité dans la région.»

Le Premier ministre indien, Narendra Modi, et le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, ont tenu la première réunion des dirigeants du Conseil de partenariat stratégique (Photo, Ministère indien des Affaires étrangères).

Le développement d'un partenariat stratégique entre l'Arabie saoudite et l'Inde aura probablement des ramifications profondes pour l'ensemble de la région de l'Asie occidentale, élargissant potentiellement les intérêts communs au-delà du commerce dans des domaines tels que la coopération en matière de défense.

«La déclaration du Premier ministre Modi concernant l'importance de la relation entre l'Inde et l'Arabie saoudite pour la stabilité régionale fait probablement allusion à la convergence géopolitique et économique en cours entre le Moyen-Orient et l'Asie du Sud, formant ce que l'on appelle souvent l'Asie de l'Ouest», a déclaré M. Soliman.

«Dans ce paysage en évolution marqué par des dynamiques géopolitiques complexes, l'Inde et l'Arabie saoudite, deux économies influentes de la région ayant un impact mondial et régional, exercent une influence considérable sur la stabilité de la région», a-t-il ajouté.

«À ce titre, leur coopération devient de plus en plus importante, englobant des domaines tels que le partage de renseignements, la médiation diplomatique dans les conflits régionaux, la croissance économique et la garantie d'un approvisionnement énergétique sûr et fiable au sein de l'Asie de l'Ouest.»

L'un des principaux développements stratégiques du sommet des dirigeants du G20 de samedi a été le dévoilement de plans ambitieux visant à créer une «route des épices» des temps modernes, dont les implications géopolitiques pourraient être conséquentes.

L'Inde et l'Arabie saoudite, ainsi que les États-Unis, l'Union européenne, les Émirats arabes unis et d'autres pays, ont lancé cette initiative visant à relier les chemins de fer, les ports, l'électricité, les réseaux de données et les pipelines d'hydrogène.

Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane (à gauche), en compagnie du Premier ministre indien Narendra Modi, à New Delhi, lundi (Photo, Ministère indien des Affaires étrangères).

«Ce corridor ne reliera pas seulement les deux pays, mais promouvra la coopération économique, la connectivité numérique entre l'Asie, l'Asie de l'Ouest et l'Europe», a déclaré Modi dans des images diffusées par les médias d'État.

«En tant que deux des économies à la croissance la plus rapide au monde, notre coopération mutuelle est importante pour la paix et la stabilité de toute la région. Pour l'Inde, l'Arabie saoudite est l'un des partenaires stratégiques les plus importants.»

Pour M. Soliman, l'importance de ce nouveau corridor ne saurait être surestimée. «Le corridor Inde-Moyen-Orient offre un potentiel considérable pour le renforcement des relations et de la résilience stratégique entre les États méditerranéens, la région du Golfe et l'Inde, formant ainsi un pont géopolitique crucial entre l'Europe et l'Indo-Pacifique», a-t-il indiqué.

«Ce corridor peut jouer un rôle essentiel dans l'intégration économique en augmentant les opportunités de commerce et d'investissement. En outre, il renforce la sécurité énergétique de l'Inde en diversifiant ses sources d'énergie et en favorisant le développement des infrastructures.»

«Ces progrès jettent les bases d'une coopération diplomatique renforcée sur les questions transcontinentales, marquant ainsi une étape géopolitique et géoéconomique importante du XXIe siècle.»

Les experts soulignent également les immenses possibilités offertes aux entreprises indiennes par le programme de diversification économique et de réforme sociale Vision 2030 de l'Arabie saoudite, en particulier pour celles qui travaillent dans le secteur de la technologie.

«Nous savons que l'Arabie saoudite a de grands objectifs. Elle cherche à devenir une économie de transition, en s'éloignant du pétrole», a déclaré à Arab News Kabir Taneja, membre du programme d'études stratégiques de l'Observer Research Foundation à New Delhi.

«Nous avons le potentiel pour mettre en place des projets à la fois ici et en Arabie saoudite. L'Inde peut contribuer au développement d'une économie saoudienne localisée dans le secteur des services et des technologies de l'information et, bien entendu, l'Arabie saoudite dispose des capitaux nécessaires pour investir dans les infrastructures», a-t-il ajouté.

«Pour l'Inde, le financement des infrastructures est l'enjeu principal du moment et c'est ce qui alimente en grande partie cette croissance de 7,8 ou 7,9%.»

«Le développement des infrastructures est similaire à la situation de la Chine, et c'est pourquoi il est très important pour les relations bilatérales entre l'Inde et l'Arabie saoudite.»

Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, et le Premier ministre indien, Narendra Modi, se rendent à une séance de photos avant leur rencontre à Hyderabad House à New Delhi, en Inde, le 11 septembre 2023 (Photo, Reuters).

Pour Muddassir Quamar, professeur associé au Centre d'études sur l'Asie occidentale de l'université Jawaharlal Nehru à New Delhi, le renforcement des liens commerciaux va de pair avec la reconnaissance d'objectifs stratégiques communs dans la région.

«L'Inde et l'Arabie saoudite sont toutes deux des économies mondiales de premier plan, qui connaissent une croissance très rapide et reconnaissent l'importance des réformes économiques et de la prospérité pour les populations», a déclaré M. Quamar à Arab News.

«L'Arabie saoudite est une puissance régionale au Moyen-Orient, elle est la première économie régionale et joue un rôle majeur dans la politique et la stabilité de la région.»

«Certaines des initiatives récentes prises par l'Arabie saoudite pour lutter contre le changement climatique, sa méga campagne de reforestation, l'énergie verte et la commission mondiale de l'eau, jouent un rôle important pour la stabilité régionale.»

Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, (au centre) inspecte une garde d'honneur lors d'une réception au palais présidentiel, au lendemain du sommet du G20 à New Delhi, le 11 septembre 2023 (Photo, AFP).

En outre, l'intensification des liens entre l'Inde et l'Arabie saoudite reflète une évolution plus large vers un monde multipolaire, dans lequel les économies émergentes jouent un rôle plus important dans la détermination de leurs propres relations et de la dynamique du pouvoir au sein de leur voisinage respectif.

Alors que l'Inde devient cette année le pays le plus peuplé du monde et qu'elle est potentiellement en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Arabie saoudite et l'ensemble de la région du Golfe ont ajusté leurs priorités politiques en conséquence.

«Plusieurs initiatives ont été identifiées pour porter les relations à un niveau supérieur», a indiqué M. Kumar, expert en affaires stratégiques.

«Dans le contexte de l'évolution rapide du profil géopolitique du Moyen-Orient, l'Inde et l'Arabie saoudite ont toutes deux besoin l'une de l'autre pour équilibrer leurs relations en vue d'une Asie occidentale pacifique et stable, où résident plus de 8 millions de personnes d'origine indienne qui contribuent à dynamiser l'économie de la région.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Macron à Beyrouth: soutien ferme aux Libanais et leurs nouveaux dirigeants, pour une ère nouvelle

Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
Short Url
  • Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité
  • C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry

PARIS: En se rendant à Beyrouth, quelques jours après l’élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la désignation du nouveau premier ministre Nawaf Salam, le président français Emmanuel Macron a voulu confirmer que la France se tient fermement aux côtés du Liban et des Libanais, dans cette nouvelle ère qui s’ouvre.

C’est une ère porteuse de grands espoirs, pour un pays qui semblait voué au chaos, à cause de l’ineptie de sa classe politique et de ses luttes internes. C’est ce qu’il a voulu constater par lui-même en allant au contact des nouveaux dirigeants et du peuple libanais.

Mais c’est également une ère de défis complexes et difficiles, tant le Liban est fragilisé au niveau de ses institutions, de son économie et de son tissu social par des pratiques mercantiles et communautaires, les ingérences externes, puis récemment une guerre avec Israël qui a laissé une partie de son territoire en lambeaux.

Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité et consolider son unité.

C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry.

S’exprimant devant les journalistes à la suite de son tête-à-tête avec Aoun au palais présidentiel de Baabda il a souligné que la souveraineté passe par le respect du cessez-le-feu instauré entre le Liban et Israël le 26 novembre dernier et qu’il a qualifié de «succès diplomatique historique qui a permis de sauver des vies». Avec pour effet la nécessité de consolider le mécanisme de surveillance dont la France fait partie.

Cela implique une application stricte des engagements pris par les autorités israéliennes et libanaises dans le cadre de l'accord et dans les délais prévus.

 Soulignant que « des résultats ont été obtenus » à ce niveau, Macron a estimé qu’ils « doivent se fédérer, se confirmer dans la durée », avec « un retrait total des forces israéliennes, et un monopole total de l'armée libanaise sur les armes ».

C'est pourquoi ajoute Macron « nous soutenons, avec force la montée en puissance des forces armées libanaises et leur déploiement dans le sud du pays » tout en continuant à « consolider l'appui international en matière d'équipement de formation, et de soutien financier ».

Cet effort est soutenu par, la France à titre bilatéral et « je sais aussi que nos amis, l'arabie saoudite le Qatar les pays de la région sont prêts à faire davantage » ajoute-t-il, tout en travaillant « avec vous à la démarcation de la ligne bleue pour dégager une solution pérenne au bénéfice de la sécurité de tous ».

Macron a par ailleurs rappelé que cette souveraineté ne concerne pas que le sud du Liban, et que le contrôle des autres frontières, notamment dans le contexte du bouleversement en cours en Syrie, « constitue aussi un enjeu majeur ». 

L’autre pilier étant la prospérité au bénéfice de tous, il exprimé l’espoir d’une formation rapide du nouveau gouvernement pour mener à bien cette tâche et subvenir à l’urgence humanitaire qui n’est pas révolue.

La nécessité de réformer

La France assure t-il veille à ce que les engagements pris le 24 octobre à Paris soient tenus et qu'ils se traduisent matériellement au profit des populations déplacées par la guerre, Mais « au-delà des réponses d'urgence, la communauté internationale doit anticiper un soutien massif à la reconstruction des infrastructures des habitations détruites par la guerre, tout particulièrement au sud, où le million de déplacés libanais sont rentrés pour trouver leur maison et leur village réduits en cendres ».

À ce propos Macron a précisé qu’une conférence internationale pour la reconstruction se tiendra à Paris dans quelques semaines, lors d’une visite qu’effectuera le président libanais.

La prospérité suppose également des réformes, elles sont « attendues et connues » et s’adressant à Aoun dans des termes empreints d’une chaleur amicale « vous les portez, et vous les défendez », la réforme de la justice, la réforme bancaire, la réforme du marché de l'énergie, la lutte contre la corruption, « toutes ces réformes nécessaires, c'est le gouvernement à venir qui le portera, elles sont indissociables de cette reconstruction ». 

L'ensemble de ces points poursuit Macron doit servir le troisième objectif, « celui d'une nation libanaise, réconciliée et unie dans son pluralisme », car la plus grande des appartenances « est celle à une république qui croit dans l'universel, et d'un pluralisme qui respecte toutes les religions, toutes les communautés leur donnent à chacune sa place ».

Ce n'est que dans cette unité, assure-t-il dans « ce pluralisme réconcilié que le chemin est possible », rendant hommage au peuple libanais, aux milliers de victimes que le pays a déploré depuis le déclenchement de la guerre, « une guerre dans laquelle le Liban a été plongé, malgré lui par l'irresponsabilité de quelques uns ».

Avant sa rencontre avec Aoun au palais de Baabda Macron avait déposé une gerbe au monument du soldat inconnu, puis il s’est livré à un exercice qu’il affectionne particulièrement, en déambulant dans le quartier de Gemayzeh, qui avait été dévasté par l’explosion du port de Beyrouth en 2020

Évoluant au milieu d’une foule de libanais qui l’ont accueilli par des applaudissements chaleureux, il a siroté un café puis il a regardé des livres sur la reconstruction de ce quartier, qu’il avait visité juste au lendemain de l’explosion.

Il a échangé en toute spontanéité avec les personnes qui l’entouraient, il a fait des selfies, bu des jus de fruits, partagé une pizza en écoutant attentivement les personnes qui s'adressent à lui.

« Vous êtes adorable » lui lance une vieille dame, « aidez le Liban » lui demande un homme, une autre personne lui fait part de sa crainte d’une reprise de la guerre.

« Bon courage » et « garder le moral », assène le président français à ses interlocuteurs, avant de souligner que l’ère qui s’ouvre est une ère d’espoir où chacun a sa part à accomplir.

Macron avait commencé sa visite par une rencontre avec le premier ministre libanais en exercice Najib Mikati, et deux entretiens avec le chef d’état major de la FINUL, le général Jean-Jacques Fatinet, puis avec le commandant des opérations spéciales au sein du mécanisme de surveillance du cessez le feu le Général Jasper Jeffers et du représentant de la France au sein de ce mécanisme le général Guillaume Pin Hun.

 


Le procureur de la CPI, Karim Khan, rencontre le nouveau dirigeant syrien 

Short Url
  • Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire
  • M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion

DAMAS: Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a été reçu vendredi par le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh, qui a pris le pouvoir après la chute de Bachar al-Assad accusé de crimes durant la guerre civile, a indiqué l'agence de presse officielle Sana.

M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion.

Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire.

Le groupe islamiste de M. Chareh, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a mené une coalition qui a renversé Assad le 8 décembre, plus de 13 ans après la répression sanglante de manifestations anti-Assad ayant déclenché une guerre qui a fait plus de 500.000 morts.

Les nouvelles autorités ont promis de rendre justice aux victimes des atrocités commises durant les décennies de règne du clan Assad, s'engageant à juger les responsables impliqués dans la torture des détenus.

Elles ont exhorté la communauté internationale à leur remettre les personnes recherchées qui ont fui.

La CPI, basée à La Haye, n'a pas été en mesure d'enquêter sur la Syrie car le pays n'a jamais ratifié le Statut de Rome, son traité fondateur.

En 2014, la Russie et la Chine ont opposé leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité visant à renvoyer le dossier syrien devant la CPI.

 


Explosion au port de Beyrouth: le juge reprend ses enquêtes après deux ans de suspension

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
Short Url
  • M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires
  • La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar, chargé d'enquêter sur la  gigantesque explosion meurtrière au port de Beyrouth a repris ses investigations et engagé des poursuites contre dix nouvelles personnes jeudi, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale du Liban, tuant plus de 220 personnes et en blessant plus de 6.500.

M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires.

La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël et la chute de Bachar al-Assad en Syrie.

M. Aoun et M. Salam se sont engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire et à empêcher toute ingérence dans le travail du juge, dans un pays où la culture de l'impunité prévaut.

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes".

Il a précisé que les interrogatoires débuteront à partir du 7 février. Des séances d'interrogatoire sont également prévues en mars et avril avec d'autres inculpés, parmi lesquels des anciens ministres et députés.

Selon la même source, M. Bitar prévoit ensuite de clore l'enquête et de la transmettre au procureur général près la Cour de cassation pour qu'il examine l'affaire, en vue de formuler un acte d'accusation.

"Espoir" 

"Les promesses faites par le président et le Premier ministre, puis la reprise de l'enquête (...) aujourd'hui, nous donnent l'impression qu'il y a un espoir que les droits des victimes, pour lesquels nous n'avons cessé de lutter, ne seront pas oubliés", a déclaré à l'AFP Cécile Roukoz, l'une des avocates des familles des victimes, qui a perdu son frère dans l'explosion.

Jeudi, le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk a appelé à la "reprise d'une enquête indépendante", insistant sur la nécessité que les responsables "rendent des comptes" et proposant l'aide de son Bureau à cette fin.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Un premier juge chargé en 2020 de l'enquête avait dû jeter l'éponge, après avoir inculpé l'ex-Premier ministre, Hassan Diab, et trois anciens ministres.

Tarek Bitar s'était à son tour attaqué à des responsables politiques, mais a été confronté aux mêmes obstacles et à une demande du Hezbollah qu'il soit démis de ses fonctions.

Il avait repris son travail à la surprise générale en janvier 2023, inculpant plusieurs personnalités de haut rang, avant d'être poursuivi pour insubordination par le procureur général, une première dans l'histoire du Liban.

Les proches de victimes et de nombreuses ONG internationales ont demandé à plusieurs reprises la formation d'une commission d'enquête internationale, mais s'étaient heurtés à un refus officiel du Liban.

Dans son premier discours mardi, M. Salam a dit qu'il ferait "tout son possible pour rendre justice aux victimes de l'explosion".