«Lent désastre»: un village indonésien s'enfonce dans la mer

Cette photo prix le 20 juin 2023 montre une vue aérienne des maisons des villageois avec la zone environnante submergée par l'eau de mer dans le village de Timbulsloko à Demak (AFP).
Cette photo prix le 20 juin 2023 montre une vue aérienne des maisons des villageois avec la zone environnante submergée par l'eau de mer dans le village de Timbulsloko à Demak (AFP).
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Publié le Lundi 24 juillet 2023

«Lent désastre»: un village indonésien s'enfonce dans la mer

  • Plus de 200 personnes vivent encore dans cette région côtière de l'île de Java, même si leur vie a été radicalement bouleversée par la montée du niveau de la mer
  • L'abattage des mangroves afin de créer des étangs de pêche dans les années 1990 a en outre rendu le littoral extrêmement vulnérable aux inondations

TIMBULSLOKO: En Indonésie, des rizières luxuriantes de la région de Timbulsloko ne reste qu'un réseau de promenades en pierre à la surface des eaux qui les ont englouties, illustrant le désastre que le changement climatique pourrait provoquer pour les communautés côtières partout dans le monde.

Plus de 200 personnes vivent encore dans cette région côtière de l'île de Java, même si leur vie a été radicalement bouleversée par la montée du niveau de la mer, l'érosion côtière et l'extraction excessive d'eau souterraine, responsable de l'affaissement de la terre.

L'abattage des mangroves afin de créer des étangs de pêche dans les années 1990 a en outre rendu le littoral extrêmement vulnérable aux inondations.

Sulkan, un enseignant indonésien, contemple ses photos d'une époque révolue. Il se souvient d'une fanfare et d'une ribambelle d'écoliers souriants se tenant sur une route aujourd'hui disparue sous les eaux glauques.

"Ce ne sont plus que des souvenirs", soupire l'homme de 49 ans, qui, comme beaucoup d'Indonésiens, ne porte qu'un seul nom.

Les eaux ont pénétré sur cinq kilomètres l'intérieur des terres autour de Timbulsloko et dans la région environnante de Demak, affirme Denny Nugroho Sugianto, professeur à l'université de Diponegoro.

Selon des études scientifiques, la région autour de Timbulsloko s'enfonce de 20 centimètres par an, dit-il, soit le double du taux enregistré en 2010.

"Il s'agit du taux d'affaissement de terrain le plus important jamais enregistré dans la région", souligne le chercheur, évoquant un "lent désastre".

Les villageois de la côte javanaise sont les premières victimes de l'urgence climatique, selon les chercheurs estimant qu'une grande partie de la mégapole Jakarta risque d'être à son tour submergée d'ici 2050.

«Pas d'avenir»

A Timbulsloko, les habitants ont surélevé le plancher en bois de leurs maisons avec de la terre pour se tenir au sec, à mesure que les inondations s'aggravent.

Sulkan a été contraint de transférer son jardin d'enfants sur un terrain plus élevé.

Sularso, 54 ans, raconte avoir rehaussé son plancher trois fois depuis 2018, soit de 1,5 mètre en tout, pour un budget d'environ 22 millions de roupies (1.451 dollars).

La hauteur sous plafond a tellement diminué qu'il faut s'y tenir courbé pour ne pas se cogner la tête.

"Pour moi, il n'y a pas d'avenir", regrette ce pêcheur à l'AFP. "Ce village (...) aura disparu dans moins de cinq ans. Nous ne pouvons pas construire, nous ne pouvons rien faire".

Son plancher est submergé lors des grandes marées. Il dit craindre qu'une vague plus violente que les autres ne finisse par détruire sa maison.

Khoiriyah, 42 ans, femme au foyer, a du mal à faire ses courses ou à emmener ses trois enfants à l'école à cause des routes inondées.

«Pouvoir déménager»

"La vie est plus difficile maintenant. Chaque fois que l'eau pénètre dans ma maison, j'aimerais pouvoir déménager", dit-elle.

Le problème est encore appelé à s'aggraver avec le changement climatique.

Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) des Nations unies estime qu'une augmentation de 2°C par rapport à l'ère préindustrielle pourrait faire monter le niveau des océans de 43 centimètres d'ici le siècle prochain.

Le cimetière du village a lui aussi été surélevé pour éviter qu'il ne soit englouti. Les villageois ont installé une digue de fortune avec des pneus.

Les habitants ont financé une promenade en pierre pour relier leurs maisons entre elles et leur permettre d'accéder aux tombes de leurs proches.

"La vie ici est monotone. Les jeunes sortent souvent car ils détestent rester dans leur maison", souvent inondée, explique Choirul Tamimi, 24 ans.

Avant l'arrivée des bateaux dans le village, dit-il, il traversait les rues inondées pour se rendre à son travail, avec des vêtements de rechange.

Le professeur Sugianto a fait appel au gouvernement pour que les habitants aient accès à l'eau courante afin de réduire le recours aux eaux souterraines et d'envisager le remblayage du sable pour combler l'érosion.

"Si nous ne restaurons pas le littoral d'origine, nous ne pourrons pas résoudre ce problème de manière durable", dit-il.

A Timbulsoko, Sulkan refuse de capituler face aux éléments. Il assure qu'il restera là, pour instruire une nouvelle génération d'enfants, comme ceux qui se trouvaient autrefois sur la route aujourd'hui engloutie.

"Tant qu'il y aura des habitants, qu'il y aura des maisons, je resterai ici".


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
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  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.