DUBAÏ: Il suffit de jeter un coup d’œil sur la bio de la musicienne saoudienne Jara sur Instagram pour comprendre sa créativité en deux mots: «Une petite métisse qui rappe.»
Mais ne pensez même pas à enfermer la jeune femme dans une simple catégorie. «Je n'aime pas les étiquettes», lâche-t-elle. «Parfois, quand je parle de ma musique, les gens me désignent comme rappeuse. Je réponds toujours: “Non, je ne suis pas une rappeuse. Je rappe, mais je ne suis pas une rappeuse!”»
Bien qu'elle n’ait intégré la sphère musicale que depuis deux ans, la jeune femme de 23 ans s’est rapidement fait un nom. Elle sort son dernier single, 966, dans l’engouement général, le jour de la fête nationale saoudienne, et a récemment été sélectionnée par le géant du streaming Spotify pour son dernier projet. Sawtik, auquel Jara prête son image, est une initiative de la plate-forme pour célébrer et soutenir les femmes artistes sans producteur ou label dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord.
L'artiste n'a que 19 ans lorsqu'elle quitte l'Arabie saoudite pour la Suède afin d’étudier les relations internationales et la psychologie. Sa décision de poursuivre la musique à temps plein est née peu après le déménagement. «J'étais seule la plupart du temps, l'écriture était mon seul exutoire. J'écrivais sans arrêt», raconte la jeune musicienne née à Djeddah, qui prend d'assaut la scène rap saoudienne.
«Déménager en Suède a été le véritable déclencheur de ma passion pour l'écriture», explique-t-elle. «Être exposée à différentes cultures et à un peuple différent m'a vraiment aidée dans mes compositions.»
«Quand je suis arrivée, je ne connaissais pas la langue et je n'avais pas d'amis. Tout ce que j'avais, c'étaient mes notes», poursuit-elle. «Un jour, un instrument jouait en arrière-plan, et j'ai commencé à lire à haute voix ce que j'écrivais. Ça m’a semblé vraiment cool.»
Au cours des quatre ou cinq années qui se sont écoulées depuis l'arrivée de Jara dans le pays nordique, elle s'est déjà imposée dans la jeune génération de la musique rap arabe. Elle rejoint ainsi les rangs des premières rappeuses telles que Felukah, Khtek et N1yah, qui font des remous dans cette industrie dominée par les hommes.
Même si Jara reconnaît que le rap n’est pas un secteur particulièrement accueillant pour celles qui tentent de l’intégrer, elle voit quand même un atout au fait d’être une femme: «Plutôt que d’y voir un obstacle, je dirais qu'être une femme va m'aider à atteindre mes objectifs.»
Il serait d’ailleurs difficile de décrire Jara autrement que comme une femme en pleine ascension. Une étoile est née.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com