Niger: la France suspend ses aides, l'Union africaine fixe un ultimatum aux putschistes

Le général Abdourahmane Tiani, qui a été proclamé nouveau chef de l'État du Niger par les chefs d'un coup d'État, arrive pour rencontrer des ministres à Niamey, au Niger, le 28 juillet 2023. (Reuters)
Le général Abdourahmane Tiani, qui a été proclamé nouveau chef de l'État du Niger par les chefs d'un coup d'État, arrive pour rencontrer des ministres à Niamey, au Niger, le 28 juillet 2023. (Reuters)
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Publié le Dimanche 30 juillet 2023

Niger: la France suspend ses aides, l'Union africaine fixe un ultimatum aux putschistes

  • Paris «demande le retour sans délai à l'ordre constitutionnel nigérien, autour du président Bazoum, élu par les Nigériens», réaffirme le ministère dans un communiqué
  • L'Agence française de développement (AFD) a engagé 97 millions d'euros en 2021 dans ce pays, parmi les plus pauvres du monde, selon les chiffres disponibles sur le site internet de l'AFD

NIAMEY: La pression s'accroît sur les putschistes au Niger qui détiennent le président élu Mohamed Bazoum: après l'UE, la France a décidé samedi de suspendre ses aides et l'Union africaine (UA) leur a fixé un ultimatum de 15 jours pour rétablir l'ordre constitutionnel.

En outre, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), à laquelle appartient le Niger, se réunit dimanche en "sommet spécial" à Abuja pour évaluer la situation, avec de probables sanctions à la clé.

La France qui a demandé "le retour sans délai à l'ordre constitutionnel nigérien, autour du président Bazoum, élu par les Nigériens", a annoncé la suspension de "toutes ses actions d'aide au développement et d'appui budgétaire".

De son côté, l'Union africaine (UA) a fixé un ultimatum de quinze jours aux militaires pour rétablir "l'autorité constitutionnelle", a annoncé son Conseil de paix et de sécurité après une réunion vendredi.

L'Union européenne (UE) avait déclaré auparavant qu'elle "ne reconnaît pas" non plus les "autorités" issues du putsch et annoncé la suspension de "toutes ses actions de coopération dans le domaine sécuritaire".

A quelques jours de la fête de l’indépendance, le 3 août, un calme relatif régnait samedi dans les rues de Niamey après les manifestations pro-putschistes, désormais interdites.

Les habitants ont repris leurs activités mais la présence des Forces de défense et de sécurité (FDS) a été renforcée dans les rues, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le mouvement M62, qui avait déjà protesté contre l'opération Barkhane menée au Sahel et au Sahara par l'armée française contre les groupes armés djihadistes, a lancé un appel à manifester dimanche malgré l'interdiction de rassemblement.

Le M62 entend "mettre en garde la Cédéao et la France contre toute intervention militaire au Niger" et "exiger le départ immédiat des troupes françaises et celui de l'ambassadeur de France".

Environ 1 500 soldats français sont présents au Niger.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a assuré M. Bazoum de "l'indéfectible soutien" de Washington. Et l'ambassade des Etats-Unis à Niamey a fait savoir que "les putschistes mettent en péril notre profond partenariat en matière de développement et de sécurité". Environ 1.100 soldats américains sont présents au Niger.

Bazoum toujours séquestré

Le général Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle du Niger à l'origine de la chute du président élu, s'est présenté vendredi comme le nouvel homme fort du pays, avant que l'entourage politique de M. Bazoum - qui a connu sa quatrième journée de séquestration mais "va très bien", selon un de ses proches -, ne dénonce "un coup d'Etat pour convenance personnelle".

Le général Tiani , est apparu sur les écrans de la TV nationale vendredi pour lire un communiqué en tant que "président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP)", la junte putschiste.

Proclamé ensuite chef de l'Etat par ses pairs, il a justifié le coup d'Etat par "la dégradation de la situation sécuritaire" dans un Niger miné par la violence de groupes djihadistes, mais reconnaît "le soutien appréciable et apprécié de nos partenaires extérieurs", la France et les Etats-Unis faisant partie des principaux.

Il s'est aussi interrogé sur "une approche sécuritaire" qui "exclut toute véritable collaboration avec le Burkina Faso et le Mali", deux pays voisins du Niger, également dirigés par des militaires putschistes et frappés par la violence djihadiste.

Un proche de M. Bazoum a confié à l'AFP que le "remplacement" d'Abdourahamane Tiani et "une refonte en profondeur de la garde présidentielle devaient être décidés dès ce jeudi (27 juillet) en conseil des ministres".

Le général Tiani, haut gradé discret, commande la garde présidentielle depuis sa nomination en 2011 par Issoufou Mahamadou, prédécesseur de Mohamed Bazoum.

Après le Mali et le Burkina Faso - qui se sont notamment tournés vers la Russie après avoir exigé le départ des soldats français de leur sol - le Niger, jusqu'alors allié des pays occidentaux, devient le troisième pays du Sahel, miné par les attaques de groupes liés à l'Etat islamique et à Al-Qaïda, à connaître un coup d'Etat depuis 2020.

Couvre-feu

La junte, qui rassemble tous les corps de l'armée, de la gendarmerie et de la police, a suspendu les institutions, fermé les frontières terrestres et aériennes, et instauré un couvre-feu en vigueur de minuit à 05h00 du matin.

Le putsch a été vivement condamné par les partenaires occidentaux du Niger, plusieurs pays africains et l'ONU, qui ont demandé la libération de M. Bazoum.

Le ministre de l'Energie du président déchu, Ibrahim Yacouba, invite la Cédéao et l'UA à lutter pour "la libération sans délai" de Bazoum et la reprise de ses fonctions.

La Maison de la presse - l'association de médias nigériens - "s'inquiète surtout des velléités d'atteintes à la liberté de la presse et à la sécurité des journalistes".

Riche en uranium, le Niger a une histoire jalonnée de coups d'Etat depuis l'indépendance de cette ex-colonie française en 1960.


La manifestation de soutien à Le Pen "n'est pas un coup de force", dit Bardella

La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
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  • « Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française.
  • « Cela nous semblait nécessaire que nous puissions nous exprimer directement aux Français.

STRASBOURG : La manifestation de soutien à Marine Le Pen prévue dimanche à Paris « n'est pas un coup de force », mais une mobilisation « pour la démocratie », a assuré mercredi Jordan Bardella, président du Rassemblement national, à des journalistes au Parlement européen à Strasbourg.

« Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française. C'est une mobilisation en réalité, non pas contre, mais pour la démocratie française », a déclaré l'eurodéputé au sujet de ce rassemblement annoncé par le RN après la condamnation de la triple candidate à la présidentielle à une peine d'inéligibilité immédiate.

« Cela nous semblait nécessaire (...) que nous puissions nous exprimer directement aux Français par l'intermédiaire de ces discours qui seront prononcés dimanche avec l'ensemble de nos cadres, de nos parlementaires et de nos militants », a-t-il ajouté.

Cette condamnation, que le RN qualifie de « scandale démocratique », compromet grandement ses chances de concourir une quatrième fois à la fonction suprême en 2027.

Pour Jordan Bardella, cela ne change « absolument rien » à sa relation avec Marine Le Pen, « si ce n'est qu'elle est peut-être encore plus forte qu'elle ne l'a été par le passé ».

« Je suis à ses côtés, je vais continuer à l'être (...) Nous allons évidemment mener le combat », a assuré l'eurodéputé qui faisait son retour au Parlement européen après avoir manqué les deux premiers jours de la session.

Il a qualifié de « bonne nouvelle » l'annonce de la justice qu'une décision en appel devrait être rendue « à l'été 2026 », donc bien avant la présidentielle.


Condamnation de Marine Le Pen: Macron rappelle au gouvernement l'indépendance de la justice

Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés
  • Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours ».

PARIS : Mercredi en Conseil des ministres, le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés, après la condamnation de la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen qui a suscité des attaques contre les juges, ont rapporté des participants.

Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours », selon ces sources. La justice a déjà fait savoir qu'un nouveau procès en appel pourrait se tenir dans des délais qui laissent une porte ouverte à une éventuelle candidature présidentielle en 2027 de la leader du Rassemblement national (RN), principale formation d'extrême droite française. 

Devant la presse, à l'issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a rapporté mercredi les propos du chef de l'État.

« La première chose qu'il a rappelée, a poursuivi Mme Primas, est que la justice est évidemment indépendante et prend ses décisions en toute indépendance, et qu'il faut donc la respecter comme l'un des piliers de notre démocratie. La première, a-t-elle dit, est que la justice est indépendante et qu'elle prend ses décisions en toute indépendance et qu'il faut donc la respecter comme un pilier de notre démocratie.

« La troisième chose, pour rappeler que les menaces qui sont faites à l'encontre des magistrats sont absolument insupportables et intolérables, puisque nous sommes encore une fois dans une démocratie. Et la justice est tout à fait indépendante et doit être respectée », a-t-elle ajouté.

« Et la troisième chose, pour rappeler que chacun a le droit à une justice équivalente et que le droit est le même pour tous. »


Bac: l'épreuve de maths en première se précise pour l'an prochain

La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
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  • Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté
  • L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première,

PARIS : Le projet d'épreuve de mathématiques en classe de première pour l'an prochain, qui vise à mettre en œuvre le « choc des savoirs » annoncé par l'ex-ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal, a été présenté mardi devant une instance consultative de l'Éducation nationale, étape-clé avant sa publication.

Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté instaurant cette « épreuve terminale de culture mathématique aux baccalauréats général et technologique ».

Ils ont recueilli 0 voix pour, 27 contre, 31 abstentions et 4 refus de prendre part au vote (l'administration ne votant pas dans cette instance), un vote indicatif qui n'empêche pas la mise en œuvre de la réforme, selon des sources syndicales.

Cette épreuve écrite d'une durée de deux heures, qui entrera en vigueur au printemps 2026, sera « affectée d'un coefficient 2 » (points pris sur l’épreuve du Grand oral en terminale), selon ces textes, consultés par l'AFP.

L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première, un projet confirmé en novembre 2024 par sa successeure, Anne Genetet.

Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées), qualifie auprès de l'AFP la mesure de « rafistolage supplémentaire du bac Blanquer », décidé en 2019 par l'ex-ministre Jean-Michel Blanquer.

Pour Jérôme Fournier, secrétaire national du SE Unsa, la nouvelle épreuve « alourdit la fin de l'année pour les élèves et les correcteurs ».

La première partie, qui est commune à tous les élèves, sera sous forme de QCM et pourrait être corrigée automatiquement, ce à quoi « de nombreuses organisations syndicales sont opposées », a-t-il ajouté, tandis que la deuxième partie devrait consister en des résolutions de problèmes.

Des projets de textes ont par ailleurs été votés au CSE relatif à « la mise en place du +parcours renforcé+ en classe de seconde générale et technologique » ou professionnelle à partir de la rentrée 2026, avec trois votes pour, 45 contre et 13 abstentions.

Mis en place par la ministre Élisabeth Borne, ce parcours est destiné aux élèves n’ayant pas obtenu le diplôme du brevet. Son organisation relèvera « de l’autonomie de l’établissement sur la base indicative de deux heures hebdomadaires sur tout ou partie de l’année », selon le projet d'arrêté.

Sophie Vénétitay déplore « une coquille vide » tandis que Tristan Brams (CFDT Éducation) regrette l'absence de « moyens supplémentaires ».