BEYROUTH: Comment faire un devoir de mémoire de ce qui hante encore, tous les jours, une capitale à jamais marquée par un jour, une heure, où tout, absolument tout a basculé à tout jamais?
Le 4 août 2020, une journée d’été comme tant d’autres, à 18 h 07, la vie de centaines de Libanais s’est arrêtée à tout jamais, emportée par le souffle d’une des plus grandes explosions non nucléaires de l’Histoire.
La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium, malgré des avertissements répétés aux responsables.
Aujourd’hui, le Liban célèbre le troisième anniversaire de cette date funeste. Une date qui n’en est pas une pour les proches des victimes, pour qui «tous les jours, c’est le 4 août», comme l’affirmait Marianna Foudoulian dans une vidéo du média libanais Daraj. Elle a perdu sa sœur Gaia il y a trois ans dans l’explosion dévastatrice qui a ravagé Beyrouth.
Quarante-huit heures plus tard, le président français, Emmanuel Macron, s’était rendu à Beyrouth pour mesurer l’ampleur de la catastrophe. Trois ans plus tard, il s’exprime sur X en affirmant aux Libanais qu’«ils ne sont pas seuls».
Libanaises et Libanais, je pense à vous.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) August 4, 2023
Après l’explosion à Beyrouth il y a trois ans, j’étais à vos côtés. Je me souviendrai à jamais de nos échanges.
Le Liban n’était pas seul. Il ne l’est toujours pas. Vous pouvez compter sur la France, notre solidarité, notre amitié. pic.twitter.com/Pw9CEZPJSL
Mais cette solitude est désormais ancrée dans l’inconscient collectif des Libanais, en particulier pour les proches des victimes qui souffrent tous les jours de l’absence de reddition des comptes dans un pays abonné à l’impunité. La mère d’Élias, 15 ans, emporté par la déflagration ressentie jusqu’à l’île de Chypre, affirme que ce qui la «maintient debout», c’est le fait de demander justice pour «l’ensemble de la nation, pour la capitale d’un pays».
Les parents de la petite Alexandra, 3 ans, également emportée par une hémorragie cérébrale à la suite de l’explosion, témoignent de leur peine trois ans après avoir perdu leur fille. «Comment s’imaginer en la bordant pour qu’elle s’endorme que c’était le dernier adieu?», se demande sa mère.
Autant de questions qui demeureront sans réponses tant que l’impunité demeurera un style de gouvernance au Liban.
هذه شهادة ميراي اليوم، إحدى المُتضرّرات من #انفجار_مرفأ_بيروت في #4آب. تروي ميراي انطباعاتها بعد 3 سنوات على الانفجار، وبعدما قابلناها مرّةً أولى في العام 2021، ضمن فيديو «مجتمع 4 آب: يا نحنا يا هني».
— Megaphone (@megaphone_news) August 4, 2023
في 4 آب 2020، خسرت ميراي ابنها الياس خوري عن عمر 15 عاماً، وأُصيبَت هي وابنتها… pic.twitter.com/XuUh6wWn3z