Bassines: les opposants partent en « joyeux cortège» à vélo vers Paris

Cette vue aérienne prise le 11 avril 2023 montre une réserve d'eau pour l'irrigation agricole en cours de construction, à Sainte-Soline, dans le centre-ouest de la France. Le projet comprend 16 réservoirs d'une capacité totale de six millions de mètres cubes, planifiés par une coopérative de 450 agriculteurs avec le soutien de l'État. (AFP).
Cette vue aérienne prise le 11 avril 2023 montre une réserve d'eau pour l'irrigation agricole en cours de construction, à Sainte-Soline, dans le centre-ouest de la France. Le projet comprend 16 réservoirs d'une capacité totale de six millions de mètres cubes, planifiés par une coopérative de 450 agriculteurs avec le soutien de l'État. (AFP).
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Publié le Vendredi 18 août 2023

Bassines: les opposants partent en « joyeux cortège» à vélo vers Paris

  • A Lezay, commune voisine de Sainte-Soline, entre 500, selon les autorités, et quelque 700 cyclistes, selon l'organisation, et une vingtaine de tracteurs se sont rassemblés vendredi midi dans un champ au milieu d'ateliers de réparation de vélo
  • Après les affrontements très médiatisés entre manifestants et forces de l'ordre en mars, avec deux militants un temps plongés dans le coma, les autorités ont prévu un important dispositif de sécurité

LEZAY: Cinq mois après les violents affrontements de Sainte-Soline, ils veulent former un "joyeux cortège" en direction de Paris: plusieurs centaines d'opposants aux bassines sont partis vendredi tout près de cette réserve controversée d'irrigation agricole pour un périple d'une semaine à vélo.

A Lezay, commune voisine de Sainte-Soline, entre 500, selon les autorités, et quelque 700 cyclistes, selon l'organisation, et une vingtaine de tracteurs se sont rassemblés vendredi midi dans un champ au milieu d'ateliers de réparation de vélo ou d'une platine de disc-jockey, dans la touffeur du mois d'août.

Le cortège bigarré et bon enfant, avec cyclistes en chasubles fluo, vieux vélos ou tandems, calèches à chevaux et tracteurs décorés, s'est ébranlé vers 15h00 de Lezay jusqu'à Jazeneuil dans la Vienne, a constaté l'AFP.

"Le respect de itinéraire" prévu par les manifestants a permis un "bon déroulement de la manifestation", ont indiqué par communiqué les préfectures de Deux-Sèvres et de la Vienne, à la fin de cette première étape en début de soirée.

"L'idée, c'est de faire une activité positive après ce qui s'est passé à Sainte-Soline (...), de dire qu'on est toujours là, qu'on est toujours contre ce projet de mégabassine", a déclaré à l'AFP Annick Huet, animatrice d'ateliers en écologie à Melle (Deux-Sèvres), vélo chargé d'un matelas en mousse et surmonté d'un fanion bleu "L'eau est un bien commun".

"C'est mieux que le Tour de France!", a lancé à la cantonade l'une des participantes, avant qu'un autre lui réponde en écho: "C'est le Tour de l'avenir!"

A raison d'une cinquantaine de km par jour, le trajet prévu sillonne cinq départements (Deux-Sèvres, Vienne, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Loiret) pour dénoncer "l'accaparement de l'eau" et son financement public, selon les organisateurs.

Il doit atteindre vendredi prochain Orléans, siège de l'Agence de l'eau Loire Bretagne, qui cofinance ce type de projet visant à stocker jusqu'à 6 millions de mètres cubes d'eau puisée dans les nappes en hiver dans de vastes cavités en plein air, afin d'irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient.

Hommage aux blessés

Après les affrontements très médiatisés entre manifestants et forces de l'ordre en mars, avec deux militants un temps plongés dans le coma, les autorités ont prévu un important dispositif de sécurité. Un hélicoptère et un drone ont patrouillé dans le ciel de Lezay, des routes ont été fermées à la circulation et plusieurs motards devaient assurer l'ouverture et la clôture du convoi.

Plus d'une centaine de gendarmes ont été mobilisés autour du départ, a-t-on appris de source proche des forces de l'ordre, contre 3.200 lors de la manifestation houleuse de mars.

Déclaré auprès des préfectures concernées, ce "Convoi de l'eau" se veut toutefois "un joyeux cortège" qui s'arrêtera près de plusieurs projets agricoles contestés localement, promettent le collectif Bassines non merci et le syndicat agricole Confédération paysanne, qui le coorganisent.

Les Soulèvements de la Terre, qui avaient coorganisé les dernières manifestations à Sainte-Soline, étaient présents après la suspension en justice de la dissolution du collectif prononcée par le gouvernement.

"C'est une émotion particulière d'être là, et on est là sans être menacés de maintien de ligue dissoute", a souri Benoît Feuillu, porte-parole des Soulèvements de la Terre, saluant la "symbolique" de partir tout près de Sainte-Soline.

Les organisateurs ont souhaité y édifier un cairn, amoncellement de pierres destiné à marquer le souvenir d'un lieu, en "hommage aux blessés de Sainte-Soline".

Le cortège sera ponctué d'une mobilisation "surprise" le 26 août à Paris.

Demande de moratoire

"On réclame un moratoire sur l'ensemble des projets de bassines sur l'ensemble du territoire national", a déclaré vendredi à l'AFP Julien Le Guet, le chef de file de Bassines non merci.

"Ce convoi, c'est la manière qu'on juge la plus efficace de porter le message en ce moment. Ça ne présage pas de la suite. Il faut être très clair: si demain il y a un démarrage de chantier alors que le comité de bassin demande un apaisement, comment prévoir quelle sera la réaction des gens de ce territoire?", a-t-il ajouté.

Début juillet, le comité de bassin Loire-Bretagne, sorte de Parlement de l'eau regroupant usagers, élus et État, a voté une motion pour "favoriser le dialogue", revoir la gouvernance de ce type de projet ou encore mieux prendre en compte les conséquences du dérèglement climatique, notamment l'évaporation de l'eau.

Fait rarissime, elle a été saluée par irrigants et opposants.

La réserve de Sainte-Soline est la deuxième des seize en projet dans le Marais poitevin.

Ses promoteurs - 450 agriculteurs soutenus par l'Etat - défendent une assurance-récolte indispensable et un outil de transition vers l'agroécologie.

Leurs opposants dénoncent eux une "fuite en avant" du modèle agricole "productiviste", à l'heure du changement climatique.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé. 


À Washington, Macron veut faire entendre la voix de l’Europe sur l’Ukraine.

Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
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  • L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats.
  • Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

PARIS : L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats, puisqu’il s’agit de faire entendre la voix de l’Europe et de l’Ukraine, écartées des pourparlers avec la Russie sur le dossier ukrainien.

Le président français a pris soin de se préparer à cette rencontre tout au long des jours précédents, en organisant deux réunions successives avec plus d’une trentaine de dirigeants européens sur le sujet.

Ces rencontres lui ont permis de contourner les divergences et de s’assurer d’une relative unité sur le dossier au sein de l’Europe.

Parallèlement, il a aussi convoqué en urgence à l’Elysée les représentants des forces politiques françaises, pour les mettre au fait des implications au niveau de la France et de l’Europe, de la démarche américaine, sur le dossier ukrainien.

Le chef de l’Etat s’est également adressé aux Français, à travers la presse régionale et les réseaux sociaux, pour évoquer une partie de son plan, en vue de cette rencontre qui coïncide avec le troisième anniversaire de la guerre menée par la Russie contre le territoire ukrainien.

Depuis l’annonce de Trump, de pourparlers avec la Russie sur ce dossier et la rencontre qui a eu lieu récemment à Riad à ce sujet, entre de hauts responsables américains et russes, la France et l’Europe s’efforcent de faire entendre leur voix sur ce chapitre.

Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

Cette dernière, doute de l’objectif de l’Ukraine de rejoindre l’alliance Atlantique, et n’accorde pas d’intérêts à la restitution par les Russes des régions ukrainiennes qu’ils ont occupé depuis le début de la guerre.

Par ailleurs, l’administration américaine ne se fait aucun souci au niveau des défis sécuritaires qui peuvent guetter le continent européen, de la part du président russe Vladimir Poutine.

Partant de là, la France tout comme l’Europe s’opposent à tout règlement auquel ils ne seraient pas associés ainsi que les Ukrainiens, et Macron compte faire entendre cela à Trump, déployant à cette fin un atout principal.

Dans les propos tenus lors de son échange avec les Français sur les réseaux sociaux, Macron a affirmé qu’il dira à Trump « Tu ne peux pas être faible face au président Poutine. Ce n’est pas toi, pas ta marque de fabrique, ce n’est pas ton intérêt ».

Une manière de faire plier Trump en le ramenant à sa propre vérité, un pari à tenter sans garantie de réussite, tant les réactions et positions du président américains semblent échapper à toute logique.

D’où le sentiment que l’entretien de Macron avec son homologue américain relève d’un saut dans le vide, d’autant plus que ce dernier s’affranchi de toute sorte de limites ou garde fou.

Il s’est montré prêt à sacrifier l’Ukraine au profit de la Russie et à laisser à l’abandon ses alliées européens, et il s’est lancé dans une campagne de critiques personnelles et gratuites à l’encontre du président ukrainien Vlodomir Zelenski le traitant de « dictateur non élu ».

En dépit de cela, le Palais de l’Elysée préfère tempérer et mettre l’accent sur ce qui rapproche et uni, en soulignant à la veille de la visite présidentielle que « la France partage l’objectif du président Trump de mettre fin à la guerre en Ukraine ».

Le président français, toujours selon l’Elysée « Va à Washington dans l’esprit de soutenir cet objectif », et qu’il y va avec « des propositions d’action » et « le souci de travailler en soutien de l’Ukraine, et au renforcement de la sécurité en Europe ».