Divisé sur l'Ukraine, le G20 ne trouve pas d'accord commun

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a averti sur le danger lié au surendettement des pays à faibles revenus (Photo, AFP).
La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a averti sur le danger lié au surendettement des pays à faibles revenus (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 19 juillet 2023

Divisé sur l'Ukraine, le G20 ne trouve pas d'accord commun

  • Toute discussion sur l'Ukraine reste délicate pour l'Inde, qui n'a pas condamné l'invasion russe
  • Plusieurs économies restent en difficulté après le double choc de la pandémie de coronavirus et des conséquences de l'invasion russe en Ukraine

GANDHINAGAR: Les grands argentiers du G20, réunis en Inde, se sont quittés mardi sans parvenir à une déclaration commune, en raison notamment de divergences sur le conflit en Ukraine, tandis que plusieurs membres de ce forum économique ont condamné la décision russe de mettre fin à l'accord sur les céréales.

Les dirigeants financiers du G20 - ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales - ont échoué à se mettre d'accord sur une déclaration commune "parce qu'(ils n'ont) toujours pas de langage commun sur la guerre entre la Russie et l'Ukraine", mais des progrès ont été réalisés sur des questions clés, a expliqué à la presse la ministre indienne des Finances, Nirmala Sitharaman, qui a présidé la réunion à Gandhinagar, dans l'Etat indien du Gujarat (ouest).

Plusieurs économies restent en difficulté après le double choc de la pandémie de coronavirus et des conséquences de l'invasion russe en Ukraine qui affecte les prix des carburants et des matières premières. Le changement climatique aggrave de surcroît la situation des pays les plus pauvres et les moins à même de surmonter la situation.

Les discussions du G20 s'achèvent au lendemain du refus de Moscou d'étendre l'accord autorisant les exportations de céréales ukrainiennes par la mer Noire. Une décision condamnée par "plusieurs membres" du G20, a assuré Mme Sitharaman.

Le ministre sud-africain des Finances, Enoch Godongwana, s'est inquiété d'un probable impact sur les prix des denrées alimentaires, ce qui affecterait "plus lourdement" les pays les plus pauvres.

Les Nations unies, indignées par la position russe, ont prévenu que ce sont des millions de personnes parmi les plus pauvres du monde qui "vont (en) payer le prix".

Toute discussion sur l'Ukraine reste délicate pour l'Inde, qui n'a pas condamné l'invasion russe, mais qui est également membre de l'alliance informelle Quad, avec l'Australie, les États-Unis et le Japon.

Le président de la Banque mondiale (BM), Ajay Banga, s'est alarmé mardi d'une dangereuse division de l'économie mondiale, en l'absence de progrès dans la lutte contre la pauvreté.

"Ce qui me tient éveillé la nuit, c'est la méfiance qui, en silence, divise le Nord et le Sud de la planète à un moment où nous avons besoin de nous unir", a déclaré M. Banga aux ministres pendant leurs discussions sur les structures financières internationales.

"La frustration des pays du Sud est compréhensible. A bien des égards, ils paient le prix de notre prospérité", a-t-il ajouté.

Règne de la pauvreté

"Alors qu'ils devraient être en pleine ascension, ils craignent que les ressources promises soient détournées au profit de la reconstruction de l'Ukraine", a poursuivi M. Banga.

Ces pays "ont le sentiment que les règles en matière d'énergie ne sont pas appliquées de manière uniforme, ce qui limite les ambitions, et ils craignent que le règne de la pauvreté ne brise une nouvelle génération", a-t-il alerté.

La BM s'efforce d'accroître sa capacité de prêt, notamment en levant des capitaux hybrides auprès des actionnaires, mais elle a déclaré que l'économie future ne pouvait pas reposer sur une expansion au détriment de l'environnement.

"La vérité est simple: nous ne pouvons pas endurer une autre période de croissance à forte intensité d'émissions" de CO2, a martelé M. Banga. Américain d'origine indienne, il a pris ses fonctions à la tête de la BM le mois dernier, nommé par le président américain Joe Biden.

Selon les Etats-Unis, les efforts déployés pour réformer les bailleurs de fonds multilatéraux, tels que la BM et les institutions régionales, pourraient débloquer 200 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie.

Les accords de restructuration de la dette pour les pays à faible revenu ont été l'une des priorités du groupe des vingt grandes économies, mais les discussions ont peu progressé, selon des responsables.

La Chine, deuxième économie mondiale, principal bailleur de fonds de plusieurs pays d'Asie et d'Afrique en difficulté et à faibles revenus, s'est jusqu'à présent opposée à un accord multilatéral commun sur la question.

"Nous avons pu faire avancer la question du surendettement, en particulier dans les pays du Sud, et de proposer une solution rapide et efficace", a indiqué Nirmala Sitharaman.

Plus de la moitié des pays à faible revenu sont en surendettement ou pas loin de l'être, soit deux fois plus qu'en 2015, selon la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen.

Les discussions du G20 ont également porté sur la réforme des banques multilatérales de développement, sur la réglementation des cryptomonnaies et la facilitation de l'accès au financement pour atténuer l'impact du changement climatique et s'y adapter.


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.