PEMBA: Plus de 140 000 Mozambicains, les plus faibles, les plus vieux, les plus pauvres, vivent encore dans les zones livrées aux attaques de groupes armés djihadistes. Ils auraient urgemment besoin d'aide mais restent hors d'atteinte, s'inquiètent plusieurs ONG.
Ils sont principalement dans les districts côtiers de la province de Cabo Delgado (nord), « où l'insécurité reste forte et qui sont inatteignables pour les humanitaires », explique Sascha Nlabu, responsable des opérations de l'Organisation internationale des migrations (OIM).
« Ceux qui voudraient fuir en sont empêchés principalement par la difficulté pour se déplacer, pour accéder à des transports et financer ces transports », détaille-t-il.
Caritas s'inquiète aussi pour ceux qui restent dans ces zones à risque, car « ce sont les plus vieux, les handicapés, les mal-portants ».
« On a entendu des récits terribles, d'enfants affamés, assoiffés, marchant 70 km », raconte Manuel Nota, directeur de Caritas pour le diocèse de Pemba, qui dénonce l'« opportunisme » de certains transporteurs qui doublent leurs prix, compliquant encore la vie de ceux qui voudraient se sauver.
Pemba, capitale de la province, est passée de 200 000 à 350 000 habitants en raison de la crise, et sept centres d'accueil pour déplacés installés autour de Metuge, à 45 km, se répartissent encore quelque 20 000 familles, selon les autorités locales.
Les ONG s'emploient « à fournir des hébergements, des produits de première nécessité » mais aussi « de la protection, une aide à la santé mentale » ajoutant que « les besoins sont énormes », explique Nlabu.
Cabo Delgado compte 400 000 déplacés, selon l'OIM. Outre la région de Pemba, de nombreuses familles migrent désormais aussi vers le sud de la province, comme dans les provinces voisine de Nampula et Niassa.
Un groupe désigné localement sous le nom d'Al-Shabab (« les jeunes », en arabe) a lancé une sanglante insurrection en 2017 dans la province à majorité musulmane de Cabo Delgado et fait en 2019 allégeance à l'Etat islamique.
Le conflit se déroule dans une région stratégique pour l'exploitation d'immenses réserves de gaz naturel liquéfié, sur lesquelles compte ce pays pauvre d'Afrique australe pour augmenter ses revenus et devenir l'un des principaux exportateurs mondiaux.