WASHINGTON : Les grands électeurs américains se réunissent lundi à travers les Etats-Unis pour entériner la victoire de Joe Biden, une formalité à laquelle Donald Trump a donné un relief particulier en refusant obstinément de reconnaître sa défaite.
L'ancien vice-président de Barack Obama, qui deviendra le 20 janvier le 46e président de l'histoire du pays, a prévu de s'exprimer dans la soirée depuis sa ville de Wilmington, dans le Delaware, pour célébrer «la force et la résilience» de la démocratie américaine.
Les résultats du scrutin du 3 novembre ont déjà été certifiés par chacun des 50 Etats américains: le démocrate a remporté le nombre record de 81,28 millions de voix, soit 51,3% des suffrages, contre 74,22 millions (46,8%) au président républicain sortant.
Mais aux Etats-Unis, le locataire de la Maison Blanche est choisi au suffrage universel indirect, chaque Etat attribuant en général ses grands électeurs, dont le nombre dépend essentiellement de sa population, au candidat arrivé en tête localement.
Là aussi, les résultats certifiés confirment l'avance confortable de Joe Biden, annoncée dès le 7 novembre par les grands médias américains, avec 306 grands électeurs contre 232 à Donald Trump.
C'est ce «collège électoral» qui se réunit lundi pour formaliser ce vote. En réalité, les grands électeurs vont se réunir séparément Etat par Etat, tout au long de la journée.
Le cap des 270 grands électeurs devrait être franchi en fin d'après-midi lorsque sera venu le tour de la Californie.
Les 538 grands électeurs sont des responsables politiques locaux, des figures de la société civile ou des proches d'un candidat.
La plupart sont inconnus du grand public, mais il arrive que des personnalités nationales fassent partie du collège électoral - c'est le cas cette année de la candidate malheureuse de 2016 à la présidentielle, Hillary Clinton, qui votera pour Joe Biden et sa future vice-présidente Kamala Harris dans l'Etat de New York.
Bien qu'il soit arrivé par le passé qu'une toute petite poignée d'entre eux dérogent à la règle qui veut qu'ils donnent leur voix au candidat arrivé en tête dans leur Etat, cela n'a jamais changé l'issue de l'élection.
Lundi, la victoire de Joe Biden sera donc encore plus officielle.
Mais depuis la Maison Blanche, Donald Trump continue de dénoncer sans preuves «l'élection la plus truquée de l'histoire américaine», et de diviser le pays.
- «Reconnaître sa défaite» -
«Comment des Etats et des responsables politiques peuvent-ils confirmer une élection où la fraude et les irrégularités ont été démontrées?», a-t-il tweeté.
Or justement, son camp n'a pas été en mesure d'apporter le moindre élément probant pour étayer ces accusations, et ses recours en justice ont quasiment tous été rejetés.
Humiliation ultime, la Cour suprême, pourtant profondément remaniée par Donald Trump qui a nommé trois juges et conforté ainsi la majorité conservatrice désormais forte de six membres sur neuf, a rejeté la semaine dernière deux recours républicains sans même s'en saisir sur le fond.
Une fois l'étape solennelle de lundi franchie, il est possible qu'un plus grand nombre d'élus républicains acceptent de reconnaître la victoire de Joe Biden.
Mais il est peu probable que Donald Trump rentre, lui, dans le rang, d'autant que selon les sondages, une large majorité de ses électeurs ne considèrent pas le démocrate comme un vainqueur légitime.
«Le combat ne fait que commencer !!!», a tweeté le président sortant ce week-end.
Il pourrait tenter de profiter de la complexité d'un processus institutionnel qui s'étire en longueur pour un dernier baroud d'honneur: certains élus proches de lui envisagent de contester les résultats lorsque le Congrès sera appelé à apporter une dernière validation le 6 janvier.
La démarche n'a cependant pratiquement aucune chance d'aboutir.
Dans un éditorial cinglant, le Wall Street Journal a estimé qu'il était temps que Donald Trump change de posture.
«Il y a un temps pour se battre et il y a un temps pour reconnaître sa défaite. Trump a fait des recours en justice sans fin et a perdu», a-t-il souligné.
«Il ferait mieux désormais de mettre en avant les avancées de sa présidence, qui sont nombreuses, et d'accepter son sort, pas si terrible que cela, en devenant l'un des 45 ex-présidents américains».