Afrique du Sud: un sommet des Brics pour peser sur la scène mondiale

Sur cette image diffusée par l'agence Sputnik, le président russe Vladimir Poutine préside une réunion du Conseil d'État sur le développement des transports publics au Kremlin de Moscou, le 17 août 2023. (AFP).
Sur cette image diffusée par l'agence Sputnik, le président russe Vladimir Poutine préside une réunion du Conseil d'État sur le développement des transports publics au Kremlin de Moscou, le 17 août 2023. (AFP).
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Publié le Dimanche 20 août 2023

Afrique du Sud: un sommet des Brics pour peser sur la scène mondiale

  • Le président sud-africain Cyril Ramaphosa accueille les chefs d'Etat du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, et de Chine, Xi Jinping
  • L'Inde sera représentée par son Premier ministre, Narendra Modi, et la Russie par son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov

JOHANNESBURG : Les dirigeants des Brics se réunissent mardi en Afrique du Sud pour discuter des moyens pour le groupe disparate de cinq pays, qui produit un quart de la richesse mondiale, d'étendre son influence sur la scène politique et économique mondiale.

Les dirigeants des cinq économies émergentes du bloc (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), qui réfléchit à accueillir de nouveaux membres, sont attendus à 12H00 GMT dans un centre de conférences de Johannesburg, où le sommet se tient jusqu'à jeudi.

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa accueille les chefs d'Etat du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, et de Chine, Xi Jinping. L'Inde sera représentée par son Premier ministre, Narendra Modi, et la Russie par son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Après des mois de spéculations, le président russe Vladimir Poutine, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crime de guerre en Ukraine, participera finalement au sommet par visioconférence.

Représentant un groupe de pays disséminés géographiquement et dotés d'économies à la croissance inégale, les Brics ont pour front commun leur scepticisme vis-à-vis d'un ordre mondial qu'ils considèrent comme servant les intérêts des pays riches et notamment des Etats-Unis.

"Le système traditionnel de gouvernance mondiale est devenu dysfonctionnel, déficient et inopérant", a déclaré vendredi à la presse l'ambassadeur de Chine à Pretoria, Chen Xiaodong, assurant que "les Brics deviennent une force de plus en plus solide".

"Ils sont à la recherche d'espaces multilatéraux qui ne soient pas automatiquement dominés par les puissances occidentales", explique à l'AFP Cobus Van Staden, chercheur sud-africain spécialiste des relations Chine-Afrique.

Un bloc élargi ?

Peu d'informations ont été divulguées sur le programme du sommet. Mais selon Anil Sooklal, ambassadeur itinérant de l'Afrique du Sud pour l'Asie et les Brics, interrogé par l'AFP, "l'expansion est un élément majeur de l'ordre du jour".

Pretoria a affirmé le mois dernier qu'une quarantaine de pays ont demandé leur adhésion ou manifesté leur intérêt pour rejoindre le groupe.

La Chine cherche à étendre son influence vis-à-vis des États-Unis. La Russie, sous le coup de sanctions depuis son invasion en Ukraine, a besoin d'alliés diplomatiques.

Pretoria, qui refuse depuis le début du conflit de condamner la Russie, est déjà un allié de poids en Afrique, devenue un nouvel enjeu diplomatique sur la scène mondiale.

Moscou et Pékin se disputent l'influence sur le continent dans un contexte de divisions attisées par le conflit ukrainien.

Ce sommet, dont le thème est "les Brics et l'Afrique", intervient à un moment où "le système multilatéral actuel est mis à rude épreuve", souligne Steven Gruzd de l'Institut sud-africain des affaires internationales (SAIIA).

Pour autant, les Brics "ne sont pas en mesure d'imposer une nouvelle forme de multilatéralisme" à ce stade, "le pouvoir est toujours entre les mains des pays occidentaux", estime le spécialiste.

Et "tout élargissement des Brics compliquera la situation géopolitique", met en garde M. Van Staden, chaque nouvel entrant apportant "son lot de problèmes, de relations régionales ou avec les États-Unis".

Une manifestation antirusse à l'appel de l'ONG Amnesty international et d'une association ukrainienne locale est prévue mardi matin à Johannesburg. Les organisateurs enjoignent les dirigeants au sommet d'"exiger des autorités russes la fin de l'agression contre l'Ukraine".

Au total, une cinquantaine de chefs d'Etat "amis des Brics" sont attendus, "démontrant l'influence et le poids de l'Afrique de Sud", a souligné samedi Cyril Ramaphosa.

Le dernier sommet avait été organisé virtuellement l'an dernier par la Chine.

Cinq choses à savoir sur les Brics

Les pays émergents des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) se réunissent de mardi à jeudi à Johannesburg. Pesant 23% du produit intérieur brut (PIB) mondial et 42% de la population du globe, ils veulent affirmer leur poids sur la scène mondiale.

Un autre ordre mondial

Le bloc créé en 2009 se réunit une fois par an lors d'un sommet hébergé à tour de rôle par l'un des cinq pays membres, géographiquement éloignés. L'objectif de ces sommets est d'affirmer la place de ces économies, à la croissance inégale, en particulier au regard des États-Unis ou de l'Union européenne.

Ce "club des cinq" promeut la reconnaissance d'un équilibre économique et politique mondial multipolaire, en rupture avec les organisations héritées de l'après-Seconde guerre mondiale comme la Banque mondiale et le FMI.

Des aspirants

Une vingtaine de pays ont demandé à rejoindre les Brics, dont la croissance économique est surtout portée par la Chine et l'Inde, et autant ont fait part de leur intérêt, selon Pretoria le mois dernier.

Un des facteurs d'attraction est notamment la création par les Brics d'une Nouvelle banque de développement (NDB) dont l'ambition est d'offrir une alternative à la Banque mondiale et au FMI.

La structure, dont le siège est à Shanghai, a investi 30 milliards de dollars depuis sa création en 2015, dans des projets d'infrastructure et de développement durable dans les États membres et les économies en développement.

Le dilemme Poutine

L'organisation du 15e sommet des Brics a suscité ces derniers mois des tensions sur la scène internationale autour de l'invitation du président russe Vladimir Poutine.

Après des mois de spéculations, Pretoria a finalement résolu un épineux dilemme en annonçant en juillet que la Russie sera représentée par son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Poutine est sous le coup d'un mandat d'arrêt international de la Cour pénale internationale (CPI) pour crime de guerre en Ukraine. Membre de la CPI, l'Afrique du Sud était censée l'arrêter s'il entrait sur son territoire.

Proche de Moscou depuis le soutien soviétique aux combattants de l'apartheid, Pretoria refuse de condamner la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine.

Pas de billet vert

Les cinq pays représentent 18% du commerce international où les transactions restent majoritairement libellées en dollars.

Critiques vis-à-vis de la prédominance du billet vert dans les échanges internationaux, un de leurs sujets de réflexion tourne autour des moyens de s'affranchir du dollar.

Le Brésil et la Chine ont conclu en début d'année un accord bilatéral pour régler leurs échanges dans leurs monnaies locales.

Couronner les universités

Les Brics ont annoncé le mois dernier leur volonté de créer leur propre classement international des universités, lors d'un sommet des ministres de l'Éducation en Afrique du Sud.

Moscou estime notamment que les universités russes sont exclues de certains classements internationaux pour des raisons politiques.


Amal Clooney parmi les experts ayant conseillé la CPI sur les crimes de guerre à Gaza

 L'avocate libano-britannique Amal Clooney. (AFP).
L'avocate libano-britannique Amal Clooney. (AFP).
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  • L'avocate Amal Clooney a indiqué lundi qu'elle faisait partie d'un groupe d'experts ayant conseillé le procureur de la Cour pénale internationale (CPI)
  • "Nos conclusions juridiques ont été unanimes", a-t-elle assuré

WASHINGTON: L'avocate Amal Clooney a indiqué lundi qu'elle faisait partie d'un groupe d'experts ayant conseillé le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) qui a demandé des mandats d'arrêt contre deux ministres israéliens, dont Benjamin Netanyahu, et trois dirigeants du Hamas.

Dans un message sur le site de la "Clooney foundation for justice", fondée avec son mari acteur George Clooney, l'avocate et militante des droits humains explique qu'elle a été contactée "il y a plus de quatre mois" par le procureur de la CPI pour rejoindre un groupe d'experts en droit international chargé d'"examiner des preuves de crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés" commis en Israël et dans la bande de Gaza.

"Nos conclusions juridiques ont été unanimes", a-t-elle assuré.

"Nous avons unanimement établi qu'il y a des motifs raisonnables pour penser que les chefs du Hamas Yahya Sinouar, Ismaïl Haniyeh et Mohammed Deif ont commis des crimes de guerre et contre l'humanité, notamment prise d'otage, assassinat et crime sexuel. Nous avons unanimement établi qu'il y a des motifs raisonnables pour penser que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant ont commis des crimes de guerre et contre l'humanité, notamment l'emploi de la famine comme arme de guerre, assassinat, persécution et extermination", a-t-elle écrit.

Au sujet des demandes de mandats d'arrêt réclamés lundi par le procureur Karim Khan, l'avocate libano-britannique a assuré qu'elle soutenait cette "étape historique" visant à "faire justice aux victimes d'atrocités en Israël et en Palestine".

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur les 252 personnes emmenées comme otages, 124 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 mortes selon l'armée.

Israël, qui a juré de détruire le mouvement islamiste palestinien, a lancé une offensive dévastatrice dans la bande de Gaza qu'elle a assiégée, entraînant la mort d'au moins 35.562 personnes, pour la plupart des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.


Biden affirme que l'offensive d'Israël à Gaza «  n'est pas un génocide »

Auparavant, le président américain avait déjà publié un communiqué lapidaire qualifiant de "scandaleuse" la demande du procureur de la CPI, tandis que le chef de la diplomatie Antony Blinken a déclaré que la démarche du magistrat était "une honte".
Auparavant, le président américain avait déjà publié un communiqué lapidaire qualifiant de "scandaleuse" la demande du procureur de la CPI, tandis que le chef de la diplomatie Antony Blinken a déclaré que la démarche du magistrat était "une honte".
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  • "Ce qui se passe n'est pas un génocide, nous rejetons" ce terme, a-t-il dit, faisant référence à une affaire portée devant la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute juridiction de l'ONU
  • Pendant une réception pour la communauté juive à la Maison Blanche, le démocrate de 81 ans a aussi répété que les Etats-Unis s'opposaient à la démarche du procureur d'une autre juridiction, la Cour pénale internationale (CPI)

WASHINGTON: Joe Biden a pris lundi la défense d'Israël face à la justice internationale, jugeant "scandaleuse" la demande de mandats d'arrêt contre des dirigeants israéliens et balayant l'accusation de "génocide" pour l'offensive à Gaza.

"Ce qui se passe n'est pas un génocide, nous rejetons" ce terme, a-t-il dit, faisant référence à une affaire portée devant la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute juridiction de l'ONU, devant laquelle Israël est accusé de "génocide".

Pendant une réception pour la communauté juive à la Maison Blanche, le démocrate de 81 ans a aussi répété que les Etats-Unis s'opposaient à la démarche du procureur d'une autre juridiction, la Cour pénale internationale (CPI).

Ce magistrat a réclamé lundi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et contre son ministre de la Défense.

"Nous rejetons" cette demande, a dit Joe Biden, répétant que son soutien à Israël était "inébranlable".

« Scandaleuse »

"Nous sommes aux côtés d'Israël pour éliminer (le chef du Hamas à Gaza Yahya) Sinouar et le reste des bouchers du mouvement palestinien", a-t-il encore déclaré, en promettant de s'activer "contre vents et marées" pour libérer les otages enlevés lors de l'attaque du 7 octobre.

Auparavant, le président américain avait déjà publié un communiqué lapidaire qualifiant de "scandaleuse" la demande du procureur de la CPI, tandis que le chef de la diplomatie Antony Blinken a déclaré que la démarche du magistrat était "une honte".

Les Etats-Unis continueront cependant à "apporter (leur soutien à la CPI) en ce qui concerne les crimes commis en Ukraine", a de son côté souligné le chef du Pentagone Lloyd Austin.

La CPI avait émis en 2023 un mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine, accusé du crime de guerre d’expulsion illégale d’enfants ukrainiens.

"Je vais être clair: quoi qu'insinue le procureur, il n'y a pas d'équivalence entre Israël et le Hamas, il n'y en a aucune", a asséné Joe Biden dans son communiqué.

Antony Blinken a estimé dans un communiqué que la demande du procureur "pourrait compromettre" les pourparlers sur un cessez-le-feu à Gaza.

Par ailleurs, la CPI n'a "pas de juridiction" sur Israël, a-t-il rappelé.

Ni Israël ni les Etats-Unis ne sont membres de la CPI.

« Génocide »

Au huitième mois de la guerre dans la bande de Gaza, le procureur de la CPI a demandé des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien et son ministre de la Défense ainsi que trois dirigeants du Hamas pour crimes contre l'humanité présumés.

Karim Khan a déclaré avoir réclamé des mandats contre Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant pour des crimes tels que "le fait d'affamer délibérément des civils", "homicide intentionnel" et "extermination et/ou meurtre".

Les accusations portées contre des dirigeants du Hamas, notamment Yahya Sinouar, incluent "l'extermination", "le viol et d'autres formes de violence sexuelle" et "la prise d'otages en tant que crime de guerre".

La CPI est une juridiction permanente chargée de poursuivre et juger des individus accusés de génocide, de crime contre l'humanité et de crime de guerre.

Fondée en 2002, cette institution qui compte aujourd'hui 124 Etats membres n'a prononcé depuis sa création qu'une poignée de condamnations.

La CIJ, elle, est l'organe judiciaire principal des Nations unies et juge des différends entre Etats.

Elle a été saisie par l'Afrique du Sud, qui accuse Israël de "génocide" dans la conduite de son offensive militaire à Gaza.

La CPI et la CIJ siègent à La Haye (Pays-Bas).


Crise ouverte entre Madrid et Buenos Aires après une attaque de Milei contre Sánchez

Le président argentin Javier Milei fait un geste alors qu'il prononce un discours sur scène lors du rassemblement du parti d'extrême droite espagnol Vox "Europa Viva 24" à Madrid le 19 mai 2024 (Photo, AFP).
Le président argentin Javier Milei fait un geste alors qu'il prononce un discours sur scène lors du rassemblement du parti d'extrême droite espagnol Vox "Europa Viva 24" à Madrid le 19 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, avait annoncé quelques heures plus tôt avoir convoqué l'ambassadeur argentin
  • Ces tensions entre les deux pays ont suscité les craintes du monde des affaires en Espagne

MADRID: Pedro Sánchez a accusé lundi Javier Milei de ne pas être "à la hauteur" des "liens" unissant leurs deux pays, au lendemain de propos polémiques du président argentin qui font planer la menace d'une rupture des relations entre Madrid et Buenos Aires.

Javier Milei "n'a malheureusement pas été à la hauteur" des "liens fraternels unissant l'Espagne et l'Argentine", a déclaré le Premier ministre espagnol, dont l'épouse a été ciblée par le président ultralibéral argentin.

"Je suis conscient que celui qui a parlé hier (dimanche) ne l'a pas fait au nom du grand peuple argentin", a ajouté le dirigeant socialiste, lors de sa première prise de parole sur cette crise diplomatique, en exigeant des excuses publiques de M. Milei.

Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, avait annoncé quelques heures plus tôt avoir convoqué l'ambassadeur argentin pour lui "faire part de la gravité de la situation" après avoir déjà rappelé dimanche pour consultations l'ambassadrice espagnole en Argentine.

Interrogé explicitement sur la possibilité d'une rupture des relations diplomatiques en cas d'absence d'excuses de Javier Milei, M. Albares n'a pas écarté cette éventualité. "Nous ne voulons évidemment pas prendre ces mesures, mais s'il n'y a pas d'excuses publiques, nous le ferons", a-t-il prévenu.

Buenos Aires a opposé jusqu'ici une fin de non-recevoir aux demandes de Madrid.

"Il n'y a aucune excuse à faire. Aucune excuse. Je pense, au contraire, que le gouvernement espagnol devrait présenter des excuses pour ce qu'il a dit de Milei", notamment accusé par la numéro trois de l'exécutif espagnol Yolanda Diaz de semer la "haine", a jugé dimanche soir le ministre argentin de l'Intérieur, Guillermo Francos.

"Le lion est de retour et surfe sur la vague des larmes socialistes. Vive la liberté, bordel", a ironisé de son côté sur X lundi le président argentin.

«Femme corrompue»

Cette crise diplomatique d'un niveau inédit entre les deux pays a été provoquée par des propos tenus dimanche à Madrid par Javier Milei, invité d'honneur d'une convention du parti d'extrême droite espagnol Vox.

Dans un discours au ton belliqueux, il a attaqué, comme il en a l'habitude, le socialisme, mais s'en est aussi pris à la femme de Pedro Sánchez, Begoña Sánchez, sans toutefois la nommer.

"Les élites mondiales ne réalisent pas à quel point la mise en application des idées du socialisme peut être destructrice. Elles ne savent pas le type de société et de pays que cela peut produire et le type de gens accrochés au pouvoir et le niveau d'abus que cela peut générer", a-t-il déclaré.

"Quand vous avez une femme corrompue, vous vous salissez et vous prenez cinq jours pour y réfléchir", a ajouté le président argentin, qui n'a rencontré ni le roi Felipe VI ni Pedro Sánchez, lors de sa visite de trois jours à Madrid.

Ces propos ont été perçus comme une allusion claire à la récente décision de M. Sánchez de suspendre toutes ses activités durant cinq jours pour réfléchir à une démission, après l'ouverture d'une enquête préliminaire pour "trafic d'influence" et "corruption" contre sa femme.

Craintes des entreprises

Ces tensions entre les deux pays ont suscité les craintes du monde des affaires en Espagne, pays qui est le deuxième investisseur en Argentine après les États-Unis, avec un montant annuel de près de 15 milliards d'euros, selon l'Institut espagnol du commerce extérieur.

Le président de la confédération patronale CEOE, Antonio Garamendi, a ainsi qualifié les propos de Javier Milei d'"attaque" susceptible de nuire aux échanges. De grandes entreprises comme BBVA, Santander ou Telefonica sont allées dans le même sens.

Tout en condamnant les déclarations de Milei, Esteban González Pons, du Parti Populaire (PP, droite), a rejeté une partie de la faute sur Pedro Sánchez.

Les entreprises espagnoles "ne méritent pas que leur situation soit compromise par le sens de l'honneur de Pedro Sánchez" dont l'épouse ne doit pas être "une question d'Etat", a raillé ce haut responsable de la principale formation d'opposition.

Cette crise survient deux semaines après une première brouille déclenchée par un ministre espagnol, qui avait suggéré que M. Milei se droguait. La présidence argentine avait alors réagi en accusant Pedro Sánchez de n'apporter que "pauvreté et mort" en Espagne avec ses politiques.