En Provence, quand irrigation agricole, nappe phréatique et biodiversité font bon ménage

Un agriculteur fauche du foin dans un champ près d'Istres, dans le sud de la France, le 11 mai 2023. "Le foin de Crau est cultivé dans la plaine de la Crau grâce à un système de canaux d'irrigation construit au XVIe siècle. (AFP)
Un agriculteur fauche du foin dans un champ près d'Istres, dans le sud de la France, le 11 mai 2023. "Le foin de Crau est cultivé dans la plaine de la Crau grâce à un système de canaux d'irrigation construit au XVIe siècle. (AFP)
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Publié le Vendredi 11 août 2023

En Provence, quand irrigation agricole, nappe phréatique et biodiversité font bon ménage

  • Contrairement à certaines pratiques d'irrigation agricole, dénoncées par des défenseurs de l'environnement pour leur pression sur les nappes phréatiques (méga-bassines etc.), l'arrosage des prairies de foin s'inscrit dans un cercle vertueux
  • En effet, «il assure à 70% la recharge de la nappe de la Crau, qui alimente en eau potable 300 000 personnes» en Provence, souligne le Syndicat mixte de gestion de ce «lac» souterrain

ISTRES: Dans la plaine de la Crau, en Provence, un système de canaux imaginé au XVIe siècle permet d'irriguer des prairies de foin, trésors de biodiversité, et surtout d'alimenter une vaste nappe phréatique, un équilibre fragilisé par l'urbanisation et le réchauffement climatique.

Entre Arles et Salon-de-Provence, dans ce sud-est de la France qu'ont aimé peindre Vincent Van Gogh et Paul Gauguin, les oliveraies alternent avec de vertes étendues piquetées de fleurs entre mars et la fin de l'été.

"Le foin de Crau, ce sont des prairies naturelles qui ont des dizaines d'années voire plus pour certaines ; il y a une quarantaine d'espèces (de plantes) recensées", explique à l'AFP Didier Tronc, directeur du Comité du foin de Crau.

Ce foin a été le premier aliment pour animal à obtenir une Appellation d'origine protégée (AOP). Il est notamment prisé des éleveurs de chevaux jusqu'au Moyen-Orient.

Outre sa richesse floristique, il "est plus riche en minéraux et en oligo-éléments apportés parce qu'on arrose avec l'eau (d'une rivière), la Durance", poursuit Didier Tronc.

Contrairement à certaines pratiques d'irrigation agricole, dénoncées par des défenseurs de l'environnement pour leur pression sur les nappes phréatiques (méga-bassines etc.), l'arrosage des prairies de foin s'inscrit dans un cercle vertueux.

En effet, "il assure à 70% la recharge de la nappe de la Crau, qui alimente en eau potable 300 000 personnes" en Provence, souligne le Syndicat mixte de gestion de ce "lac" souterrain.

Un apport précieux au moment où 72% des nappes en France sont en-dessous des normales de saison, selon des chiffres officiels dévoilés jeudi.

«Réseau sanguin»

Tout part de la Durance, cette rivière qui naît dans les Alpes et se jette désormais dans le Rhône. Elle avait autrefois son delta dans la plaine de la Crau, avant de changer de cours, laissant une région caillouteuse, une des dernières steppes d'Europe.

Mais à côté de cette Crau sèche, sillonnée par des troupeaux de moutons de l'automne au printemps, s'est développée la Crau "verte" à partir de 1554, grâce à un ingénieux système de canaux conçu par l'ingénieur Adam de Craponne (1525-1576).

Près du Pas de Lamanon, lieu stratégique où arrive toujours un canal principal plus de 400 ans plus tard, Gaétan Guichard, directeur de l'Association des arrosants de la Crau explique: "L'eau se divise en une succession de canaux" du sud du massif montagneux des Alpilles jusqu'à Arles, au sud-ouest, et Salon-de-Provence, au sud-est, "comme un réseau sanguin" d'une longueur de plus de 500 kilomètres.

Des "partiteurs", des ouvrages hydrauliques d'où partent différentes branches, permettent de réguler les débits afin de partager la ressource entre villes et agriculture.

"La vertu de ce système, c'est qu'il fonctionne uniquement par la force de la gravité. Grâce à la pente, l'eau irrigue le territoire sans consommer d'énergie", souligne M. Guichard.

En hiver et automne, rien n'est prélevé dans la Durance, les canaux sont à sec.

«Pas du gaspillage»

Mais au printemps et en été, les agriculteurs ont des "tours d'eau" tous les sept à douze jours, soit le droit de prélever à certaines heures. Grâce à la manipulation manuelle des martellières (vannes), l'eau submerge les prairies.

"Ce n'est pas du gaspillage", souligne François Charron, spécialiste de la gestion de l'eau pour l'Institut Agro, une grande école d'agro-écologie en France, soulignant l'apport à la nappe et à la biodiversité.

"Le foin est une culture qui n'utilise pas de pesticide ni de nitrate, donc on restitue une eau de bonne qualité", explique Didier Tronc.

En luttant contre les remontées salines de cette région méditerranéenne et en alimentant des zones humides, cette eau contribue à la biodiversité en Crau, où l'on trouve la seule population de l'oiseau ganga cata en France, nombre d'outardes canepetières ou le rollier aux plumes bleues.

"La préservation de cette avifaune dépend (...) du maintien de la culture du foin de Crau", note l'Inventaire national du patrimoine naturel en France.

Mais en plus de l'urbanisation qui grignote terres naturelles et agricoles, le réchauffement pèse. En 2022, année de sécheresse historique, les canaux ont fermé plus tôt, avec des pertes de production en foin allant jusqu'à 30%.

Les associations d'arrosants traquent les fuites en entretenant et rénovant les canaux, une tache lourde financièrement.

"On réfléchit aussi sur comment apporter l'eau au juste moment, voir si des martellières automatiques ou des piquets détecteurs peuvent nous aider à une meilleure gestion", explique François Charron, qui dirige une ferme scientifique et pédagogique sous l'égide de l'Institut Agro.

Toutefois "apporter moins d'irrigation aux prairies peut mettre en péril l'équilibre dans la plaine de la Crau", insiste-t-il.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".