La City nerveuse face à l'hypothèse d'un Brexit "no deal"

Le Premier ministre britannique Boris Johnson prononce son discours principal devant les délégués le dernier jour de la conférence annuelle du Parti conservateur au palais des congrès de Manchester Central. (Ben STANSALL / AFP)
Le Premier ministre britannique Boris Johnson prononce son discours principal devant les délégués le dernier jour de la conférence annuelle du Parti conservateur au palais des congrès de Manchester Central. (Ben STANSALL / AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 13 décembre 2020

La City nerveuse face à l'hypothèse d'un Brexit "no deal"

  • Le secteur financier britannique voit avec nervosité l'hypothèse d'un Brexit sans accord gagner du terrain, avec le risque de perdre des clients et de l'influence dans des domaines clé comme les dérivés
  • La Banque d'Angleterre estime que la plupart des risques ont été contenus en vue de la fin de la période de transition post-Brexit

LONDRES : Le secteur financier britannique voit avec nervosité l'hypothèse d'un Brexit sans accord gagner du terrain, avec le risque de perdre des clients et de l'influence dans des domaines clé comme les dérivés, sans parler de possibles turbulences sur les marchés.

La Banque d'Angleterre estime que la plupart des risques ont été contenus en vue de la fin de la période de transition post-Brexit, à l'issue de plus de quatre ans de préparatifs.

Mais selon elle, un "no deal" pourrait provoquer "volatilité des marchés et perturbations des services financiers", particulièrement pour les clients "basés dans l'UE".

En cas de "no deal", la banque Morgan Stanley prévoit ainsi un plongeon de l'indice boursier FTSE-250 de 6 à 10%, et de 10 à 20% pour les actions bancaires, déjà laminées par la pandémie de Covid-19. 

A partir du 1er janvier, le secteur financier britannique et la City de Londres va perdre son "passeport" européen, dispositif permettant de vendre − depuis le Royaume-Uni − produits et services financiers dans l'UE.

La City s'inquiète à présent de la négociation d'un régime d'équivalences, qui prévoit une compatibilité des règles afin de maintenir des échanges fluides sur certains services: des sésames d'une portée beaucoup plus restreinte (il y en a plusieurs dizaines régissant divers domaines des services financiers) et facilement révocables.

Arrêter les frais 

Par exemple, si l'Union européenne a déjà donné son feu vert à la compensation des produits dérivés, elle n'a pas accordé encore celle relative aux échanges de ces produits qui représentent des centaines de milliards de livres de transactions quotidiennes. 

Les banques et institutions financières ont pris des mesures techniques pour assurer une fluidité des transactions, en cas d'échec des négociations bilatérales, et les gouvernements des deux côtés de la Manche ont légiféré pour assurer une continuité des contrats d'assurance ou de gestion d'actifs.

"Si le Royaume-Uni et l'Union européenne ont une relation plus acrimonieuse, cela pourrait prendre encore plus longtemps pour des équivalences", relève Sarah Hall, du centre de réflexion The UK in a Changing Europe.

Une grande partie des institutions financières britanniques ont déjà installé ou étoffé leurs équipes et bureaux dans l'Union européenne de Paris à Francfort en passant par Amsterdam pour pouvoir y transférer une partie de leurs activités: 7.500 personnes selon le cabinet EY, une fraction des plus de 500.000 personnes qui travaillent dans la City.

D'après EY, les entreprises financières ont aussi déjà transféré plus de 1.200 milliards de livres d'actifs vers l'UE depuis le vote du Brexit. 

En cas de divorce non coopératif avec Londres, la Commission européenne pourrait compliquer la tâche de ces filiales britanniques en leur demandant plus de capitaux propres ou de personnel avant de leur accorder une licence d'activité.

Les transferts de données personnelles pourraient aussi se voir compliqués car la Commission européenne n'a pas encore validé les normes de protections de données britanniques.

Les banques et sociétés d'investissement pourraient alors choisir d'obtempérer - ce qui serait compliqué par le Covid-19 et les freins aux déplacements des personnes - ou de renoncer à certains clients ou activités devenues potentiellement trop coûteuses et risquées, remarque Simon Gleeson, du cabinet d'avocats Clifford Chance. 

D'autant que, éprouvées par la pandémie et un environnement difficile de taux d'intérêt bas ou négatifs, elles n'ont pas beaucoup de "surplus de capital disponible", fait-il remarquer.

Certaines ont déjà pris les devants en fermant les comptes de certains clients britanniques installés dans l'UE, ce qui touche pour l'instant quelques dizaines de milliers de personnes mais pourrait s'accélérer.

Le marché des dérivés pourrait être particulièrement touché. La Banque d'Angleterre soulignait vendredi que "certaines sociétés européennes, au vu de la directive de Bruxelles sur les dérivés obligataires, pourraient ne plus être en mesure de procéder à des échanges de ces produits sur les sites britanniques, et inversement".

Ce qui risque de se traduire d'après la Banque d'Angleterre par un exode des activités de courtage de dérivés vers "d'autres juridictions"... et notamment Wall Street.

Et ce, alors même que la législation européenne sur les services financiers est largement d'inspiration britannique et que les régulateurs britanniques répètent à l'envi qu'ils veulent maintenir un niveau "robuste" de normes financières et non se lancer dans un "dumping" réglementaire, hypothèse redoutée en Europe.

En revanche, assure M. Gleeson, "la principale inquiétude des deux côtés est de voir un affaiblissement de la supervision financière" qui va se retrouver plus fragmentée et moins en mesure de lutter contre les fraudes ou comportements de marché dangereux.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Short Url
  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Short Url
  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Short Url
  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.