NEW DELHI: Une possible réponse aux nouvelles "routes de la soie" de Pékin? Les Etats-Unis ont poussé, à l'occasion du G20, pour un ambitieux projet de "couloir" logistique reliant l'Inde et l'Europe au Moyen-Orient, avec un rôle de premier plan pour l'Arabie saoudite.
Un accord de principe a été signé samedi, à New Delhi, entre les Etats-Unis, l'Inde, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, l'Union européenne, la France, l'Allemagne et l'Italie, selon un communiqué diffusé par la Maison Blanche.
"C'est vraiment important": commentant cette signature, le président américain a parlé d'un accord "historique" lors d'une table ronde rassemblant les dirigeants concernés.
C'est "beaucoup plus que +seulement+ du rail ou un câble", a souligné la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, évoquant "un pont vert et numérique entre les continents et les civilisations".
A la fin de la réunion, Joe Biden s'est approché du Premier ministre indien Narendra Modi, hôte du sommet du G20, et du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, pour une poignée de main collective.
Afrique
Les Etats-Unis et l'Europe ont par ailleurs annoncé qu'ils s'associaient pour soutenir un autre projet d'infrastructures, en Afrique: le "couloir Lobito", reliant la République démocratique du Congo et la Zambie via le port de Lobito en Angola.
Si le projet visant à relier l'Inde à l'Europe en passant par divers pays du Moyen-Orient était réellement "concrétisé, ça changerait les règles du jeu", a jugé dans un message sur X (ex-Twitter) Michael Kugelman, expert au Wilson Center de Washington, et cela "viserait à contrer la BRI".
La "Belt and Road Initiative" est l'acronyme en anglais du programme dit "des nouvelles routes de la soie" par lequel Pékin réalise des investissements massifs dans nombre de pays en développement pour construire des infrastructures.
Ses opposants dénoncent un cheval de Troie chinois, destiné à obtenir une influence politique, et critiquent l'endettement qu'il fait peser sur des pays pauvres.
Joe Biden l'avait qualifié en juin de "programme d'endettement et de confiscation".
"Dans cette idée (de nouveau couloir logistique), il y a une concurrence avec les +routes de la soie+", a confirmé une source diplomatique française, pour qui l'annonce de Delhi est "juste le début d'une longue histoire".
Pour Paris, il faudrait notamment, à terme, "voir comment l'Egypte entre au tour de table".