LONDRES: Le gouvernement conservateur britannique de Rishi Sunak affronte jeudi trois élections partielles, qui s'annoncent très difficiles après un an de crise sociale qui ne faiblit pas, et à haute valeur de test en vue des législatives de l'année prochaine.
Si ce type de scrutin mobilise généralement peu les électeurs, les résultats donneront le ton de l'année électorale qui s'annonce, aussi bien pour la majorité que pour les travaillistes, en pole position pour entrer à Downing Street en 2024.
Trois sièges de députés, dans des bastions conservateurs, sont renouvelés. Vu les sondages calamiteux pour les "Tories" après 13 ans de pouvoir, tous sont susceptibles de basculer dans l'opposition.
C'est le cas de la circonscription londonienne de l'ex-Premier ministre Boris Johnson qui a démissionné avec fracas du Parlement en raison des suites du "partygate", le scandale des fêtes à Downing Street.
A Uxbridge et South Ruislip, dans l'ouest de la capitale, les travaillistes semblent bien placés pour l'emporter, même s'ils sont pénalisés par l'impopulaire extension prochaine de la taxe sur les véhicules polluants, décidée par la mairie Labour.
"C'est une occasion de s'exprimer sur les problèmes locaux", abonde Deborah Willott, électrice de 65 ans rencontrée par l'AFP devant un bureau de vote dans une église.
Elle cite la taxe automobile mais aussi la fermeture d'un poste de police ou le projet de nouvelle piste à l'aéroport voisin d'Heathrow: "Ces dernières années, avec un député qui est devenu Premier ministre, beaucoup se sont sentis un peu négligés ici".
Le Labour, de centre-gauche, espère également gagner à Selby et Ainsty, circonscription dans le Yorkshire (nord de l'Angleterre), dont le député Nigel Adams a claqué la porte dans la foulée de Boris Johnson, dont il est un allié.
Dans le sud-ouest de l'Angleterre, à Somerton et Frome, ce sont en revanche les centristes du Parti libéral-démocrate qui semblent les mieux placés pour remplacer David Warburton, victime de sa consommation de cocaïne.
Popularité au plus bas
Les électeurs pourront voter jusqu'à 22H00 locales (21H00 GMT) et les résultats sont attendus au petit matin vendredi.
Devant des députés conservateurs mercredi soir, Rishi Sunak a reconnu que ces élections partielles allaient être une "rude bataille" et a appelé ses troupes à l'unité, a rapporté l'un des élus présents à la réunion, Jonathan Gullis.
Trois défaites constitueraient un camouflet pour le Premier ministre de 43 ans, entré à Downing Street en octobre dernier après les départs forcés de Boris Johnson, emporté par les scandales, et de l'éphémère Liz Truss, délogée en moins de deux mois.
L'ex-banquier d'affaires a semblé apporter au départ un semblant de stabilité et de professionnalisme mais sa cote de confiance est tombée cette semaine au plus bas, avec 65% des Britanniques qui ont une opinion défavorable selon l'institut YouGov.
Grèves et remaniement
Une année de surinflation a plombé le pouvoir d'achat et la hausse des taux étrangle les ménages remboursant des prêts immobiliers. Les élections de jeudi coïncident avec des grèves des cheminots et des médecins dans les hôpitaux.
Mince consolation: l'inflation a ralenti plus que prévu le mois dernier, à 7,9% sur un an. Mais elle reste la plus élevée des pays riches du G7.
Renforçant l'idée d'une défaite annoncée aux législatives l'année prochaine, le populaire ministre de la Défense Ben Wallace a annoncé la semaine dernière qu'il rejoignait la cinquantaine de députés qui ne veulent pas se représenter.
Il compte aussi quitter le gouvernement au prochain remaniement, attendu en septembre. A moins que Rishi Sunak renouvelle son équipe dès cette semaine pour reprendre l'initiative.
"Si quelqu'un au Royaume-Uni écoute, surtout le Premier ministre, je veux rester!" a ironisé le chef de la diplomatie James Cleverly lors d'une conférence. "C'est un job que j'adore!"
En face, le Labour, largement en tête des sondages, se prépare au pouvoir, sous la houlette de Keir Starmer qui a recentré sa formation après la période du très à gauche Jeremy Corbyn.
Devenu un chantre de la responsabilité budgétaire, il s'est cependant attiré les foudres d'une partie de ses troupes cette semaine en s'opposant à de meilleures aides sociales aux familles nombreuses. Vu comme étant peu charismatique, il est jugé défavorablement par la majorité des Britanniques.