MARSEILLE: Quatorze personnes, dont deux ex-maires de secteur LR, sont renvoyées devant la justice dans l'affaire des procurations douteuses qui avait marqué l'élection municipale de 2020 à Marseille, élection qui avait vu la deuxième ville de France basculer à gauche.
Trois élus, un directeur d'Ehpad, des militants politiques et associatifs et un commandant de police sont ainsi convoqués le 24 novembre pour une audience de mise en état au tribunal correctionnel de Marseille, a révélé Le Monde vendredi, sur la base d'un procès verbal de synthèse dont l'AFP a obtenu copie.
Parmi eux se trouvent l'ex-maire Les Républicains des 6e et 8e arrondissements (4e secteur) Yves Moraine et l'ex-maire LR des 11e et 12e arrondissements (6e secteur) et ex-député Julien Ravier, déclaré inéligible pour un an en 2022 en raison de ce dossier. Tous deux contestent les faits, M. Moraine reconnaissant seulement une politique "agressive" de collecte des procurations.
Ces 14 personnes sont poursuivies pour avoir "mis en oeuvre un système dit de +procurations simplifiées", où celles-ci étaient validées par un commandant de police du commissariat du 12e arrondissement, hors la présence des mandants, voire même sans leur accord. Au total, 194 procurations illégales avaient ainsi été produites, dont une cinquantaine pour des résidents de l'Ehpad Saint-Barnabé du 12e arrondissement, souffrant pour certains de maladies comme Alzheimer.
S'ils souhaitent échapper à un procès public, qui pourrait se tenir en 2024, les prévenus pourront solliciter une procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité, précise ce PV de synthèse.
Au second tour, le 28 juin 2020, la liste LR menée par Julien Ravier avait devancé de 352 voix celle du Printemps Marseillais conduite par Yannick Ohanessian. Malgré sa défaite dans ce secteur, le Printemps marseillais, large alliance de gauche, avait pourtant gagné la mairie centrale de Marseille, après 25 ans de règne de Jean-Claude Gaudin.
Yves Moraine est toujours conseiller municipal et d'arrondissement, conseiller métropolitain et vice-président au conseil départemental des Bouches-du-Rhône, où il est rapporteur du budget.
Martine Vassal, candidate LR à la mairie de Marseille et aujourd'hui présidente de la puissante métropole et du département des Bouches-du-Rhône, avait contesté toute connaissance ou implication dans les faits incriminés.
"Ses explications peuvent apparaître surprenantes dans la mesure où elle était tête de liste LR", mais "l'enquête n'a pas permis de mettre en évidence" sa participation "à ce système de procurations frauduleuses ou même qu'elle en ait eu connaissance", détaille le procureur de la République adjoint de Marseille dans ce PV.