BEYROUTH: La presse libanaise a fait ses adieux à l'ancien éditeur et rédacteur en chef du journal As-Safir, Talal Salman, suite à son décès dans sa ville natale de Shmustar, dans la vallée de la Bekaa, à l'âge de 85 ans.
Talal Salman, journaliste libanais, a fondé le quotidien As-Safir en 1974.
Le journal avait pour slogan «Le journal du Liban dans le monde arabe et du monde arabe au Liban».
Le projet de Salman a été lancé après des années d'expérience dans le journalisme. Au fil des décennies, il est devenu une figure médiatique de renommée mondiale dans les affaires arabes et libanaises, ayant une influence sur l'opinion publique.
Il était connu pour ses entretiens approfondis avec la majorité des présidents, des dirigeants et des responsables arabes.
Parmi ses articles les plus influents figurent ses éditoriaux où il défend la cause palestinienne et la question de l'arabité.
Alors que le pays s'embourbait dans la guerre civile, As-Safir est devenu l'un des principaux journaux du Liban en s'opposant au quotidien bien établi An-Nahar.
Il a continué à paraître quotidiennement malgré le siège israélien de Beyrouth en 1982.
As-Safir était la voix de la gauche libanaise et du mouvement national palestinien. Il a contribué à préserver une identité nationale laïque dans un contexte confessionnel, et a également dû faire face à la présence syrienne au Liban.
En 1984, Salman a été victime d'une tentative manquée d'assassinat, tandis que d'autres incidents ont donné lieu à des tentatives d'explosion de son domicile et à des attentats à la bombe contre les presses d'imprimerie de son journal.
Salman est resté rédacteur en chef du journal jusqu'à sa fermeture fin 2016, face aux médias alternatifs et aux changements dans la diffusion de l'information.
Parmi les nombreuses récompenses qu'il a reçues, citons le prix international Posuvalyuk pour ses reportages sur les événements au Moyen-Orient et le titre de personnalité médiatique de l'année 2009 décerné par le Forum des médias arabes.
Il a également reçu un doctorat honorifique de l'Université libanaise en 2010 en reconnaissance de son rôle unique dans le journalisme, les médias et la littérature journalistique.
L'ancien Premier ministre Fouad Siniora a déclaré que Salman «était une référence unique et respectée dans la presse libanaise et arabe, et qu'il était un exemple de courage pour porter la bannière arabe progressiste».
«Lorsqu'il s'est rendu compte que les circonstances ne permettaient plus de continuer à publier As-Safir au même niveau, il a eu le courage de prendre l'amère décision de fermer le journal qui lui tenait le plus à cœur», a-t-il ajouté.
Dans sa notice nécrologique, le Syndicat de la presse écrit: «Il a été trahi par la vieillesse, mais pas par sa plume, ni par sa quête de vérité. Pendant plus de 60 ans, il a été une personne libre et un défenseur de la liberté et de la libération jusqu'à la dernière goutte d'encre et de sang.»
Joseph al-Qusaifi, président du Syndicat des rédacteurs de presse libanais confie: «Talal Salman a réussi à créer une école de journalisme qui s'est distinguée par son leadership.»
«Il a mobilisé au sein de ses locaux et de ses bureaux des journalistes créatifs, des spécialistes et des reporters reconnus pour leur expérience, leur professionnalisme et leur capacité à franchir les barrières fermées et à fournir des informations exactes, si bien que son journal est devenu l'une des références fiables pour la recherche d'informations exactes.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com