Niger, Gabon, deux putschs aux circonstances bien différentes

Des habitants brandissent le drapeau national gabonais à Libreville le 30 août 2023 suite à l'annonce d'un groupe d'officiers militaires gabonais de mettre fin au régime actuel. (AFP)
Des habitants brandissent le drapeau national gabonais à Libreville le 30 août 2023 suite à l'annonce d'un groupe d'officiers militaires gabonais de mettre fin au régime actuel. (AFP)
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Publié le Mercredi 30 août 2023

Niger, Gabon, deux putschs aux circonstances bien différentes

  • Selon le chercheur, le régime initial n'est pas le même. La légitimité de la réélection d'Ali Bongo était posée quand la légitimité de Mohamed Bazoum était réelle.
  • Au Niger, comme au Gabon, ce ne sont pas des coups anti-français. La motivation initiale est la prise de pouvoir

PARIS: Les putschistes au Gabon et au Niger ont un profil similaire mais les circonstances des coups d'Etat survenus à un mois d'intervalle sont très différentes, souligne Elie Tenenbaum, chercheur à l'Institut français des relations internationales. Dans les deux cas, ils ne sont pas sans conséquences pour la France en Afrique.

QUESTION: Quels sont les points communs et les différences entre le coup d'Etat au Niger et le putsch au Gabon?

REPONSE: C'est le même profil de gens qui s'emparent du pouvoir: des militaires d'une garde présidentielle censés être les garants du régime et qui sont ceux les plus à même de le renverser. Mais il y a beaucoup de différences entre les deux coups d'Etat.

Le régime initial n'est pas le même. La légitimité de la réélection d'Ali Bongo était posée quand la légitimité de Mohamed Bazoum était réelle.

Le Gabon fait partie des pays d'Afrique centrale dominés par des régimes autoritaires, familiaux, installés depuis fort longtemps, contrairement au Niger où il y eu des alternances.

De plus, au Niger, la situation sécuritaire s'améliorait mais restait très compliquée là où au Gabon, il n'y a pas de fortes tensions sécuritaires, pas de guerre civile, pas de terrorisme ou de menace sécuritaire imminente.

D'ailleurs, les putschistes au Gabon dans leur communiqué ce matin évoquent une crise institutionnelle, politique, économique et sociale.

Au Niger, les militaires ont pris le pouvoir au prétexte de répondre à des questions de sécurité.

Afrique: avec le Gabon, huit coups d'Etat en trois ans

Avec le putsch de mercredi au Gabon, l'Afrique a connu huit coups d'Etat depuis août 2020, principalement dans des pays francophones.

Au Gabon, pays d'Afrique centrale dirigé depuis plus de 55 ans par la famille Bongo, des militaires putschistes ont annoncé mercredi avoir mis "fin au régime en place" et placé en "résidence surveillée" le président Ali Bongo Ondimba, dont la réélection venait d'être annoncée. La France, ex-puissance coloniale, et l'Union africaine, notamment, ont condamné ce coup d'Etat.

Niger 

Le 26 juillet 2023, des militaires annoncent avoir renversé le président Mohamed Bazoum. Le général Abdourahamane Tiani devient le nouvel homme fort du pays.

La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) annonce le 10 août son intention de déployer une force régionale pour "rétablir l'ordre constitutionnel", tout en continuant de privilégier la voie diplomatique.

Les militaires proposent une période de transition de "trois ans" maximum avant de rendre le pouvoir aux civils.

Burkina Faso: deux putschs en 8 mois 

Le 24 janvier 2022, le président Roch Marc Christian Kaboré est chassé du pouvoir par des militaires, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba est investi président en février.

Le 30 septembre, Damiba est à son tour démis de ses fonctions par des militaires, le capitaine Ibrahim Traoré est investi président de transition jusqu'à une élection présidentielle prévue en juillet 2024.

Soudan

Le 25 octobre 2021, des militaires menés par le général Abdel Fattah al-Burhane chassent les dirigeants civils de transition, qui étaient supposés mener le pays vers la démocratie après 30 ans de pouvoir d'Omar el-Béchir, lui-même destitué en 2019.

Depuis le 15 avril 2023, une guerre due à une lutte de pouvoir entre le général Burhane et son ancien second Mohamed Hamdane Daglo a fait au moins 5.000 morts dans le pays.

Guinée 

Le 5 septembre 2021, le président Alpha Condé est renversé par un coup d'Etat militaire. Le 1er octobre, le colonel Mamady Doumbouya devient président.

Les militaires ont promis de rendre la place à des civils élus d'ici à fin 2024.

Mali: deux coups d'Etat en 9 mois

Le 18 août 2020, le président Ibrahim Boubacar Keïta est renversé par des militaires, un gouvernement de transition est formé en octobre.

Mais le 24 mai 2021, les militaires arrêtent le président et le Premier ministre. Le colonel Assimi Goïta est investi en juin comme président de transition.

La junte s'est engagée à rétrocéder le pouvoir aux civils après des élections prévues en février 2024.

Q: Faut-il s'attendre à une poussée du sentiment anti-français à l'occasion de ce putsch?

R: Pour l'instant, la situation est très volatile mais il n'y a pas eu de déclaration hostile à la France.

Au Niger, comme au Gabon, ce ne sont pas des coups anti-français. La motivation initiale est la prise de pouvoir. Les putschs reflètent des tensions politiques internes. Le problème est que la France est associée au soutien de ces régimes, de manière relativement récente en ce qui concerne le président Mohamed Bazoum et de manière très ancienne et historique avec Ali Bongo. La famille Bongo est indissociable du soutien que la France lui a apportée depuis son avènement au pouvoir en 1967. Tous les Gabonais et Gabonaises associent le pouvoir de Libreville au soutien français.

On peut donc redouter que la volonté de rupture politique avec la famille Bongo passe aussi par une volonté de rupture avec ceux qui ont été ses partenaires les plus proches dont la France.

Et si la France n'a plus de volonté de protéger les régimes autocrates, elle continue d'être ciblée par des mouvements panafricains pour une ingérence qui, de fait, n'existe plus mais qui continue d'être stigmatisée, fustigée par les opposants.

La France devient un épouvantail politique extrêmement utile pour tous les pouvoirs en transition surtout quand ceux-ci sont eux-mêmes condamnés pour la manière dont ils sont arrivés au pouvoir.

Q: Quelles sont les conséquences pour la politique de la France en Afrique ?

R: Le Gabon fait partie des pays qui ont une présence militaire française ancienne et cadrée. Le pays compte entre 350 et 400 coopérants militaires et la base navale de Port-Gentil.

Cette présence a été considérablement réduite puisqu'en 2012, il y avait encore près d'un millier d'hommes sur la zone qui s'est transformée en pole opérationnel de coopération.

Le Gabon est l'un des trois pays avec le Sénégal et la Côte d'Ivoire où sont déployées des forces permanentes françaises. Il faut y ajouter le Niger et le Tchad où se trouvent des forces opérationnelles.

Sur le plan économique, les échanges se sont considérablement réduits entre la France et le Gabon. En dépit d'une légère reprise avec la crise ukrainienne, les importations françaises en 2022 culminaient à 300 millions d'euros. C'est deux fois moins qu'avec la Lettonie! Mais le passé avec des affaires comme celles d'Elf Gabon sont des choses qui restent en mémoire et qui pourraient se retourner contre la France.


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.