ASUNCION: Le président du Paraguay, l'économiste conservateur Santiago Peña, 44 ans, a pris ses fonctions mardi à Asuncion, promettant de lutter contre la corruption qui gangrène le pays et vaut à son mentor, un ex-chef de l'Etat, d'être sous le coup de sanctions américaines.
"J'ai la conviction que les problèmes de corruption se résolvent avec une justice indépendante, impartiale et rapide", a déclaré M. Peña dans son discours d'investiture. Il a promis une politique claire, forte, inébranlable et transparente" contre la corruption, et pour que "la politique cesse d'être tentante pour le crime organisé".
Cette transparence "nous permettra de montrer au monde que le Paraguay est bien meilleur que le décrivent certains", a-t-il assuré.
Parmi les personnalités présentes figuraient les présidents brésilien Lula, chilien Gabriel Boric, argentin Alberto Fernandez, le roi Felipe d'Espagne, ainsi que le vice-président taïwanais William Lai.
Relation special avec Taiwan
Le Paraguay est l'un des 13 pays au monde, et le seul en Amérique du Sud, à reconnaître Taipei, où M. Peña s'est rendu en juillet.
M. Peña a réaffirmé que le Paraguay sous sa présidence chercherait partout "des accords horizontaux" avec "une vision géostratégique". Mais il a souligné les relations spéciales avec Taiwan, parmi les "nations avec lesquelles nous nous sentons non seulement alliés, mais frères".
Cet ancien ministre de l'Economie, passé notamment par la Banque centrale de son pays et le Fonds monétaire international (FMI), a été élu président le 30 avril perpétuant une hégémonie de sept décennies du Parti Colorado (droite) à la tête du Paraguay.
Tout au long de sa campagne, et depuis son élection, il a dû se défendre du stigmate associé à son mentor en politique et soutien actif, l'ancien président (2013-2018) Horacio Cartes, auquel il a rendu hommage mardi dans son discours.
M. Cartes, un magnat du tabac, a été qualifié en 2022 de "significativement corrompu" par Washington, qui l'a interdit d'entrée ou de transactions aux Etats-Unis, un pays pourtant historiquement allié indéfectible du Paraguay.
Ce pays agro-exportateur à l'enviable prospérité en Amérique latine (plus de 5% de croissance prévus en 2023) mais pétri d'inégalités, est aussi sous influence croissante du narcotrafic et rongé par la corruption.
Il a été classé 137e sur 180 pays par l'indice de perception de la corruption de l'ONG Transparency International.