Salah Abdeslam, détenu en Belgique, ne veut pas retourner en prison en France

L'accusé français Salah Abdeslam fait des gestes dans la salle d'audience alors qu'il comparaît à son procès aux côtés de jihadistes présumés, accusés d'avoir dirigé ou aidé des attentats-suicides dans le métro et l'aéroport de Bruxelles, le 22 mars 2016 à la cour d'assises de Bruxelles-Capitale le 6 décembre 2022. (Photo Didier LEBRUN / sources variées / AFP)
L'accusé français Salah Abdeslam fait des gestes dans la salle d'audience alors qu'il comparaît à son procès aux côtés de jihadistes présumés, accusés d'avoir dirigé ou aidé des attentats-suicides dans le métro et l'aéroport de Bruxelles, le 22 mars 2016 à la cour d'assises de Bruxelles-Capitale le 6 décembre 2022. (Photo Didier LEBRUN / sources variées / AFP)
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Publié le Jeudi 31 août 2023

Salah Abdeslam, détenu en Belgique, ne veut pas retourner en prison en France

  • Le djihadiste français de 33 ans, condamné en juin 2022 à Paris à la perpétuité incompressible pour les attentats du 13 novembre 2015 (130 morts), a effectué la plus grande partie de sa détention en France depuis son arrestation à Bruxelles
  • Même s'il a la nationalité française, il a passé toute son enfance à Bruxelles où ses parents d'origine marocaine ont émigré

BRUXELLES: Salah Abdeslam, écroué en Belgique où il encourt une peine de prison à vie pour les attentats de 2016, souhaite effectuer sa détention dans ce pays et ne plus retourner en prison en France, a indiqué jeudi à l'AFP le tribunal belge qui va examiner cette requête.

Le djihadiste français de 33 ans, condamné en juin 2022 à Paris à la perpétuité incompressible pour les attentats du 13 novembre 2015 (130 morts), a effectué la plus grande partie de sa détention en France depuis son arrestation à Bruxelles le 18 mars 2016.

En juillet 2022, ce détenu hautement surveillé a été "prêté" à la Belgique le temps du procès prévu cette fois pour les attentats de Bruxelles perpétrés par la même cellule (32 morts le 22 mars 2016).

Avant même la fin de ce procès-fleuve --qui doit reprendre lundi matin devant la cour d'assises de la capitale belge--, il a exprimé qu'il s'opposait à son retour en France, selon des informations confirmées jeudi à l'AFP par le tribunal de première instance francophone (TPIF) de Bruxelles.

"M. Abdeslam s’oppose à son transfèrement en France", a indiqué le service de presse du TPIF, et une requête en ce sens doit être examinée "lundi à 14H00" par ce tribunal siégeant dans la même enceinte que la cour d'assises, à l'ex-siège de l'Otan.

Il s'agit d'une action en référé (en urgence) à l'encontre de l'Etat belge qui devra exprimer un avis sur la demande.

Conséquence: la cour d'assises, qui doit encore se prononcer sur les peines pour les huit accusés reconnus coupables de participation ou de complicité dans les attentats de mars 2016, devrait suspendre son audience lundi après-midi, le temps des plaidoiries dans l'action en référé de Salah Abdeslam.

Dix hommes au total ont été jugés depuis décembre 2022 pour les attentats de Bruxelles, revendiqués comme ceux de Paris par l'organisation Etat islamique.

Le 25 juillet, six d'entre eux dont Salah Abdeslam ont été reconnus coupables d'"assassinats et tentatives d'assassinat dans un contexte terroriste", ce qui leur fait encourir la réclusion à perpétuité.

Deux autres accusés, coupables de participation aux activités d'un groupe terroriste, encourent une peine de dix ans maximum. Enfin, il y a deux acquittements.

Outre la peine liée à sa participation aux faits du 13 novembre 2015, Salah Abdeslam purge aussi actuellement une condamnation à vingt ans de prison prononcée en 2018 à Bruxelles pour sa participation à une fusillade avec la police en mars 2016, trois jours avant son arrestation.

Même s'il a la nationalité française, il a passé toute son enfance à Bruxelles où ses parents d'origine marocaine ont émigré.


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.