Washington sanctionne des responsables chinois pour l'«assimilation forcée» d'enfants tibétains

Antony Blinken cite le travail de rapporteurs spéciaux de l'ONU, qui ont conclu en février qu'environ un million d'enfants tibétains avaient été séparés de leurs familles et assimilés de force dans des pensionnats (Photo, AFP).
Antony Blinken cite le travail de rapporteurs spéciaux de l'ONU, qui ont conclu en février qu'environ un million d'enfants tibétains avaient été séparés de leurs familles et assimilés de force dans des pensionnats (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 23 août 2023

Washington sanctionne des responsables chinois pour l'«assimilation forcée» d'enfants tibétains

  • Antony Blinken a annoncé que son pays n'accorderait plus de visa aux dirigeants chinois responsables du système de pensionnats où sont envoyés de force des jeunes Tibétains
  • Les politiques menées par Pékin «visent à éliminer les traditions linguistiques, culturelles et religieuses propres au Tibet parmi les jeunes générations de Tibétains»

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont imposé mardi des sanctions contre des responsables chinois menant une politique d'"assimilation forcée" d'enfants tibétains, dont plus d'un million ont été séparés de leur famille selon des experts de l'ONU.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a annoncé que son pays n'accorderait plus de visa aux dirigeants chinois responsables du système de pensionnats où sont envoyés de force des jeunes Tibétains séparés de leurs familles.

Cette décision s'inscrit dans une série de mesures visant la Chine prises par les Etats-Unis, malgré la reprise récente du dialogue entre hauts représentants de ces deux puissances.

Les politiques menées par Pékin "visent à éliminer les traditions linguistiques, culturelles et religieuses propres au Tibet parmi les jeunes générations de Tibétains", a assuré M. Blinken dans un communiqué.

"Nous exhortons les autorités chinoises à cesser d'envoyer de force des enfants tibétains dans des pensionnats dirigés par l'Etat et de mettre fin aux politiques d'assimilation forcée au Tibet et dans d'autres parties de la Chine", a-t-il ajouté.

Cette décision va "sérieusement saper les relations" entre les Etats-Unis et la Chine, a regretté Liu Pengyu, porte-parole de l'ambassade chinoise à Washington.

Pensionnats

Depuis 2021, les Etats-Unis accusent la Chine de "génocide" à l'encontre des Ouïghours dans le Xinjiang, au nord-ouest du pays. Les autorités américaines, ainsi que des témoins et des organismes de défense des droits de l'homme, affirment que de nombreux membres de cette minorité sont soumis à du travail forcé et internés dans des camps.

L'interdiction de visa imposée mardi s'appliquera aux anciens et actuels responsables impliqués dans la politique chinoise au Tibet, a indiqué un porte-parole du département d'Etat, sans donner davantage de détails.

Dans son communiqué, Antony Blinken cite le travail de rapporteurs spéciaux de l'ONU, qui ont conclu en février qu'environ un million d'enfants tibétains avaient été séparés de leurs familles et assimilés de force dans des pensionnats.

Ce programme semble conçu pour intégrer de force les jeunes tibétains à la culture majoritaire Han, selon ces experts. Dans les pensionnats, ils sont contraints de suivre un enseignement en chinois mandarin, et n'étudient pas la langue, l'histoire et la culture tibétaines.

La Campagne internationale pour le Tibet, association proche du Dalaï Lama, chef spirituel et religieux, a applaudi les sanctions américaines contre la séparation "inconcevable" de familles.

La politique des pensionnats vise à "transformer les Tibétains en Chinois" pour "renforcer le contrôle du gouvernement chinois sur le Tibet", a déclaré la présidente du groupe, Tencho Gyatso.

En avril, d'autres experts de l'ONU ont accusé la Chine d'obliger des centaines de milliers de Tibétains à suivre des programmes de "formation professionnelle" qui menacent l'identité tibétaine et pourraient conduire à du travail forcé.

Le ministre chinois des Affaires étrangères avait affirmé que ce rapport était "sans aucun fondement".

Le Tibet est administré d'une main de fer par la Chine depuis les années 1950. Nombre de Tibétains en exil l'accusent de mesures répressives et de tortures et assurent qu'elle cherche à effacer leur culture.


Contestation propalestinienne: Columbia à New York annule sa cérémonie de remise de diplômes

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  • Ce mouvement pour la cause palestinienne - qui compte des jeunes arabo-musulmans mais aussi des juifs de gauche antisionistes - cherche dorénavant un nouveau souffle
  • Cette prestigieuse université, financée par de riches donateurs et des investissements, a été secouée des jours durant par des manifestations

NEW YORK: L'université Columbia, épicentre de la contestation propalestinienne sur les campus américains, a annoncé lundi "renoncer" à sa cérémonie en grande pompe de remise de diplômes, après trois semaines de colère étudiante condamnée par Joe Biden et réprimée par la police.

Ces cérémonies constituent le grand rendez-vous institutionnel de la vie universitaire et scolaire des Etats-Unis, où, à la fin du printemps, étudiants et élèves en robe sont mis à l'honneur devant leurs familles.

L'établissement new-yorkais privé et huppé du nord de Manhattan, d'où des militants et des étudiants ont été délogés manu militari le 30 avril au soir par des centaines de policiers anti-émeute, a annulé "la grande cérémonie de l'université prévue le 15 mai".

"Toutes les cérémonies programmées" sur le campus -- désormais sous bonne garde de la police -- seront "déplacées" vers un complexe sportif fermé, a indiqué Columbia, qui compte 37.000 étudiants et des milliers de professeurs et membres du personnel.

Des remises de diplômes plus informelles et "festives" se tiendront du 10 au 16 mai car pour "nos étudiants (...) ces cérémonies à plus petite échelle sont les plus importantes pour eux et leurs familles", s'est justifiée l'université en rappelant que "ces dernières semaines ont été incroyablement difficiles".

Une centaine de personnes furieuses ont protesté à l'extérieur du campus et une pétition a recueilli 1.400 signatures. Ally Woodward, qui étudie les sciences politiques, s'est dite "en colère" contre Columbia qui "a plein d'argent et choisit la plus mauvaise des solutions".

«Tourmente»

Cette prestigieuse université, financée par de riches donateurs et des investissements, a été secouée des jours durant par des manifestations et l'occupation d'une pelouse puis d'un bâtiment.

Avant que la police ne déloge ces militants et étudiants non violents, à la demande écrite de la présidente de Columbia, Minouche Shafik.

Leur "village", un campement de tentes, a été démantelé, comme dans nombre d'universités à travers les Etats-Unis.

Ces images d'interventions policières musclées ont fait le tour du monde.

Columbia est un foyer historique de contestation étudiante depuis la guerre du Vietnam et le mouvement des droits civiques des années 1960-1970. Elle a été l'une des premières universités à gronder au début de la guerre d'Israël contre le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

Très critiquée pour avoir appelé la police, la présidente Minouche Shafik, économiste américaine d'origine égyptienne, a invoqué la "tourmente" et l'"acte violent" de protestataires qui ont selon elle déstabilisé Columbia.

Ce mouvement pour la cause palestinienne - qui compte des jeunes arabo-musulmans mais aussi des juifs de gauche antisionistes - cherche dorénavant un nouveau souffle, après que 2.000 personnes ont été interpellées et certaines poursuivies en justice pour "délit d'intrusion".

«Vietnam de Biden»

Ailleurs aux Etats-Unis, des remises de diplômes ont été perturbées comme samedi à l'université du Michigan, où une dizaine de manifestants portant keffiehs et drapeaux palestiniens ont chanté "vous financez un génocide".

D'autres ont brandi en réponse une banderole "les vies juives comptent".

Lundi soir, quelques centaines de personnes parties d'une université publique de Manhattan ont été tenues à distance de l'extravagant gala du Met, rendez-vous planétaire des stars et de la mode.

Outre la fin de la guerre à Gaza, de jeunes Américains exigent que les universités rompent leurs partenariats éducatifs avec Israël et se désengagent d'investissements économiques.

Ils dénoncent l'appui quasiment inconditionnel des Etats-Unis à leur allié israélien, engagé dans une offensive dévastatrice dans la bande de Gaza en représailles à l'attaque du Hamas le 7 octobre sur son sol.

Le président Biden, longtemps silencieux, avait martelé jeudi que "l'ordre devait prévaloir" face au risque du "chaos".

Dans un pays polarisé, à six mois de la présidentielle entre le démocrate et le républicain Donald Trump, la colère d'une partie de la jeunesse contre la guerre à Gaza a ravivé un débat tendu sur la liberté d'expression, l'antisionisme et ce qui constitue de l'antisémitisme.

Pour Donald Trump, les manifestants sont des "tarés de la gauche radicale" et le président républicain de la Chambre des représentants Mike Johnson a dénoncé lundi des "étudiants sympathisant avec le terrorisme".

Pour la sénateur de gauche Bernie Sanders, le mouvement "pourrait être le Vietnam de Biden" qui risque de perdre "non seulement les jeunes, mais aussi une grande partie de la base démocrate".


Une journaliste russe arrêtée pour «justification du terrorisme», selon son avocat

Son ex-mari Maxim Shevchenko, qui présente un talk-show à la télévision d'État, a rejeté les accusations portées contre elle (Photo, X).
Son ex-mari Maxim Shevchenko, qui présente un talk-show à la télévision d'État, a rejeté les accusations portées contre elle (Photo, X).
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  • Les accusations portent sur deux messages parus sur son compte Telegram entre 2018 et 2021
  • L'un de ces messages concernait l'Afghanistan et l'autre relayait une publication sur l'attaque meurtrière de Naltchik

MOSCOU: Une journaliste russe, Nadejda Kevorkova, a été placée en détention et inculpée de "justification du terrorisme", pour des messages qu'elle avait publiés sur les réseaux sociaux, a affirmé son avocat lundi.

Cette reporter de 65 ans, qui a notamment couvert le Moyen-Orient, a travaillé pour des médias russes comme Novaïa Gazeta et Russia Today.

Elle a été "placée en détention et sera emmenée dans un centre de détention provisoire aujourd'hui", a déclaré l'avocat Kaloï Akhilgov.

La question d'éventuelles "restrictions préalables au procès sera décidée demain", a-t-il ajouté.

La "justification du terrorisme" est un crime passible de sept ans d'emprisonnement en Russie.

Les accusations portent sur deux messages parus sur son compte Telegram entre 2018 et 2021, d'après lui.

Répression 

L'un de ces messages concernait l'Afghanistan et l'autre relayait une publication sur l'attaque meurtrière de Naltchik, une ville du Caucase russe où des groupes islamistes avaient donné l'assaut à des bâtiments publics en 2005.

L'ex-mari de Nadejda Kevorkova, Maxime Chevtchenko, qui présente une émission sur la télévision publique, a rejeté les charges pesant sur elle.

Cette dernière n'a "jamais justifié le terrorisme et n'a jamais justifié l'attaque de Naltchik", a-t-il dit.

"Mais en tant que journaliste, elle a certainement écrit sur la torture pendant l'enquête", a ajouté Maxime Chevtchenko.

La campagne de répression de toute voix dissidente, déjà en cours en Russie depuis des années, a pris un tour encore plus drastique depuis le début de l'offensive en Ukraine il y a plus de deux ans.


Cyberattaques : Berlin a rappelé «pour consultations» son ambassadeur en Russie

L'ambassadeur allemand en Russie, Alexander Graf Lambsdorff  (Photo, AFP).
L'ambassadeur allemand en Russie, Alexander Graf Lambsdorff (Photo, AFP).
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  • Une cyberattaque a notamment ciblé des adresses email de responsables du SPD, le parti social-démocrate du chancelier Olaf Scholz
  • Les pays occidentaux sont depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, en février 2022, en alerte maximum contre le risque d'attaques informatiques massives

BERLIN: Berlin a indiqué lundi avoir rappelé pour consultations son ambassadeur en Russie, Alexander Graf Lambsdorff, après avoir accusé vendredi un groupe de hackeurs russes contrôlé par Moscou d'une récente campagne de cyberattaques.

L'ambassadeur "restera une semaine à Berlin puis retournera à Moscou", a indiqué lors d'un point presse régulier la porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Kathrin Deschauer, ajoutant que le gouvernement prenait "très au sérieux" cet "acte contre (notre) démocratie".

Les gouvernements allemand et tchèque ont accusé vendredi le groupe APT28, dirigé par les services de renseignement de la Russie, d'une récente campagne de cyberattaques dans leur pays respectif. Des accusations jugées "infondées" par la Russie.

Attaques ciblées 

Une cyberattaque a notamment ciblé des adresses email de responsables du SPD, le parti social-démocrate du chancelier Olaf Scholz, selon le gouvernement.

Berlin a annoncé vendredi la convocation du chargé d'affaires de l'ambassade de Russie, "pour faire comprendre au gouvernement russe que nous n'acceptons pas ces actions".

Les pays occidentaux sont depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, en février 2022, en alerte maximum contre le risque d'attaques informatiques massives et d'opérations de désinformation orchestrées par la Russie.