DECIZE: Verdure, calme et maison bon marché : méconnue et en plein déclin démographique, la Nièvre offre des vacances à qui veut bien l'"essayer", pour attirer de nouveaux habitants.
"Sans ça, on ne serait jamais venu", reconnaît Isabelle Longcourty, descendue de Tourcoing, dans le nord de la France, avec son mari Luc.
Comme eux, plus de 360 personnes ont participé depuis 2020 au programme "Essayez la Nièvre". Une semaine par an, les familles sont logées gratuitement et conseillées sur leur projet d'exode vers la campagne.
"La ville, j'en ai les ...", dit Isabelle en se prenant les amygdales.
"On ne connaissait pas la Nièvre mais on s'est dit: 'si ça ne marche pas, c'aura été une semaine de vacances", raconte-t-elle.
Luc, 53 ans et employé dans un supermarché, aimerait reprendre un café-épicerie; Isabelle, 49 ans, poursuivre son métier d'assistante maternelle.
"Ah oui, on en a besoin!", a sauté de joie une agente départementale quand la Nordiste lui a dit sa profession, en tension dans le département.
Logé près de l'étang de Baye, entre eau et forêt, le couple a été conquis. "C'est top. On se promène et on ne pense à rien", explique Luc, tout autant enthousiasmé par l'immobilier "beaucoup moins cher".
Les Longcourty repartent donc avec l'envie de concrétiser leur projet, d'autant qu'ils reçoivent un appui dans cette démarche.
Pendant la semaine nivernaise, les candidats sont en effet conseillés pour trouver un métier, un logement, une école ou monter un dossier de reprise de commerce.
"On les accompagne dans leur business plan puis le plan de financement", explique Laurent Mary, de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI).
"La candidature la plus sérieuse, c'est eux qui me l'ont apportée", se félicite Dominique Rocq, qui vend son hôtel-restaurant dans le gros bourg de Decize.
Les heureux élus sont Jean-Pierre Mocquet et Anthony Dumetz, d'Abbeville (Somme), qui "ont sauté sur l'occasion" quand ils ont découvert "Essayez la Nièvre". Durant leur semaine, ils ont visité l'hôtel et découvert les environs. "On est sous le charme. Si on pouvait, on s'installerait demain", lance Jean-Pierre.
Des candidats comme eux, la Nièvre en a "bien besoin", rappelle Laurent Mary. "On est un département qui vieillit. On a beaucoup d'affaires à céder".
« Tellement moins cher »
Le département devrait perdre un tiers de sa population (205.800 en 2018) d'ici à cinquante ans, selon l'Insee, et un Nivernais sur trois aura plus de 65 ans en 2040.
Ce déclin, ce n'est pas "Essayez la Nièvre" qui l'enrayera : seule une quinzaine de familles ayant participé au programme se sont effectivement installées.
"Mais on amorce une pompe", estime Martine Garcin, en charge du programme. Car, même s'ils ne trouvent pas campagne à leurs pieds, les visiteurs sont 80% à se dire "très agréablement surpris", selon une enquête de 2022, se faisant ainsi des ambassadeurs de la Nièvre.
"On ne choisit pas forcément notre département, donc il faut ce coup de pouce", résume Mme Garcin.
"Oui, la gratuité, c'est ce qui nous permettait de faire le séjour", se souvient Audrey Puche. Elle et son mari, Alan, vivaient avec leurs trois enfants près de Maubeuge (Nord). "On en avait marre des vols, du bruit. On voulait du calme", se souvient-elle.
Elle découvre le programme à la télé et se lance, en 2021. "On ne connaissait pas la Nièvre mais c'était vraiment la campagne, ce qu'on voulait".
En quatre mois, Alan trouve un travail et Audrey de quoi réaliser son rêve de monter un gîte : une propriété de 5.000 m2 surplombant la vallée.
"L'immobilier ici, c'est tellement moins cher! On a une maison principale, une autre pour les grands enfants et un gîte...", énumère Audrey. "Plus une piscine!", lance Esteban, 17 ans.
"C'est que du positif", résume Audrey, rayonnante. A tel point que ses parents, qui lui disaient : "la Nièvre, y'a rien", lui demandent maintenant : "tu nous trouverais pas une maison?".