ISLAMABAD : Le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif a accusé les "citoyens afghans" d'aider les kamikazes à commettre des attentats-suicides dans son pays, quelques jours après qu'une explosion a tué 54 civils à la frontière entre les deux pays.
"Des éléments hostiles au Pakistan disposent d'une liberté d'action pour planifier et exécuter des attaques aussi lâches contre des civils innocents, depuis les sanctuaires situés de l'autre côté de la frontière", a dénoncé M. Sharif dans un communiqué relayé par ses services mardi soir.
Dimanche 54 personnes sont décédées dans un attentat-suicide perpétré lors d'un rassemblement politique du parti religieux conservateur Jamiat Ulema-e-Islam (JUI-F) dans la ville de Khar, située à 45 kilomètres de la frontière afghane.
Cet attentat a été revendiqué par la section pakistanaise du groupe État islamique (EI), qui entretient une rivalité sanglante avec les talibans.
Depuis que les talibans ont repris le pouvoir en Afghanistan il y a deux ans, le Pakistan a été témoin d'une augmentation spectaculaire des attaques principalement dans les régions frontalières.
"Le Premier ministre a noté avec inquiétude l'implication des citoyens afghans dans les attentats-suicides", a encore indiqué le communiqué du chef du gouvernement pakistanais.
Le gouvernement taliban a de son côté toujours affirmé qu'il ne laisserait pas utiliser son sol par des étrangers pour organiser des attaques.
L'attaque de Khar est un "acte criminel", a déclaré à l'AFP le porte-parole du gouvernement afghan Zabihullah Mujahid. "De tels incidents doivent être empêchés là où ils se produisent et où ils sont coordonnés", a-t-il ajouté.
"L'Émirat islamique d'Afghanistan est très soucieux d'empêcher que son sol soit utilisé contre qui que ce soit et nous ne permettrons à personne de créer un sanctuaire ici", a-t-il insisté.
Le groupe État islamique n'a pas précisé la nationalité de l'auteur de l'attentat de dimanche. La police pakistanaise n'a confirmé aucun détail sur le kamikaze.
Selon un rapport du Conseil de sécurité des Nations unies publié en mai, les talibans afghans ne considèrent pas les talibans pakistanais du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP) comme une menace, mais plutôt "comme une partie de l'émirat" et le groupe y dispose d'une "base opérationnelle sûre".
En janvier, les enquêteurs ont attribué l'explosion d'une mosquée, qui avait tué plus de 80 policiers, à un groupe dissident des talibans pakistanais.
Le Premier ministre pakistanais a exhorté "le gouvernement intérimaire afghan" à prendre "des mesures concrètes pour empêcher que son sol ne soit utilisé pour le terrorisme transnational".