LONDRES: La Cour Suprême britannique a donné raison mercredi à l'aéroport d'Heathrow en autorisant son projet controversé de troisième piste et en contredisant un jugement en appel qui l'avait retoqué pour des raisons environnementales.
La plus haute juridiction au Royaume-Uni valide cet agrandissement alors même qu'en raison de la procédure judiciaire et de l'impact de la crise sanitaire, Heathrow a décidé de retarder d'au moins deux ans la construction de cette piste, dont les travaux devaient initialement débuter en 2022 et durer quatre ans.
La cour d'appel avait pourtant estimé en février que ce projet n'était pas assez respectueux de l'environnement et que le précédent gouvernement conservateur, qui l'a approuvé en 2018, aurait dû tenir davantage compte de l'Accord de Paris sur le réchauffement climatique.
Elle avait alors donné raison aux écologistes, à des conseils d'arrondissement et au maire de Londres Sadiq Khan, opposés à la construction d'une troisième piste. La cour d'appel avait contredit un premier jugement de mai 2017 qui avait donné tort aux associations écologistes.
Mais la Cour Suprême a jugé mercredi que la décision du ministre des Transports de l'époque Chris Grayling était légale et qu'il n'avait « pas d'obligation » de tenir compte des accords de Paris.
Contrairement à Heathrow qui avait saisi la Cour suprême, le gouvernement lui n'avait pas déposé de recours alors que le conservateur Boris Johnson n'a jamais caché son opposition à cette extension.
Ce projet faramineux, d'un coût de 14 milliards de livres pour sa première phase, est censé permettre à l'aéroport d'accueillir à terme 130 millions de passagers par an, contre 78 millions avant que la pandémie ne frappe.
Le projet doit être financé par le consortium d'investisseurs propriétaires de l'aéroport, dont des fonds souverains de Chine, de Singapour et du Qatar.
Heathrow, situé à l'ouest de la capitale britannique et qui était l'un des principaux hubs aéroportuaires mondiaux avant la pandémie, a vu le trafic aérien s'effondrer depuis le début de la pandémie, et a décidé de garder son terminal 4 fermé jusqu'à fin 2021.
Face à la crise historique traversée par le secteur aérien et une reprise qui pourrait durer plusieurs années, l'aéroport a lancé un programme d'économies et annoncé une pause dans ses projets d'investissement.