RAWALPINDI : La police au Pakistan a mis en place une nouvelle hotline gérée par des femmes qui vise à encourager les Pakistanaises à signaler des cas d’abus.
Les officiers de la ville de Rawalpindi espèrent que ce service lancé récemment aidera à faciliter ce processus et à encourager plus de femmes à porter plainte.
La police de Rawalpindi a enregistré plus de 320 plaintes pour abus déposées par des femmes depuis le début de l’année, mais les activistes affirment que ce chiffre n’est qu’une fraction du véritable nombre de cas dans cette ville, qui compte plus de 2,2 million d’habitants.
« Nous avons maintes fois rencontré des situations dans lesquelles des femmes ont souffert et elles ne voulaient pas le signaler parce qu’elles devaient se rendre à un poste de police », a déclaré à Arab News l’inspecteur en chef de la police de Rawalpindi, le général Ahsan Younas.
Selon lui, une « partialité institutionnelle » dans les cas de harcèlement avait découragé les femmes de porter plainte, surtout aux policiers de sexe masculin, mais la nouvelle hotline éliminerait la nécessité de se rendre à un poste de police pour cela et protègerait également les identités des victimes.
Cette initiative est l’idée de la surintendante adjointe de la police, Amna Baig, qui a remarqué une forte augmentation des plaintes pour abus lorsqu’elle a été affectée au district de Waris Shah.
« La raison pour laquelle les plaintes pour harcèlement se sont multipliées est que c’était moi qui m’occupait de la plainte plutôt qu’un homme », a-t-elle indiqué.
« Les femmes disaient qu’elles voulaient porter plainte depuis longtemps mais ne se sentaient à l’aise qu’avec une autre femme ».
Maintenant stationnée à Rawalpindi, Mme Baig a décidé de mettre en place la hotline qui a déjà permis d’arrêter un suspect.
La personne qui appelle est dirigée vers une sous-inspectrice qui écoute la plainte, propose l’aide d'une équipe de policières et lance une procédure pénale.
« Elles répondent rapidement, et en cinq minutes seulement, la sous-inspectrice prend note de toutes les informations, adresses et numéros, et à partir de là, nous faisons tout notre possible pour nous assurer que le temps de réponse ne dépasse pas une demi-heure.
« Nous voulons que les femmes de notre ville sachent que du moment où elles appellent jusqu’au moment où nous pouvons classer l’affaire, nous sommes avec elles », a lancé Mme Baig.
Maria Tahir, avocate qui a travaillé sur des cas de harcèlement, a souligné que la hotline encouragerait probablement plus de femmes à signaler des abus car elles auraient un « environnement sûr auquel elles peuvent recourir ». Cependant, elle a ajouté qu’il était nécessaire de changer une « culture » qui refuse d’accepter que le harcèlement est un problème grave.
« Nous recevons quelquefois des plaintes, mais elles ne sont pas poursuivies jusqu’au bout, ou la victime est malheureusement contrainte à faire des compromis », a mentionné M. Younas.
« Nous poursuivrons désormais toutes les plaintes jusqu’au bout afin de montrer qu’en cas de violation, les agresseurs doivent être prêts à subir les conséquences ».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com