PARIS : Plus d'un agent EDF sur quatre (28,61%) a fait grève jeudi, selon la direction, à l'appel des syndicats de l'énergie, qui réclament «un débat politique et démocratique» sur l'avenir du secteur en France, notamment sur le très contesté projet «Hercule» de scission d'EDF en trois entités.
Il s'agit de la troisième journée de mobilisation dans le secteur de l'énergie à l'appel de l'interfédérale (CGT, CFE-CGC, CFDT, FO) depuis un mois. Si la mobilisation demeure élevée à EDF, elle est en baisse de quelques points par rapport aux deux premières journées du mouvement, le 26 novembre (31,56% de grévistes en fin de journée) et le 10 décembre (32,4%).
«On peut se féliciter d'avoir organisé et réussi cette journée», s'est cependant réjoui auprès de l'AFP Sébastien Menesplier, secrétaire général de la Fédération nationale Mines et Energie CGT, premier syndicat du secteur, saluant «une mobilisation encore forte, qui ne fléchit pas».
Les premières actions ont commencé tôt jeudi matin avec des barrages filtrants aux abords de plusieurs sites d'EDF et d'Engie, ainsi qu'une opération escargot au Havre (Seine-Maritime), ont assuré les syndicats. Le nucléaire était particulièrement touché avec une baisse de production de 7.000 mégawatts à 11H00, selon la CGT.
Ce troisième jeudi de mobilisation, qui devrait être le dernier avant la fin de l'année, permet à l'interfédérale de réaffirmer son opposition à ce qu'elle a qualifié dans un communiqué de «destruction du service public de l'énergie», marquée notamment par le projet «Hercule».
Celui-ci prévoit de scinder EDF en trois entités : une entreprise publique (EDF bleu) pour les centrales nucléaires, une autre (vert) cotée en Bourse pour la distribution d'électricité et les énergies renouvelables et une troisième (azur) qui coifferait les barrages hydroélectriques dont les concessions seraient remises en concurrence sous la pression de Bruxelles.
«On fait fausse route, ce projet est très dangereux pour l'avenir énergétique du pays», souligne Sébastien Michel, secrétaire fédéral CFDT. «Ça peut être dramatique pour le consommateur», ajoute-t-il.
- «Opacité» -
Les syndicats critiquent en outre la fermeté de la direction d'EDF et l'impossibilité de dialogue social. «Tout se fait dans la plus grande opacité, c'est dramatique», regrette Sébastien Michel.
Mercredi, les six administrateurs salariés au comité d'administration d'EDF ont déploré ce manque de dialogue : «Nous ne pouvons accepter de n'avoir qu'une seule solution préformatée en toute opacité», ont-ils écrit dans une déclaration commune.
L'interfédérale peut compter sur le soutien des oppositions parlementaires, de gauche comme de droite. Mardi, la cheffe des députés PS, Valérie Rabault, a proposé un référendum d'initiative partagée (RIP) sur ce projet, craignant elle aussi le «démantèlement» d'EDF.
La semaine dernière, des députés des principaux groupes d'opposition à l'Assemblée nationale se sont joints à une conférence de presse des élus communistes, vent debout contre «Hercule».
Si la direction campe sur ses positions, les syndicats assurent vouloir continuer le combat à la rentrée, avec de nouvelles mobilisations dès les premières semaines de 2021. Et leur ambition est fixe : «On ne veut pas négocier sur ce projet, on veut son abandon», affiche Sébastien Menesplier.