PARIS: Gérald Darmanin a annoncé avoir demandé à ses services "d'instruire la dissolution" de Civitas, un parti d'extrême droite qui regroupe des catholiques traditionalistes intégristes, le ministre condamnant "fermement" des propos antisémites formulés lors de l'université d'été de l'organisation.
"L'antisémistisme n'a pas sa place dans notre pays. Je condamne fermement ces propos ignominieux et saisis le procureur de la République", a ajouté le ministre de l'Intérieur dans son passage publié sur X (anciennement Twitter).
Le 30 juillet à Pontmain (Mayenne), lors des universités d'été de Civitas, l'essayiste controversé Pierre Hillard, avait déclaré: "Vous avez eu un événement en septembre 1791, la naturalisation des Juifs". "Avant 1789, un Juif, un musulman, un bouddhiste ne pouvaient pas devenir Français. Pourquoi ? Parce que c’étaient des hérétiques", avait-il poursuivi avant d'ajouter: "La naturalisation de Juifs en 1791 ouvre la porte à l"immigration".
Pierre Hillard avait alors estimé qu'il "faudrait peut-être retrouver la situation d'avant 1789", selon une vidéo de son intervention.
Ces propos ont été vivement condamnés par plusieurs personnalités politiques dont des élus de LFI et de Renaissance, l'Union des étudiants juifs de France et la Licra, notamment.
Dans un message posté sur X avant celui du ministre de l'Intérieur, Jean-Luc Mélenchon avait lancé un appel à M. Darmanin, car "l'antisémitisme doit être puni sans faiblesse".
Mathilde Panot, présidente des députés LFI, a elle annoncé saisir "la procureure de la République".
Après l'annonce de M. Darmanin, fait inhabituel, Jean-Luc Mélenchon a donné un satisfecit au ministre: "Darmanin donne une réponse claire à l'interpellation des insoumis et de la Licra. L'antisémitisme va être puni. Civitas sera dissout et le procureur de la République est saisi des propos de Pierre Hillard", a-t-il écrit sur X, en republiant le message du ministre.
L'UOIF a apporté également "son soutien à la démarche de dissolution initiée" par Gérald Darmanin, dans un post sur X.
L'institut Civitas, proche de l'extrême droite catholique, avait été reconnu en 2016 comme éligible au financement des partis politiques.
Civitas a soutenu la candidature d'Eric Zemmour à l'élection présidentielle de 2022.
Ce mouvement a organisé plusieurs actions controversées récemment.
Plusieurs dizaines de manifestants proches de l'organisation catholique intégriste Civitas avaient empêché la tenue d'un concert le 13 mai à l'église Saint-Cornély de Carnac. Le parquet de Lorient avait ouvert une enquête pour violence volontaire et entrave à la liberté d'expression.
En février, Alain Escada, président de Civitas, avait également appelé les sympathisants du mouvement à se réunir à Saint-Brévin (Loire-Atlantique) pour manifester contre le projet de centre d'accueil de demandeurs d'asile (Cada).