POISSY: Choqués, surpris et tristes: les élèves du lycée professionnel Adrienne Bolland de Poissy (Yvelines) ont réagi jeudi matin au suicide d’un de leurs anciens camarades, qui avait signalé des faits de harcèlement.
"Tu étais mon meilleur ami, tu étais comme un frère pour moi. Tu vas nous manquer". C'est le mot que Kevin*, 15 ans, a collé sur la grille d'entrée du lycée, gardé par trois policiers en uniforme.
Kevin et l'adolescent du même âge qui s'est pendu mardi à son domicile se connaissaient depuis la primaire. Kevin dit avoir été au courant du harcèlement subi par le jeune garçon, mais il était loin de s'attendre à ce qu'il mette fin à ses jours.
"Je pensais que s'il changeait d'établissement ça allait s'arrêter, mais en fait pas du tout", raconte-t-il, ému, avant de montrer plusieurs textos échangés avec son ami pendant l'été.
Son dernier message, envoyé lundi, est resté sans réponse.
Une cellule psychologique a été mise en place ce matin pour les élèves du lycée.
L'adolescent qui s'est donné la mort était scolarisé depuis la rentrée dans un autre établissement, à Paris.
Selon les déclarations mercredi du ministre de l'Education nationale Gabriel Attal, son harcèlement avait été signalé dès décembre 2022, M. Attal évoquant des "brimades et des injures répétées".
Des rendez-vous avec la famille de l'adolescent ainsi que les élèves mis en cause et leurs parents ont eu lieu en mars 2023.
Le père avait par ailleurs déposé une main courante pour harcèlement en avril au commissariat de Poissy, mais n'avait pas souhaité déposer plainte, a-t-on appris de source policière.
"J’ai été assez choquée de savoir que quelqu’un dans notre lycée était décédé", a réagi Lara*, 17 ans, en terminale Métiers de la mode et du vêtement.
"On a tous eu la même réaction. On a tous été assez choqués et assez tristes pour la personne et la famille", poursuit la jeune fille, qui n'avait croisé l'adolescent qu'une seule fois, seul dans la cour de l'établissement.
M. Attal a annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête administrative sur les faits de harcèlement scolaire et la gestion de l'affaire par les services de l'Education nationale.
Le parquet de Versailles a pour sa part ouvert une enquête pour rechercher les causes de la mort en invitant "à rester à ce stade très prudent".
Jessica Macalou, 18 ans, en terminale professionnelle Accompagnement, soins et services à la personne, ne connaissait pas le jeune garçon, mais a été très surprise en apprenant la tragédie.
"Ca aurait pu être évité si ça avait été pris plus sérieusement en compte", lâche-t-elle avant de rentrer dans l'établissement.
* les prénoms ont été modifiés